Époque contemporaine, cinéma, cinéma français, Kapo, Gillo Pontecorvo, Nuit et Brouillard, Alain Resnais, De l'abjection, violence, Violences d'aujourd'hui, violence de toujours, Antoine de Baecque
L'après Seconde Guerre mondiale fût marquée, en Europe, par le besoin de s'exprimer sur les atrocités commises, de revenir sur l'Histoire, de se souvenir. Ainsi, lorsque Alain Resnais réalisa Nuit et Brouillard en 1955, il utilisa des images tournées en 1944 par Rudolf Breslauer, un photographe interné à Westerbork.
[...] La généralisation de la violence dans le cinéma contemporain Montrer les victimes à une époque où les guerres sont chose courante n'est pas simple. Alliés au besoin du réalisme historique qui est de plus en plus fort, les réalisateurs se doivent d'être précis sur la condition de la victime. Se pose alors la question de la mise au premier plan. Si dans Nuit et brouillard et Kapo, les victimes étaient au centre de l'histoire, qu'en est-il dans les films plus contemporains qui jouent sur l'antagonisme victime/agresseur ? [...]
[...] En conclusion, le fait de montrer une victime ne s'accorde pas nécessairement avec le fait de la mettre au premier plan. Le cinéma contemporain, de plus en plus violent (notamment le cinéma américain), oppose victime et meurtrier afin de faire naître une tension chez le spectateur. Mais les victimes sont souvent vite oubliées, au second plan du récit, contrairement au meurtrier que l'on suit tout au long du film. Seuls le drame historique ou le documentaire redonnent de la visibilité aux victimes, comme Nuit et Brouillard ou en sursis. [...]
[...] Comment montrer les victimes à l'époque contemporaine ? L'exemple du cinéma L'après-Seconde Guerre mondiale fût marquée, en Europe, par le besoin de s'exprimer sur les atrocités commises, de revenir sur l'Histoire, de se souvenir. Ainsi, lorsqu'Alain Resnais réalisa Nuit et Brouillard en 1955, il utilisa des images tournées en 1944 par Rudolf Breslauer, un photographe interné à Westerbork. L'aspect documentaire se veut le plus réaliste possible, mais le réalisateur invoque une part de subjectivité en choisissant de ne montrer que certaines images, bien choisies. [...]
[...] Alain Resnais montre les victimes comme un ensemble et ne met pas l'accent sur quelques individus. Il les considère tous, à parts égales, comme des victimes de la monstruosité nazie. Dans Kapo, Gillo Pontecorvo choisit de raconter une histoire autour d'un personnage, une juive devint Kapo, sur un fond sentimental et mélodramatique. Le récit très hollywoodien rend le film non justifiable d'un point de vue historique et mémoriel. Dans ce dernier cas, le réalisateur montre son personnage comme une victime qui finit par trahir les siens. [...]
[...] Toujours dans Violences d'aujourd'hui, violence de toujours, les auteurs reviennent sur une citation de Primo Levi : Primo Levi [ ] s'est lui aussi interrogé sur la cruauté inutile [ ] fondée sur l'idée qu'« avant de mourir, la victime doit être dégradée afin que le meurtrier sente moins le poids de sa faute Ici, la victime a donc le statut de faire-valoir, elle met le meurtrier en avant. Dans ce cas, c'est donc l'antagoniste principal qui a le rôle le plus important. La violence engendrée par celui-ci retombe sur la victime qui se fait objet récepteur. [...]
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