Voici une analyse du film "le pianiste" de Polanski.
Dissection d'une scène charnière -celle à la fin du film dans laquelle le pianiste fait une démonstration de son art à un officier allemand- et analyse global du film.
Elargissement sur l'oeuvre de Polanski et sur la représentation de la Shoah à l'écran.
[...] Ci-dessus un photogramme de ce qui reste du ghetto à la fin du film : un paysage désolé, des bâtiments éventrés dans lesquels le ciel pénètre par le toit et les murs, un désert de ruine dans lequel Szpilman parait seul au monde comme une sorte de fantôme errant. La photo de Pawel Edelman donne à l'image une beauté froide et presque surréaliste. C'est la dernière partie de cache-cache pour le pianiste qui survit dans cette ville morte dans un instinct plus animal qu'humain ; alors que la notion de temps semble avoir complètement disparu. Le temps distille ses secondes au compte goutte de sorte qu'elles soient toutes vécues, ressenties par Szpilman, dont l'attente et la souffrance n'en finissent plus de finir. [...]
[...] Le cinéaste se justifie en avançant que dans Le pianiste la guerre est juste entrevue par les yeux de Szpilman, qu'il raconte une petite histoire dans la grande. Or le héros qui n'a aucune information quant au déroulement des évènements, n'a pas pris part à ce soulèvement. Il était donc hors propos de le mentionner plus que de raison. En outre, la mutinerie de Varsovie fait plutôt figure d'exception, tant le comportement standard des victimes n'était pas à la révolte. [...]
[...] est écarté. L'absurde qui a jalonné l'œuvre du réalisateur, et que ne renierait pas Samuel Beckett plane forcément sur le pianiste puisqu'on peut par principe qualifier la guerre d'énorme absurdité, avec en outre le comportement des soldats allemands qui peuvent par ivresse ou désoeuvrement abattre quelqu'un gratuitement à tout moment. C'est une constante chez Polanski que les héros se débattent contre le fatalisme, contre l'absurdité de certaines situations. Le rapport délicat avec le corps, souvent affublé de blessures castratrices : la jambe de bois de Walter Matthau dans Pirates le nez cassé et pansé de Jack Nicholson dans Chinatown le bras bandé de Lionel Stander dans Cul de sac ou de maladies : on se souvient surtout des traitements archaïques comme le lavement dans Pirates ou les ventouses dans Le bal des vampires ; trouve un échos dans le pianiste En effet Szpilman est aux prises avec une jaunisse carabinée, et même une fois guérie n'affiche jamais une solidité, une santé physique irréprochable. [...]
[...] Il y a également unité de lieu dans What ? : une villa de la Riviera italienne, dans la jeune fille et la mort : une grande maison située sur une île, dans Cul de sac : un manoir dans une presqu'île, dans Le bal des vampires : un château sur la montagne. pianiste n'est pas un huis-clos à part entière mais pour un film ayant en toile de fond la seconde guerre mondiale, relativement peu de scènes se déroulent en extérieur. [...]
[...] Le militaire demande à Szpilman s'il est juif et où il se cache. Il l'accompagne ensuite jusqu'à un grenier sombre et dérobé mais c'est avec bienveillance, comme s'il voulait s'assurer de lui-même que l'abri choisi est valable et sûr. Szpilman est inscrit dans un halo de lumière, celui de la lampe torche cette fois qui le cerne dans l'obscurité opaque environnante. Sans mot dire, l'homme au grade prend congés en fermant vivement la porte d'entrée derrière lui. La scène prend ainsi fin, après 2h 04 min et 40s de film. [...]
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