Le réalisme est au cinéma ce qu'est Gabin à la France – indispensable. Que ce soit pour le cinéma des frères Lumière, ou alors pour les surréalistes, en passant par les expressionnistes allemands, une conclusion s'impose – le cinéma est ancré dans son contexte politique, historique, social et économique. Tout courant cinématographique, est rattaché à sa réalité propre, avec des démarches esthétiques et idéologiques, propres à son environnement. Il en va de même pour le réalisme poétique français et le néoréalisme italien. Nous allons tout d'abord nous intéresser au réalisme poétique français ; ses caractéristiques et idéaux ; puis, de même pour le néoréalisme italien.
[...] Il y évoque l'occupation d'un ton antispectaculaire, et exprime avec une totale humilité la souffrance du monde. C'est peu avant que Mussolini est chassé du pouvoir, et les italiens regagnent peu à peu leur liberté perdue, notamment grâce au cinéma, qui ne fait plus écran entre eux et la réalité mais est plutôt une fenêtre. Dans le Voleur de Bicyclettes de Vittorio de Sica, on fait un constat objectif d'un pays ruiné par la guerre, où le chômage sévit. Il y dénonce l'impuissance des institutions à résoudre dignement les drames du prolétariat. [...]
[...] Nous pouvons penser que ce courant a vu le jour en réaction contre le cinéma sclérosé et académique des téléphones blancs où les spectateurs ne sont pas amenés à beaucoup réfléchir (souvent des romans à l'eau de rose, où le dénouement se fait par téléphone). Ou alors contre le mouvement des calligraphes où la réalité est dissimulée dans des scénarios très riches, enjolivant la vérité. Ce courant a été très apprécié des fascistes, dont les italiens veulent désormais décrire les impacts (ils ont vécu 20 ans de fascisme sous Mussolini). Le cinéma, tout en restant une fiction doit pouvoir rendre compte du réel d'une façon concrète. Le cinéma doit alors adopter une position moyenne entre le scénario, le documentaire et la réalité. [...]
[...] La réalité que les cinéastes veulent dévoiler est celle d'un entre deux guerres, où l'euphorie qui suivit la prise du pouvoir du Front Populaire laisse la place à un désespoir et une peur, face à la guerre imminente. Ainsi, la Marseillaise de Renoir correspond au moment dans lequel il a été tourné. Renoir lui-même explique : Ce moment était un moment d'enthousiasme, c'était le moment du Front Populaire, sorte de feu d'artifice avant la catastrophe Mais les acquis de cette période sont eux aussi décrits, surtout dans Remorques de Gremillion (1939/40), où Michèle Morgan est une femme émancipée, qui ne rentre pas dans la critique sociale faite pas le cinéaste, qui par ses plans (intérieurs associés aux femmes, extérieurs- aux hommes) et ses travellings (arrière pour les femmes, et latéral pour les hommes) condamne les femmes au foyer et les hommes au travail. [...]
[...] Aussi, avait-il en tête Le jour se lève de Carné, où ce dernier fait résonner à la grisaille d'une banlieue industrielle, le rêve amoureux de l'ouvrier François. Ou enfin, nous pouvons citer la Chienne de Renoir, où il raconte une histoire qui se passe autour d'une belle femme parisienne, qui est prostituée. Paradoxalement, Renoir trouve qu' il n'y a rien de plus charmant qu'une jeune fille de la classe ouvrière qui marche, ou qui va attraper son train à la gare St .Lazare. [...]
[...] Il fait alors un film pacifiste, La Grande Illusion en 1937 et prône la fraternité entre les hommes, que religion, nationalités et origines sociales séparent. Comme pour sonner l'alarme, les cinéastes font tour à tour mourir l'icône du peuple français, leur représentant, dans leurs films. Il meurt ainsi dans Pépé le Moko de Duvivier, dans le Quai des brumes et Le jour se lève de Carné, et de La Bête humaine de Renoir. Les bateaux partent dans une fumée noire comme une crêpe de deuil, laissant sur le quai luisant de pluie les amours impossibles et le triomphe morbide des mouchards et des salauds. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture