oeuvre protéiforme, Pasolini, notoriété par le cinéma, cinéma pasolinien, assassinat, aboutissement de son oeuvre
L'œuvre de Pasolini forme un tout cohérent dont il est impossible de séparer les différents éléments : romans, cinéma, poésies, drames, essais, peintures. Pier Paolo était l'artiste de tous les arts. Pendant les tournages des films, il prenait des notes pour d'autres projets. Toujours en action, il était dévoré par une sorte de rage d'invention. Ainsi, pendant le tournage de Médée, il écrivait des poèmes lors de pauses, et il avait intitulé la série en cours : En attendant Callas. De la même manière, il n'a cessé de vouloir dialoguer avec les gens du peuple pour les faire parler sur leurs angoisses et leurs tabous sexuels. Ce travail donna Comizi d'amore, une longue enquête filmée, tendre, mais impitoyable, sur la misère sexuelle des Italiens. Pasolini acceptait en général toutes les interviews, quel que soit le journaliste et quel que soit le journal. Sa correspondance abondante n'avait pas comme destinataires ses seuls amis, mais quiconque lui écrivait pour parler de politique, de littérature ou de poésie.
[...] Sur sa mère, il écrit des poèmes tendres dans Poésie en forme de rose. Il se plaît à intervertir les rôles du temps : Moi quatre-vingt-quatre ans et toi cinquante-deux, une mère jeune et un fils petit garçon. Il ajoute, avec l'anxiété de celui qui veille sur elle la nuit depuis le silence de son bureau, seul, inquiet, étonné que le drame, la tragédie ne soit pas encore tombée sur lui : Mère, dors ton sommeil qui n'est plus de personne, ta vie timide accompagne, pense une pluie qui te tient au monde : je m'efforce de faire doucement comme un jeune, bouleversé par mes pieds qui se meuvent ton petit corps est dans la maison le signe d'un destin qui se tait. [...]
[...] Elle permet à Pasolini de décrire et d'interpréter son univers et son époque. Ce que voit d'abord Pasolini dans le monde qui l'entoure, c'est l'abjection : ses films en témoignent, Porcherie, Médée, Salò. Dans les films de Pasolini, les images insupportables de nourriture écœurante, la coprophagie de Salò, les viols, le cannibalisme, la zoophilie, les amants dévorés par les porcs et quelques autres images que l'on ne peut citer toutes, témoignent d'une horreur innommable et bestiale (Porcherie). Personne avant Pasolini n'avait osé décrire l'horreur dans toute sa crudité et aussi dans toute sa cruauté. [...]
[...] Mais au bout du compte, si la vie des poètes est trop visible parce que, comme le disait Cocteau, le poète n'a pas su se rendre invisible la mort des poètes permet à l'œuvre, avec le temps, de se détacher de son auteur et de vivre sa propre vie, telle un organisme indépendant. L'œuvre est comme l'enfant : elle pousse vers la mort et se fait sa place. Il faut se rendre à l'évidence : la forme du poème n'est pas la plus partagée, et s'il y a toujours de mauvaises raisons au succès, au moins ce dernier permet-il, outre une meilleure reconnaissance pour les artistes, un contact avec un plus grand nombre d'« âmes fraternelles pour reprendre l'expression de Cocteau. [...]
[...] Leur désaccord porte essentiellement sur l'interprétation de l'actualité sociale et politique. Pasolini refuse le moralisme d'une certaine gauche, il rejette en bloc toute orthodoxie, fût-elle nouvelle, qui viendrait remplacer les orthodoxies anciennes. Entre 1968 et 1974, Pasolini travaille au scénario d'un film sur Saint Paul. Il situe la prédication de l'apôtre au cours de la Seconde Guerre mondiale et dans les années 1960, à Rome, Paris, New York et Londres. Une occasion d'évoquer les violences, les déportations, la collaboration avec les nazis. [...]
[...] Je peux donc proposer simplement des hypothèses et non pas des solutions. La seule chose que je puisse dire, c'est qu'une nouvelle ère a commencé, différente de la présente, de même que l'époque de l'agriculture est différente de celle où l'on cueillait les produits spontanés de la terre. La deuxième phase cinématographique de Pasolini est celle de la plasticité des corps, de l'érotisme et somme toute d'une humanité qui trouve dans l'amour physique une dimension de bonheur et de pureté, une pureté païenne en quelque sorte, une pureté d'avant la connaissance du bien et du mal. [...]
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