L'œuvre de Watkins est éminemment politique tant par les sujets que par la manière dont il les traite. Réalisateur avant-gardiste, on peut le considérer comme l'inventeur de principes cinématographiques audacieux et novateurs comme les auto-interviews, le mélange entre fiction et documentaire et une esthétique atypique qui s'affranchit des codes narratifs. Quasiment complètement marginalisé par les médias, il reste un symbole de contestation.
Punishment Park est un faux reportage télévisé dont l'action se déroule en 1970. La guerre du Vietnam s'enlise et s'aggrave. Dans ce contexte, le président Nixon décide secrètement le bombardement du Cambodge. Partout dans le monde et particulièrement aux Etats-Unis, la contestation est unanime. Pour y faire face, le président décrète alors l'état d'urgence, et, c'est le présupposé du film, met en application une loi de 1950, le « Mc Carran Act » qui autorise le gouvernement fédéral, sans avoir besoin d'en référer au Congrès, à placer en détention toute personne « susceptible de mettre en péril la sécurité intérieure ».
Dans une zone désertique du sud-ouest américain, non loin des tentes où siège le tribunal civil chargé de juger le groupe 638, le groupe 637, principalement composé d'étudiants, se retrouve dans le Punishment Park et découvre les règles du jeu auquel ils devront participer pour avoir choisi cette alternative à une longue incarcération dans un pénitencier.
Les autorités promettent aux membres du groupe 637 la liberté si ils parviennent à atteindre dans les trois jours qui suivent un drapeau américain planté dans les montagnes, à 80km de leur point de départ, tout en devant échapper aux forces de police lancées à leur poursuite. Il s'agit donc d'une sorte de chasse à l'homme organisée. Pendant ce temps, dans la tente du tribunal, les membres du groupe 638, présumés coupables d'emblée sans même avoir été jugés, essayent en vain de plaider leur cause et d'expliquer pourquoi ils se positionnent contre la guerre du Vietnam.
[...] Engagé par la BBC en 1963, il réalise en 1964 sont premier téléfilm professionnel, La Bataille de Culloden, une reconstitution de la bataille livrée en Ecosse en 1746 où les régiments anglais écrasèrent les Highlanders. Ce film a gagné de nombreux prix, et a été projeté dans le monde entier. Tourné lui aussi avec des acteurs non-professionnels, il représentait une nouvelle manière de montrer des événements historiques, basée sur un mélange stylistique novateur du documentaire et du dramatique. La BBC lui commandant ensuite un documentaire sur les effets du nucléaire, Watkins réalise en 1965 The War Game (La Bombe). [...]
[...] Il en est récompensé d'une Gold Star aux Ten Best, les oscars des films amateurs. Suite à cette expérience, il est alors embauché par la société George Street and Company pour réaliser des spots publicitaires. Cette expérience forme son sens critique : Nous étions pour ainsi dire des réalisateurs. Je détestais la publicité mais l'expérience fut fantastique Sa vie de réalisateur débute réellement en 1958, date à laquelle il commence à réaliser ses propres longs métrages, comme The Field of Red, film aujourd'hui perdu traitant de la Guerre de Sécession. [...]
[...] C'est le film le plus personnel de Watkins et les critiques en sont majoritairement positives. Il est suivi par The Seventies People (1974) et Evening Land (1976), deux longs métrages produits au Danemark qui ont chacun un argument social. Le premier traite du nombre élevé de suicides parmi les jeunes danois. Dans le second, il est question de grèves contre la construction de sous-marins pour la marine française, de terrorisme et des méthodes répressives de la police danoise. La presse scandinave a attaqué ces deux films, et ni l'un ni l'autre n'a été projeté depuis. [...]
[...] Séquence de la 42ème minute : Les évènements suivent donc une logique particulière qui accroît l'impact dramatique des scènes et entraîne un sentiment de vérité : à la 42ème minute, les policiers rattrapent une partie des militants dans le désert et le montage parallèle contribue à créer ici un sentiment de panique, en particulier avec les antagonismes qui séparent les différents groupes : on passe des membres du groupe 637 qui se sont cachés et qui assistent à la capture de leurs compagnons par la police et qui commentent l'action en direct, aux policiers capturant les autres militants. On a une alternance voyant / vu. Une caméra filme l'arrestation du point de vu des membres cachés et une autre filme aussi l'arrestation mais de l'intérieur de la voiture de police. [...]
[...] Le Punishment Park n'a jamais existé. Le scénario procède donc d'une uchronie. De plus les personnages semblent se livrer à un immense jeu de rôles dans le désert, où la scénographie des corps dans l'espace semble tellement précise, travaillée, qu'elle ne peut pas être prise sur le vif. Mais une des principales caractéristiques de Punishment Park est d'imiter le genre du documentaire. Il existe bien un scénario, mais il a été élaboré conjointement avec des acteurs non professionnels, qui reprennent leur rôle de la vie de tous les jours : étudiants, militants, Black Panthers, féministes, policiers, sociologues, représentants de la moral majority Dans une récente interview, Peter Watkins s'est exprimé à ce sujet : Les comédiens amateurs que j'ai trouvés à Los Angeles il y a 26 ans étaient typiques de la jeunesse militante américaine de l'époque un certain nombre d'entre eux avait déjà été emprisonnés, plusieurs avaient été confrontés au harcèlement raciste et violent de la police de Los Angeles. [...]
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