Ce document est une étude très précise de la topographie dans Alien le huitième passager, de Ridley Scott 1970.
Au fur et à mesure, ce dossier explique en quoi les décors et les lumières utilisés par le réalisateur poussent doucement le spectateur, dans un huis clos claustrophobe et effrayant. Tous les décors sont étudiés du vaisseau spatial au plus petit recoin, en évoquant bien évidement la symbolique qui y circule.
[...] Que ce soit à l'intérieur du vaisseau ou à l'extérieur les figures géométriques sont omniprésentes. Le cercle, l'hexagone font parti des figures les plus représentées avec celle des portes dont la forme reste quelconque mais intrigante. Après cette jolie scène de réveil, nous continuons l'exploration du navire à travers une salle, ronde. Elle est encombrée de pendules enfantins au centre de la table (deux sortes d'oiseaux à plume bleue). La couleur utilisée est toujours un blanc pure, tout est blanc d'ailleurs ; les murs, les vêtements des personnages, la table, les chaises. [...]
[...] On remarque une chose importante dans cette séquence : ce personnage, Kane. C'est ce même personnage qui va par la suite va ramener l'alien à l'intérieur du Nostromo. C'est lui le père de la créature prédatrice, il va littéralement la chercher, la réveiller, l'enfanter Si Ridley Scott décide de mettre en avant ce personnage dans cette scène de réveille c'est bien pour mettre en évidence une préfiguration de l'avenir, c'est-à-dire le futur massacre que l'alien va pratiquer à bord de l'appareil. [...]
[...] Il est d'un blanc pur rappelant celui du début du film. Cependant, l'intérieur reste sombre et annonce toujours la présence du monstre. L'héroïne peut alors réinvestir la place, c'est-à-dire retrouver une innocence enfantine et fœtale : se déshabiller, pour se retrouver vêtu de vêtements enfantins, gagner un lit en forme de berceau, y serrer contre son cœur son chat monstre potentiel réduit à la peluche docile, et se rendre avec délice au sommeil originel. Alien, par l'attention exceptionnelle accordée au puissant et mystérieux rival, par la curiosité accordée à sa genèse, par un travail d'écriture obsessionnels autour de cette interrogation de la démultiplication des ventres, des inséminations, par l'enfermement des personnages dans une succession de boyaux étroits, et de l'action entre deux sommeils (le lever collectif et le coucher solitaire de la fin) constitue une illustration particulièrement effrayante. [...]
[...] Avec ce film, la science-fiction moderne prend une nouvelle marque de reconnaissance : le genre peut dépasser les limites conventionnelles et aborder des thèmes limitrophes comme l'horreur, la claustrophobie dans laquelle nous étouffons. La réalisation de Ridley SCOTT, parfaitement maîtrisée, s'appuie sur les extraordinaires décors sortis de l'imaginaire de Ron COBB mais aussi du peintre surréaliste suisse H.R. GIGER et du dessinateur français MOEBIUS. Signant des dessins et sculptures cauchemardesques et fantasmagoriques, il mêle organique et mécanique, et signe des "oeuvres mutantes" à la frontière de deux mondes. [...]
[...] C'est sur un de ce point que repose la mise en scène si efficace de Ridley Scott. Le vaisseau devient de plus en plus complexe, avec pleins de petits recoins etc. D'ailleurs on le remarque bien quand un membre de l'équipage s'aventure dans le hangar, encore jamais montré. Il recherche Johns le chat de Repley. Dans ce hangar, coule une eau étrange mais apparemment bienfaisante, venue d'en haut et à laquelle l'homme baigne son visage. Il y règne attesté par la rouille des machines, une humidité permanente qu'on sent lourde et chaude. [...]
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