Le succès d'Intouchables prouve que le cinéma français se porte bien en terme d'entrées. Quant aux fictions télé, force est de constater que ces 15 dernières années s'est opérée une marginalisation horaire de l'offre de fiction télévisuelle française au profit de programmes plus rentables commercialement.
Pourtant les différents quotas de diffusion mis en place à la fin des années 1980 ont été pensés dans un double objectif d'aide au cinéma français et de soutien à la production de fiction télévisuelle d'origine française notamment :
- protection des entrées en salles face à l'émergence de la télévision pour tous,
- limitation du monopole des séries américaines (Dallas, La petite maison dans la prairie, etc.) dans les grilles de diffusion.
Pourquoi donc cette évolution disjointe du cinéma et de la fiction télévisuelle ? Pour répondre à cette question, il convient d'abord de bien définir les termes du sujet.
[...] Les chiffres de 2009 d'Unifrance sur l'exportation des films français montrent également que les films qui ont fait le plus d'entrées à l'étranger lors de la décennie passée sont des productions à très gros budgets, tournées (à l'image de Taken produit par Europacorp en 2009), avec un casting international et un réalisateur étranger, et de surcroit en langue anglaise. Le critère de nationalité étant basé sur la provenance des fonds de production, un film comme Taken est effectivement considéré comme une production française (Europa Corp). Finalement, peut-on réellement parler d'un succès du cinéma français si l'on se fonde sur le critère des entrées en salles qui sont trustées par des productions commerciales dont l'aspect artistique et français reste très problématique ? [...]
[...] Assayas (qui fonctionne un peu différemment, car sur 2 créneaux simultanés, sortis ciné et diffusion télé) montre que la fiction télévisuelle peut offrir de nouvelles possibilités pour les salariés de l'audiovisuel. II) La porosité des frontières entre cinéma et fictions télés : la résolution d'un conflit ? Un succès du cinéma français à relativiser fortement En interne : les entrées en salles se portent plutôt bien, prouvant une fois de plus que malgré les nouveaux modes de consommation le cinéma reste ontologiquement lié à la salle de projection. [...]
[...] Il faut bien comprendre que ce rapport entre cinéma et télévision n'est pas nouveau. Fassbinder en Allemagne, Rossellini en Italie et en France, Bergman en Suède a réalisé pour la télévision certains de leurs meilleurs films, des films qui ont ensuite été distribués en salles (ex : En présence d'un clown ; Un monde sur le fil). Où d'autres qu'à la télé Fassbinder auraient-ils pu concrétiser son rêve d'adapter Alexanderplatz d'Alfred Doblin (téléfilm de 15h) ? - En France, récemment ce sont Christophe Honoré ou Gael Morel, des noms qu'on associe au grand écran, qui ont réalisé des téléfilms pour la chaine Arte. [...]
[...] - Des succès transversaux cinéma/série télé ont vu le jour en misant sur le double créneau de diffusion télé et salle en quasi simultanée avec 2 versions différentes (Les mystères de Lisbonne ; Carlos ; Les lignes de Wellington. - On assiste également à un changement des mentalités, à l'image de la nouvelle obligation de production de 2 séries par an pour Arte. - L'avantage des séries françaises par rapport aux séries étrangères ne doit pas être négligé. En effet, la diffusion des séries US en France se fait systématiquement sur un mode décalé. Ainsi, les séries US mettent beaucoup de temps à arriver sur nos petits écrans (de 2 à 4ans) . [...]
[...] Le succès du cinéma sera pensé ici davantage en terme quantitatif (donc en terme d'entrées) qu'en terme qualitatif. Un film français étant un film dont les capitaux sont majoritairement français (et on verra que cette définition pose problème notamment dans la comptabilisation de ce succès du cinéma supposément français). ( Prenant en considération le fait essentiel que rapprocher cinéma et fiction télévisuelle ne signifie surtout pas qu'ils doivent se ressembler, quels ont été les facteurs décisifs qui ont participé à cette différence de succès et est-ce irrémédiable ? [...]
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