Censure politique, censure religieuse, histoire du cinéma, cinéma égyptien, Première guerre mondiale, Lasheen, L'innocent, Fritz Kramp, Atef al-Tayeb, bonnes moeurs, contrôle religieux, direction de la censure, diffusion de film, représentation de prophète, autocensure
Dès sa naissance, le cinéma égyptien a subi une censure politique et religieuse. En 1914, dans le contexte géopolitique de la Première Guerre mondiale, une censure sur les arts est alors appliquée, ayant pour objectif principal le maintien de la sécurité et de l'ordre public, la protection des bonnes moeurs et des intérêts supérieurs de l'État. Cependant, cette censure en Égypte n'a pas empêché le pays de développer un secteur cinématographique important sur le marché national, mais aussi arabe. Nous nous demanderons donc quelles formes prennent la censure politique et religieuse au sein du cinéma égyptien.
[...] Cette censure intériorisée fini d'autant plus par être guidée et imposée par les institutions religieuses, mais aussi et surtout par le peuple, du fait de l'obnubilation du respect des bonnes mœurs égyptiennes. [...]
[...] Des "groupes de contrôle des bonnes mœurs" composés de fidèles et de volontaires se sont alors mis en place. Ils se rendaient directement dans les cinémas et les théâtres pour vérifier et attester d'une censure qu'ils jugeaient assez "efficace", et cette censure religieuse pour le respect des bonnes mœurs est alors devenue un contrôle religieux et social de la part d'une partie du peuple. C'est d'ailleurs à cette période que certains spectateurs des cinémas et théâtres, mais aussi des lecteurs et critiques, se sont indignés de voir à l'écran certains films occidentaux. [...]
[...] Dans sa version initiale, le film se terminait par le meurtre du sultan. Au lendemain de sa première projection, le 17 mars 1938, le film est alors interdit pour cause de « lèse-majesté et d'atteinte au régime ». Le gouvernement en place ne tolérait pas la diffusion d'un film qui évoquait la corruption de l'autorité ainsi que la misère du peuple, et qui d'autant plus, se terminait par une révolte populaire qui faisait tomber le régime en place. Huit mois plus tard, le film ressort en salle, mais sans son dénouement initial : trop subversif, celui-ci avait été remplacé par une fin plus conciliante où l'on assiste à la réconciliation de sultan et du général, acclamé par le peuple. [...]
[...] Au-delà de ses mécanismes pratiques, la censure politique effectuée sur les films varie grandement en fonction de l'époque et du pouvoir en place, mais aussi du censeur en charge de chaque film. Ainsi, comme l'écrit Dina Galal dans son texte "Le cinéma grand public égyptien entre censure et guichet", "là où le censeur des années soixante évoque « la censure et son rôle dans la société socialiste », insiste sur « le caractère impératif et nécessaire de la censure pour protéger la société des dérives », et condamne « le film non socialiste » (Fawzî p. [...]
[...] Cependant, au cours de l'histoire, certains films approuvés par la direction de la censure ont fait polémiques auprès des institutions religieuses. C'est notamment le cas de L'Émigré réalisé par Youssef Chahine en 1994, qui avait été autorisé et diffusé localement et à l`étranger, mais donc la projection a été interrompue. En décembre, la justice ordonne l'interdiction du film, car, selon le tribunal du Caire, il personnifierait le prophète Joseph, ce qui contrevient à une fatwa de 1983 de l'université d'Al-Azhar interdisant toute représentation des prophètes dans des œuvres artistiques. [...]
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