« Sculpter le temps », tel serait le travail du réalisateur selon Tarkovski, travail qui repose sur une double articulation du temps : le temps compris entre chaque image et le temps construit par le montage. La référence à la sculpture dans les films de la modernité ne fait pas forcément appel à la présence visible de statues, et pourtant, un groupe de films réalisés par des cinéastes de tout premier plan, souvent salués pour leur innovation, note S. Liandrat-Guigues dans Cinéma et sculpture, un aspect de la modernité des années soixante, fait une place remarquable à la sculpture et plus singulièrement, à la visite d'un musée. Ainsi, Voyage en Italie, de Rossellini, L'Année dernière à Marienbad de Resnais, Le Mépris de Godard et La Jetée de Marker, filment des sculptures qui questionnent le spectateur par leur présence énigmatique. Pourquoi les cinéastes au cœur de la modernité ont-ils recours à la sculpture et précisément à la statuaire antique ? Quel est le lien entre sculpture et modernité cinématographique ? Nous envisagerons dans un premier temps les résonances entre les sculptures et les personnages, à l'intérieur du cadre diégétique, avant de voir la sculpture comme réflexion sur la temporalité. Dans un dernier temps, nous verrons comment la sculpture dans ces films permet l'expression d'une conscience déchirée, véritable définition de la modernité.
[...] Sculpture et modernité dans Voyage en Italie, L'Année dernière à Marienbad, Le Mépris, et La Jetée Sculpter le temps tel serait le travail du réalisateur selon Tarkovski, travail qui repose sur une double articulation du temps : le temps compris entre chaque image et le temps construit par le montage. La référence à la sculpture dans les films de la modernité ne fait pas forcément appel à la présence visible de statues, et pourtant, un groupe de films réalisés par des cinéastes de tout premier plan, souvent salués pour leur innovation, note S. [...]
[...] Les morts de Pompéi renvoient aux conceptions baziniennes du cinéma, et Voyage en Italie devient à ce titre le manifeste du cinéma de la modernité. Bazin décline dans ses articles une série d'expressions où se croisent la momie, la pétrification ou la cristallisation, la statue, et propose un cinéma comme forme de moulage, ce que Rivette formule ainsi : le film à créer est comme une statue enfouie. Bellour note qu' il n'est aucunement paradoxal que ce soient les auteurs qui enracinent l'homme le plus profondément à une culture, à une mémoire, qui se montrent les plus aptes à nous parler de sa modernité. [...]
[...] La statue apparaît en outre à plusieurs endroits, sur une terrasse dans la première mise en scène de la rencontre, mais il se peut qu'elle ait été au bord de l'eau. Elle est aussi dans un tableau. Puis la statue est vue par la jeune femme dans un autre endroit du jardin, avant de se retrouver près du bassin. L'ambiguïté de la position et du déchiffrement de la statue traduit explicitement les enjeux de la relation des amants, et la difficulté à interprêter leur relation, entre réalité fantasmée, construction mentale et aléas du souvenir. [...]
[...] Elles apparaissent pour la première fois au cours du visionnement des rushes, et se rattachent à l'Odyssée. Ces statues sont détachées de toute temporalité et de tout espace figuré autre que le ciel. Elles sont donc insituables dramatiquement, et sont saisies en légère contre-plongée, par des mouvements tournants qui s'effectuent soit par rotation de la caméra, soit par le pivotement de la statue. Cette mise en scène pose les statues et la caméra dans un rapport frontal, elles se font face, s'opposent et s'affrontent. [...]
[...] Modernité vs clacissisme chez Godard C. [...]
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