La subversion est un processus de renversement de valeurs ou de principes existant dans un système donné. La subversion peut s'illustrer dans de nombreux domaines, tels la Politique ou la Religion…
Mais c'est dans l'Art que la subversion se révèle être des plus passionnante et des plus sublime, dans ce sens que lorsqu'un artiste transgresse les règles de l'art pour en établir qui lui sont propres, la finalité de cette « révolte » est la quête de la beauté, la recherche de l'esthétisme le plus inespéré et le plus parfait.
Au cours de l'Histoire, des mouvements subversifs ont existé dans toutes les disciplines de l'Art.
Dans la peinture, la modernité du cubisme a renversé le style figuratif du classicisme des courants qui l'ont précédé, en décomposant les objets en couleurs et éléments géométriques simples, révolutionnant l'approche du monde visible et frôlant parfois l'abstraction.
Cet esthétisme nouveau, qui veut que le Beau ne soit pas forcément réaliste, sera repris dans le domaine de la sculpture et des arts plastiques par Marcel Duchamp avec ses « ready made ». Le principe de ceux-ci est de choisir un objet manufacturé, de le détourner de son usage quotidien et d'en donner une vision particulière. Cette conception de l'art est subversive puisqu'elle réduit le travail du créateur au choix d'un objet. La main de l'artiste n'intervient plus que dans le fait de proposer une nouvelle manière de regarder tel ou tel ustensile domestique.
Dans le domaine de la littérature, de nombreux mouvements subversifs tels le surréalisme ou le romantisme ont fait leur apparition ; également dans le domaine de la poésie avec Rimbaud et Lautréamont.
Le point commun à tous ces mouvements et à tous les mouvements artistiques subversifs est le fait de donner naissance à des chefs d'œuvre intemporels – les Demoiselles d'Avignon de Picasso, la Fontaine de Richard Mutt, alias Marcel Duchamp, etc. – comme si le génie découlait de la rupture et qu'à chaque innovation dans un domaine artistique, l'artiste se rapproche de son but ultime : accéder à la Beauté – que ce soit de manière classique, à savoir réaliste et figurative en repreduisant quelque chose de beau minutieusement, de manière abstraite, par exemple en cherchant l'esthétique là où il n'y en a point au premier abord, comme sut si bien le faire Baudelaire avec ses Fleurs du Mal…
Enfin, il est un autre domaine de l'Art où les subversions – multiples – se sont succédées dès son invention en 1895 par deux frères français, ingénieurs : Auguste et Louis Lumière. Il s'agit bien évidemment du septième Art, le plus récemment créé : le Cinéma.
Nous ferons dans un premier temps, au cours de cette étude, un tour d'horizon des principaux courants subversifs qui ont marqué la cinéma, avant de nous attarder plus longuement sur le phénomène que représente la Nouvelle Vague ainsi que sur l'un de ces auteurs les plus connus : Jean-Luc Godard.
[...] Godard, jeune étudiant passionné de cinéma, fréquente assidûment les cinéclubs du quartier Latin. Il y fera la connaissance de ses futurs compagnons François Truffaut, Claude Chabrol, Eric Rohmer et enfin Jacques Rivette, pour lequel il écrira dans la Gazette du Cinéma Il s'illustre ensuite avec ses quatre compagnons dans les Cahiers du Cinéma dont le rôle dans l'avènement de la Nouvelle Vague a été expliqué dans la partie précédente. Après de brefs séjours en prison ainsi qu'en asile psychiatrique, il tourne son premier court métrage en 1954. [...]
[...] A bout de souffle, précédant de huit années les évènements de mai 68, est le témoin de cette volonté de changement. C'est une gifle violente lancée avec insolence au visage de la société française. Godard entend bien rompre, comme ses confrères de la Nouvelle Vague, avec le Cinéma de la Qualité» qu'il juge plombé par des scénarios trop littéraires. Selon lui, la caméra doit sortir de l ‘espace clos des studios et investir les rues afin d'entrer en contact avec la vrai vie. [...]
[...] On pourrait alors dire, si ces films ne proposaient pas une vision erronée de ces gens tant celle-ci mêle populisme démagogique et conformisme bourgeois, que la Qualité française n'était pas si éloigné de la réalité. Ainsi, par exemple, Sacha Gordine produit en 1949 un Homme Marche dans la Ville. L'intrigue se situe dans le milieu des dockers du Havre, mais le film montre des ouvriers alcooliques et grossiers. Le film sera violemment désavoué par les syndicats et le parti communiste. [...]
[...] Cette situation créé un clivage entre les jeunes et leurs parents qui ne se comprennent plus. De plus, la génération précédente ayant vécu la guerre et ses sacrifices, les jeunes leur paraissent démobilisés et futiles. On observe alors le fleurissement de nombreux mouvements de jeunesse : jeunesses chrétiennes, communistes, socialistes, ouvrières, paysannes, étudiantes, etc., qui traduisent le réflexe communautaire de ces jeunes désengagés de la vie politique. Ce mal-être de la jeunesse, qui se manifeste par la passion du groupe et l'absentéisme civique, intrigue la société qui éprouve une grande peur de la jeunesse La presse alimente ces inquiétudes en relatant les manifestations spontanées de jeunes qui éclatent un peu partout dans le monde (New York, Budapest, Sydney, Londres et Stockholm où des milliers de jeunes se sont rassemblés détruisant des biens, des bâtiments, des voitures, insultant les adultes passant à leur portée) révélant subitement leur rejet de l'ordre existant et leur désir d'union. [...]
[...] Selon Truffaut, ces critiques sont fondées. Il pense notamment que beaucoup de cinéastes qui proposaient dans les années 50 une réelle réflexion à travers leurs films ont cédé à la facilité et se contentent au début des années 60 de tourner des films à la manière de la Nouvelle Vague c'est-à-dire en utilisant de jeunes acteurs, une équipe technique minimale et des décors naturels mais en ayant recours à des clichés. On constate effectivement un grand nombre de films produit entre 1958 et 1960 qui proposent le canevas suivant : peu de personnages, des personnages incompréhensibles qui s'ennuient, une voiture de sport, Saint Tropez, des amours faciles et une bouteille de scotch. [...]
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