Cette analyse se scinde en plusieurs parties. Premièrement, nous tenterons de décrire ce qu'il nous fut donné d'entendre (et de voir, dans la mesure où ces deux perceptions ne sont pas toujours dissociables) au cours de la séquence à analyser. Nous ne reviendrons pas systématiquement sur le traitement sonore de chaque scène mais uniquement sur les éléments qui nous semblent pertinents. Cette première approche descriptive emboîte le pas à une analyse qui tentera de replacer nos observations dans un contexte plus large. En second lieu, nous essayerons donc de comprendre les choix techniques effectués : en quoi servent-ils la narration, quel est l'effet recherché et celui produit sur la réception du film ?
Le son s'installe dès le générique, très sobre du film : augmentation d'une ambiance étouffée de fête, bruits de pas nets accompagnés d'un bruit de verre cassé. L'acuité auditive du spectateur est déjà fortement sollicitée. L'ouverture de la porte correspond au premier son « in » puisqu'elle apparait à l'écran. Tout au long de cette première séquence, le son assez étouffé de la fête restera constant et sera ponctué par le passage de voitures ou de jeunes femmes bavardant que l'on entend en sourdine. La chanson « god bless america » semble provenir d'une source extérieure fixe puisqu'elle reste toujours au même niveau.
[...] Le son du coup de la balle intervient immédiatement après l'arrivée de l'ascenseur à destination. Ces deux sons forts se succèdent très rapidement marquant l'effet de surprise du spectateur. Vers la fin de la séquence, les sons provenant de l'extérieur (klaxon, ) se font de nouveau entendre et le tic tac de l'horloge est à nouveau présent. Noodle ouvre l'horloge et prend la clef, le gros plan visuel est souligné par un son très net des clefs. Notre attention est très clairement sollicitée sur cet objet grâce à se soulignement sonore. [...]
[...] Nul indice ne nous est visuellement donné afin de localiser la source de cette sonnerie et le plus étrange est qu'il nous semble que seul Noodle l'entende car personne autour de lui n'y prête attention. Le zoom sur la bougie suivi du dé-zoom sur l'ampoule nous fait basculer dans une autre scène. La musique de fond chinoise s'est évanouie et laisse la place à un fond sonore empli de pluie battante, de sirène de pompier et des gens qui s'affairent à toute sorte de tâches. La sonnerie lancinante du téléphone en premier plan sonore revient régulièrement, elle commence à devenir sérieusement agaçante aux yeux du spectateur car sa source reste introuvable à l'image. [...]
[...] Une fois encore le traitement du son est très réaliste : le son des clefs, du froissement des journaux : on peut, lors d'une seconde vision, presque suivre la scène en fermant les yeux. Dans le hall de gare, à l'ambiance sonore viennent se rajouter des sons in tel celui de la machine à écrire que l'on entend faiblement et qui reste à chaque fois en suspend lorsque Noodle répond au guichetier. Le thème musical flûte de pan - profite du sifflement du train pour démarrer doucement. La musique de fosse prend peu à peu le dessus sur les sons d'ambiance. [...]
[...] Léone se sert également du son à plusieurs reprises comme moyen technique de transition. La sirène du bateau lors du fondu passant de la photo à la vraie ville de New York ou le cri strident de l'alarme retentissant lorsque l'on décroche le téléphone sont deux exemples illustrant cet emploi du son. En ce sens, il est indéniable que le son sert le montage. Il n'y dans l'extrait analysé, pas de véritable point de vue sonore fixe. Nous entendons généralement la même chose que le personnage vu à l'écran. [...]
[...] L'arrêt de la musique d'ambiance de fête nous place dans un autre lieu. La sonnerie semble correspondre au téléphone alors à l'écran. Dès qu'une main vient décrocher le combiné, un son s'apparentant à une alarme stridente se fait brusquement entendre et nous revenons auprès de Noodle, toujours au théâtre chinois, qui vient de se réveiller en sursaut. Lorsque Noodle se rend au bar de Fat Moe et qu'il regarde au travers de la fenêtre, le fond sonore se veut grave et le bruit du vent se fait entendre. [...]
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