Analyse des images mentales dans le cinéma d'Alain Resnais. Jusqu'où vont-elles ? De quelle manière fonctionnent-elles ?
[...] On l'identifie facilement dans La Guerre est Finie, quand Diego Mora s'interroge lui même (quand sa conscience lui parle) sur la conduite à tenir. C'est une présence plus discrète dans Mon Oncle d'Amérique, mais on la reconnaît lorsque les personnages parlent d'eux, à l'instar de Jeannine Garnier lorsqu'elle se réjouit de l'abandon de la pièce de théâtre de son amie qui y tenait le premier rôle, qu'elle va pouvoir jouer. Cette voix récite parfois le commentaire que nous assimilons à celui d'une conscience à la troisième personne du singulier. [...]
[...] Les exemples sont nombreux dans Hiroshima mon Amour. Les images de Nevers sont très rapidement montrées au début du film, puis, plus elle se confie, plus les images du passé sont longues et prennent du sens. Elles ne sont plus fixes, elles s'animent et montrent des actions, des faits, qu'elle commente en voix-off. Dans Mon Oncle d'Amérique, la quasi-totalité du film est constituée d'images du passé, même du passé non-vécu par les personnages (les images des accouchements des mes mères des personnages - on peut croire qu'il s'agit de l'image qu'eux-mêmes s'en font - On assiste à des scènes, via le souvenir qu'en ont ceux qui l'ont vécu, appartement au passé des trois personnages, à leur enfance, leur jeunesse. [...]
[...] Ce concept est d'ailleurs doublement exploité dans Hiroshima mon Amour. Les japonais ont bâti le mémorial du drame atomique sur ces images pensées, non-réalistes, qu'ils ont recréé de toutes pièces pour satisfaire l'étranger (les films avec des acteurs représentants des habitants de la ville sortir des décombres, échevelés, après le bombardement). Ensuite, elle exprime par j'ai tout vu à Hiroshima et par les description, l'idée qu'elle a de cette ville dont elle n'a jamais vécu le traumatisme. Cette idée est très précise, relayée par les médias, des reportages, et aussi par son imagination. [...]
[...] Ces séquences imaginées de destins tragiques nous sont montrées sans son propre et interne ; le son de la scène présente que vit le personnage est toujours audible, parfois juste atténué. Cette mise en images anticipées qu'effectue le personnage et qu'Alain Resnais nous transmet par l'image filmique correspond à la perspective étudiée plus haut, qui considérer que l'on s'appuie sur passé pour vivre le présent et appréhender le futur. En effet, ces anticipations ne sont imaginables par Mora que parce qu'il a appris comment cela se passait. [...]
[...] Le montage nous présente tant d'images mentales qu'il est difficile de ne pas en créer d'autres, qui sont propres au spectateurs. Alain Resnais réussit à figurer des images, des pensées, sans les montrer. L'évocation d'images non-montrées permet au spectateur de s'impliquer dans le film. Mise en image des impressions et des figurations du spectateurs Le spectateur est lui aussi sujet à des images mentales montrées par le montage. Dans Mon Oncle d'Amérique, les plans où les humains ont l'apparence de rats, habillés et marchant sur deux jambes, sont les transcriptions des images mentales du spectateur, à qui Henri Laborit avait précédemment expliqué la réaction des rats face au danger, et qui se voit forcé se la comparer à celle des hommes. [...]
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