Oedipe roi, Sophocle, Pier Paolo Pasolini, autoportraits, quête identitaire, liens affectifs, récit rétrospectif, processus d'introspection, régression, préhistoire chimérique, inconscient, psychanalyse, tragédie
Pasolini considère Oedipe roi comme étant "le plus autobiographique de [ses] films". L'autobiographie est un récit rétrospectif qu'une personne fait de sa propre existence. Or, il est a priori complexe de déceler les liens effectifs entre l'histoire d'Oedipe et la vie du poète italien ; il en est d'ailleurs de même pour Sophocle. Mais l'œuvre porte souvent en elle l'image essentielle de son auteur. C'est en cela qu'on peut se demander si les œuvres de Sophocle et de Pasolini sont des autoportraits ? D'abord, nous montrerons en quoi le mythe d'Oedipe est emblématique de la quête identitaire. Puis, nous verrons comment les deux créateurs y révèlent une partie d'eux-mêmes.
[...] Pasolini explore cette préhistoire chimérique, comme les strates de son inconscient. Pourtant, cette introspection ne semble paradoxalement pas volontaire ni active : le personnage d'Œdipe est réticent à regarder à l'intérieur de lui-même. Quand le Sphinx lui affirme qu'« il y a une énigme dans vie », Œdipe ne l'écoute pas et le fait basculer dans l'abîme, et le monstre de répliquer : « cela ne sert à rien, l'abîme est en toi ». Ainsi, Sophocle et Pasolini s'intéressent particulièrement au processus d'introspection et de reconnaissance d'Œdipe. [...]
[...] Œdipe roi : les œuvres de Sophocle et de Pasolini sont-elles des autoportraits ? Pasolini considère Œdipe roi comme étant « le plus autobiographique de [ses] films ». L'autobiographie est un récit rétrospectif qu'une personne fait de sa propre existence. Or, il est a priori complexe de déceler les liens effectifs entre l'histoire d'Œdipe et la vie du poète italien ; il en est d'ailleurs de même pour Sophocle. Mais l'œuvre porte souvent en elle l'image essentielle de son auteur. C'est en cela qu'on peut se demander si les œuvres de Sophocle et de Pasolini sont des autoportraits ? [...]
[...] Le processus d'introspection est universel : il est ici induit par l'énigme de la Sphinge, dont la réponse est l'homme. Le mythe d'Œdipe symbolise ainsi le mystère ancré en chaque homme, et que chacun se doit d'élucider. Par ailleurs, Pasolini s'approprie le récit de Sophocle, en y juxtaposant des éléments autobiographiques concrets. Dans le prologue, le réalisateur s'identifie incontestablement au personnage d'Œdipe. L'action est tournée à Bologne, ville natale de Pasolini. Les costumes et le mobilier permettent de situer la séquence dans les années 1920, Pasolini nait en 1922. [...]
[...] En outre, les idées de Sophocle, homme politique investi dans la vie d'Athènes, transparaissent dans sa tragédie. Le rôle politique et citoyen du théâtre antique est prépondérant. Il tend à assurer la cohésion de la cité, notamment par le processus de catharsis : la tragédie, qui imite certaines actions moralement insoutenables, suscitant pitié et crainte, permet la purgation des passions du spectateur. La pièce est donc essentiellement morale : Sophocle y fustige l'inceste, qualifié de « crime » par Œdipe lui-même et de « noces sans noms » par le chœur, dont le rôle est d'incarner la vox populi. [...]
[...] Mais que trouvent-ils dans les profondeurs de ce personnage ? II. Une partie d'eux-mêmes Voyons dans cette seconde partie en quoi Sophocle et Pasolini investissent le mythe d'Œdipe et y laissent transparaître une partie de leur être et de leur pensée. Tout d'abord, le mythe d'Œdipe a inspiré le concept psychanalytique du « complexe d'Œdipe », qui veut que chaque garçon désire inconsciemment entretenir un rapport sexuel avec sa mère. Au Ve siècle av. J.-C., la psychanalyse n'existe pas encore et Sophocle ignore évidemment ce concept. [...]
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