Un nombre considérable d'œuvres de fictions ont pour thème les robots, les cyborgs, les mutants, les extra-terrestres… Ces sujets ont la particularité d'être différents de l'homme, en posant celui-ci comme référentiel. Ils permettent le plus souvent de prouver, à l'aide d'effets spéciaux, que le genre fantastique est toujours puissant, et que son renouvellement est constant ; la métaphore d'un problème éthique sous-jacent est quasiment systématiquement remarquable, et l'on peut se limiter à voir ces oeuvres comme le miroir de l'humanité, dénonçant des pratiques ou caractères non-éthiques ou dangereuses.
Mais une œuvre particulière regorge d'aliens, de droïdes, d'androïdes, cyborgs et mutants, c'est bien évidemment la Saga Star Wars de George Lucas, et ce qu'on appelle son « univers étendu » (toutes les histoires officielles parallèles aux films). Pourquoi cette œuvre ? L'une des autres caractéristiques des œuvres de fictions utilisant le cyborg est celle de « donner du rêve ». Ce rêve s'organise en une visée positiviste –malgré la menace qu'il peut souligner-, et si les robots de I Robot nous paraissent austères et dangereux, ils n'en restent pas moins un idéal technologique que nombre espère atteindre. Ce rêve fonctionne par projection, anticipation. Star Wars a cette particularité qui n'est pas anodine de situer sa diégèse, comme le signal son célèbre préambule, dans le passé : « A long time ago, in a galaxy far, far away ». Cet élément qui pourrait sembler seulement dramatique permet de faire abstraction du caractère préventif ou moralisateur de l'avancée technologique actuelle.
[...] En effet, on se demande en voyant leur comportement dans quelle mesure ces derniers sont encore des organismes, capables de réflexions non déterministes, de raisons, de sentiments. Sont-ils plus organismes ou plus mécanismes ? Ne sont-ils pas devenus de simples droïdes ? Ces trois premiers personnages sont d'ailleurs dominés, écrasés par un chef, et n'ont en apparence que peu d'initiative. Lobot est en effet le second de Lando Calrissian. De par son nom et sa gestuelle, il semble lobotomisé et esclave d'une volonté organique qui lui est supérieure, au même titre qu'un simple droïde. [...]
[...] Star Wars pose donc une supériorité de l'organisme sur le mécanisme, supériorité présente entre deux êtres de chaque famille, ou à l'intérieur d'un même être hybride, un cyborg. Malgré cette supériorité, n'existe-t-il pas une symbiose stable, éthique et performante entre organisme et mécanisme ? Les sujets les plus nobles dans Star Wars sont évidemment les Jedi, ceux-ci ont un lien très particulier avec leur sabre laser. Le Jedi est-il un cyborg ? Le Jedi est caractérisé le plus souvent par deux aspects extrêmes : son affinité avec l'organisme qu'est la Force, et son sabre laser, l'outil mécanique. [...]
[...] Ainsi, c'est en se dévoilant que les organes de Grievous causent la perte du cyborg, et c'est en reprenant enfin le dessus que la raison de Vador sauve son fils en anéantissant l'Empereur dans un geste suicide et en demandant à son fils de lui retirer son masque, ce système mécanique respiratoire qui le maintenait en vie. La machine est vouée à être rejetée et détruite par l'organisme, et pourtant, l'organisme est substitue dans ces exemples de la machine, ce paradoxe nous mène à une aporie qui peut être dépassée par l'analyse de la progression du mécanisme. Anakin devient un cyborg quelques jours après la mort de sa mère. Le chemin qui mène au côté obscur, selon les préceptes Jedi débute par la peur, puis la colère, la haine, et enfin la souffrance. [...]
[...] L'essence du Jedi est liée à son rapport à l'organique. Mais son sabre est considéré comme le prolongement de la volonté du Jedi et de la Force. La Force donne aux Jedi des informations à son instinct qui lui permet de renvoyer les tirs de blasters. Seul un Jedi peut grâce à la Force maîtriser un sabre laser sans danger, seul le Jedi, par conséquent, peut contrôler cet instrument mécanique qui, entre ses mains n'est pas une arme, mais une amélioration de son organisme, telle une prothèse, qui lui permet d'appliquer la volonté de la Force, de manière mécanique, car un Jedi sert la Force. [...]
[...] Notons tout de même au crédit du cyborg, cet aspect que nous lui connaissons bien : sa capacité à utiliser d'autres mécanismes dans une logique d'organes / outils extérieurs, à l'instar de Terminator. Le général Grievous illustre parfaitement cet aspect, celui-ci se battant avec les sabres laser d'autres Jedi, et ce ayant avec son vaisseau une relation quasi symbiotique. Star Wars présente aussi la supériorité de l'organisme par la très grande efficacité des clones (de l'armée républicaine puis impériale), par rapport à celle des droïdes. Au vu de ce qui a été développé précédemment, la combinaison des deux provoquant une symbiose instable et imparfaite, elle reste en dessous de l'organisme. [...]
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