Le cinéma classique hollywoodien a déterminé une certaine forme de montage qui domine encore aujourd'hui une partie importante de la production cinématographique. Un montage invisible, utilisé essentiellement pour assurer la continuité spatiale, temporelle, mais surtout narrative d'une scène, d'un film. L'association de deux plans est alors synonyme d'unité, d'harmonie, de raccord.
Mais il existe une théorie du montage aux antipodes de cette conception. Une théorie qui prône le choc des images plutôt que leur union, le contraste plutôt que le simple assemblage. Commençons par un exemple, tiré du film "À propos de Nice", de Jean Vigo, de 1930. Nous avons ici deux plans successifs, l'un montrant des soldats paradant pour le carnaval, suivi immédiatement de l'image d'une croix dans un cimetière.
Nous reprendrons pour ce type de montage le terme d'Eisenstein : le montage des attractions. Ce type de montage est également parfois appelé montage par correspondances.
[...] Le montage par correspondances LE MONTAGE PAR CORRESPONDANCES Du cinéma soviétique au post-modernisme. Robert Bresson disait dans ces Notes sur le Cinématographe que Le lien insensible qui lie les images les plus éloignées et les plus différentes, c'est ta vision. Le cinéma classique hollywoodien a déterminé une certaine forme de montage qui domine encore aujourd'hui une partie importante de la production cinématographique. Un montage invisible, utilisé essentiellement pour assurer la continuité spatiale, temporelle mais surtout narrative d'une scène, d'un film. [...]
[...] Puis vint Griffith, qui fut l'un des premiers théoriciens de ce qui deviendra le montage classique, largement réutilisé à Hollywood. Le film devient alors association de fragments, mais l'on cherche l'unification de ces fragments. Peu à peu le faux raccord se place comme l'erreur à ne pas commettre. Cependant, dès les nouvelles théorisations de Griffith, certains cinéastes décident de se servir du montage non comme instrument au service de la narration mais comme véritable moyen d'expression. Le montage narratif devient alors expressif. Dans cette réflexion, les cinéastes soviétiques ont été en première ligne. [...]
[...] Resnais et Godard en tête redécouvrirent le montage visible Resnais utilise principalement ce montage dans ses deux documentaires : Les Statues meurent aussi et Nuit et Brouillard. Son utilisation est bien sûr loin d'être systématique. Mais le summum de ce procédé va être atteint par Godard dans ces dernières années de carrière. Déjà utilisé avec parcimonie dans ses premiers films (ses nombreux inserts de citations, de tableaux, etc . sans rapport spatio-temporel avec la situation, il peut être considéré comme une forme de montage par correspondance. [...]
[...] Bien au contraire. Le cinéma hollywoodien reprendra ensuite certaines des réflexions soviétiques mais d'une manière bien plus prudente. Du montage d'image en vue de créer un choc, Hollywood retrouvera son esthétique de la transparence, de la limpidité de la narration. Son esthétique du montage fera autorité pendant des décennies, adoptée quasiment unanimement, grâce à ses règles simples de raccords : raccord regard, mouvement Et bien que quelques cinéastes, comme Orson Welles refusent ce trop grand formaliste, le montage par correspondances sera quasiment oublié, jeté aux oubliettes par la conception narrativiste prédominant à l'époque. [...]
[...] Ainsi, le montage par correspondance est un montage de l'association, de la rupture, du choc des images plutôt que de leur contenu. C'est un langage intrinsèque au cinéma, car il ne peut exister sans un ancrage des images dans le temps. Les correspondances entre les images, parfois soulignées par le son ou la musique, font ainsi passer au spectateur, s'il n'est pas passif, une émotion, une idée, une notion. C'est un montage par essence intellectuel, car s'il se montre visuellement, son sens doit être déduit. [...]
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