Très tôt, Hollywood va se rapprocher du Pentagone. Le Pentagone est le nom donné au vaste bâtiment de forme pentagonale dans lequel, depuis 1942, siègent, à Washington, le secrétariat à la Défense et l'état-major des armées américaines. Employant plus de 80 000 personnes, il est au centre de la politique militaire et de la politique internationale des Etats-Unis.
1942, date de la création du Pentagone, est aussi l'année où le Président Roosevelt convoqua les plus prestigieux réalisateurs d'Hollywood, tels John Ford ou Frank Kapra, pour qu'ils contribuent à l'effort de guerre. De nombreux cinéastes participeront ainsi à la « mobilisation psychologique » du pays en réalisant des dizaines de films « patriotiques ». C'est à partir de cette date que s'instaureront des relations durables entre Hollywood et le Pentagone, car, lorsque la seconde guerre mondiale s'achève, la coopération ne s'arrête pas pour autant.
Ces relations prennent la forme d'une aide qu'accorde le Pentagone pour la production et le tournage de films de guerre, ou qui représentent des soldats américains. Elles sont à double sens, c'est pourquoi on peut parler d'une véritable coopération ou d'une relation de dépendance entre Hollywood et le Pentagone. En effet, le Pentagone n'accorde son soutien qu'à certaines conditions et en vue de satisfaire certains objectifs. D'autre part, les studios hollywoodiens ont besoin de cette aide.
Enfin, depuis quelques années, on note un changement de nature dans les relations entre Hollywood et le Pentagone. D'une part, après les attentats du 11 septembre 2001 avec la guerre en Irak, Hollywood est devenu moins critique vis-à-vis de l'administration américaine. D'autre part, les évolutions technologiques et numériques ont affecté les rapports entre l'armée et les studios hollywoodiens.
Quelle est la nature exacte de ces relations et quelles sont leurs bases ? De quelle manière se met en place cette collaboration ? Comment comprendre que les intérêts du Pentagone et de Hollywood puissent être mis en commun, conduisant ainsi à des relations de dépendance ? Après les attentats du 11 septembre 2001, comment a évolué la collaboration entre les studios hollywoodiens et l'armée ? Dans quelle mesure peut-on affirmer qu'il s'agit de véritables relations de dépendance ?
C'est ce que nous essaierons d'expliquer, en montrant comment, lorsqu'il s'agit de productions de films de guerre, le Pentagone reste dominant et comment, depuis les attentats du 11 septembre 2001 et l'arrivée des nouvelles technologies, les rapports se sont inversés.
[...] A une époque où les relations entre Hollywood et le Pentagone sont tendues la guerre du Vietnam vient juste de prendre fin le film Top Gun arrive à point nommé. En effet, la guerre du Vietnam a rendu Hollywood hostile au Pentagone. L'armée américaine souffre elle-même d'un discrédit immense et d'une certaine impopularité aux yeux de l'opinion américaine et fait face à une grave crise de recrutement. Le film Top Gun va, au début des années 1980, sceller la réconciliation entre le Pentagone et Hollywood. [...]
[...] C'est exactement le cas aujourd'hui pour les jeux : c'est une tentative des studios de devenir un acteur majeur dans l'industrie des jeux. Le Defense Modeling and Simulation Office, la DMSO, de la Air Force travaille depuis deux ans avec la Paramount Digital Entertainment pour préparer les officiers à la prise de décision en temps de crise. Paramount Digital et l'Information Sciences Institute de l'université de Californie ont développé un générateur de situations, le Story Drive Engine. Cet outil a été testé en juin 1999 à l'Industrial College of the Armed Forces lors d'un exercice baptisé Final Flurry. [...]
[...] Au bout de quelques mois seulement, des millions d'internautes l'avaient téléchargé et il existe aujourd'hui 3,3 millions de joueurs enregistrés à travers le monde, accomplissant plus de 600 millions de missions et jouant pendant plus de 60 millions d'heures. Doté d'un graphisme ultrasophistiqué et réaliste, il demeure l'un des produits phares de tout le secteur. Mais une des différences entre ce jeu et ceux du secteur privé est que celui-là possède un lien direct avec le site de recrutement de l'armée. Les chiffres exacts sur le recrutement n'existent pas, mais on sait que 28% des visiteurs du site Americasarmy.com cliquent sur GoArmy.com, le site officiel du recrutement de l'armée. [...]
[...] Mais le Pentagone ne soutient pas tous les films de la même façon. B La contribution du Pentagone à la réalisation de ces films est variable L'aide accordée par le Pentagone lors d'un tournage d'un film est plus ou moins développée. Certains films, considérés comme un enjeu majeur par l'armée américaine, font l'objet d'une collaboration extrêmement poussée entre Hollywood et le Pentagone. Il existe différents niveaux de coopération : L'armée américaine ne fournit pas la même aide à tous les films qu'elle décide de soutenir. [...]
[...] En plus de l'assistance technique et des lieux de tournage, les forces armées fournissent un nombre important de personnel, généralement des membres du contingent pour la figuration, et du matériel, comme des armes, des tanks, des porte-avions De nombreux films ont fait l'objet de cette Full cooperation parmi lesquels on peut citer Ailes de William Wellman sorti en 1929, Le Jour le plus long de Ken Annakin sorti en 1962, Les Bérets verts de John Wayne, sorti en 1968, Top Gun de Tony Scott, sorti en 1986, La Chute du faucon noir de Ridley Scott, sorti en 2001, Windtalkers, les messagers du vent de John Woo, sorti en 2001. A noter que, pour ce film, le Pentagone exigea en contrepartie de sa collaboration que des scènes jugées barbares soient censurées. Tous ces films n'ont pas reçu la même aide du Pentagone car l'aide que celui-ci accorde est proportionnelle aux bénéfices que les films peuvent lui apporter. [...]
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