Considéré comme un chef d'œuvre dès sa sortie en 1941 (Oscar du meilleur scénario original), le premier film d'Orson Welles constitue un véritable bouleversement pour le cinéma de l'époque. L'organisation de l'histoire lui vaut beaucoup de mérites. La narration, entre autres, est structurée autour d'un enchevêtrement de flash back, qui ont cependant un narrateur commun (le journaliste Thompson, enquêtant sur la vie de Kane). Nous allons nous intéresser aux stratégies narratives employées par Welles dans les deux extraits cités plus haut. Il s'agit de la séquence dans laquelle Susan, la seconde femme de Kane, donne sa version du personnage de son mari, qui apparaît comme étant calculateur et froid. Nous allons voir les stratégies techniques utilisées par Welles pour raconter l'histoire de Susan, forcée à chanter par un homme calculateur, et un public, contraint à écouter. Le cinéma est un art, qui a son propre langage. La narration d'une histoire, passe par de nombreuses techniques, que nous allons voire plus loin. Welles fait dans Citizen Kane un véritable exercice de style, qui d'ailleurs fait la puissance de ce dernier.
[...] Les autres spectateurs, sont comme les figurants de Susan, plongés dans le noir et sans intérêt. Pour conclure, nous pouvons dire que Welles, pendant ces deux séquences, raconte une histoire en images, accompagnées de son. A travers son éclairage, son son, ses cadrages et mouvements de caméra, il nous dévoile les grandes idées des séquences, qui sont le fait que Kane tienne à sa réputation, au point de forcer Susan à continuer le chant, chose qui l'insupporte, et de plus elle n'est pas douée. [...]
[...] La dernière répétition que j'ai relevée est celle du public, dans la seconde séquence. Tous les titres nous montrent que Susan a du succès et ses performances sont toutes réussites, que son public l'ovationne et que ses salles sont pleines. Preuves à l'appui, Welles nous montre des plans d'ensemble de salles pleines de spectateurs, qui ont l'air de prêter attention au spectacle. Il ne faudrait tout de même pas oublier que ces journaux appartiennent à Kane, et Welles aurait peut être voulu nous montrer comment les journaux peuvent tourner les actualités comme ils le souhaitent, car ces photos ne nous montrent pas tout, mais nous mettent dans la position de Susan, aveuglée par la lumière, qui ne peut voir les gens réagir réellement, mais juste une masse uniforme, qui applaudira consciencieusement à la fin du spectacle. [...]
[...] La lumière est essentielle dans les films de Welles. Rien n'est laissé au hasard dans son éclairage. Ainsi, Susan est illuminée comme sur une scène de théâtre. Elle est supposée être le centre d'attention, Mais Welles préfère éclairer Kane, lorsqu'il se retrouve seul, debout, applaudissant. Pendant le spectacle, quand il est assis, Kane n'a de la lumière que sur ses yeux. Peut être qu'en faisant cela, Welles voudrait montrer son inquiétude vis-à- vis du spectacle. Il reste de marbre, et nous pouvons voire qu'il est concentré. [...]
[...] Matisti lui dit alors qu'elle ne pourra jamais devenir chanteuse, car elle ne peut pas chanter. Ainsi, il continue à répéter les mêmes gestes, avant le lever du rideau, pendant la première représentation, et puis dans la seconde séquence, il apparaît tout au long des fondus, c'est-à-dire qu'il accompagne Susan tout au long de sa carrière, jusqu'à son suicide. On pourrait donc penser que Susan a toujours besoin de ses conseils, et qu'elle ne peut donc toujours pas chanter, car il répète toujours les mêmes gestes. [...]
[...] La deuxième séquence à analyser, est entièrement construite avec des fondus enchaînés. Les plans sont tous très courts et se superposent tour à tour. En faisant défiler les manchettes des journaux, le gros plan du début de la séquence, le lever du rideau, la lampe qui s'allume, Welles fait un résumé du quotidien de Susan après cette première représentation. Malgré sa mauvaise prestation, les journaux de Kane la soutiennent dans les pays où il possède une filiale, et elle se retrouve dans un engrenage, dans lequel elle ne fait que chanter sur scène, changer de ville, chanter, changer etc. [...]
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