Le cinéma, en tant qu'art, interroge sa forme et ses possibilités depuis ses origines. Alors qu'il s'est construit tantôt en opposition, tantôt en harmonie avec le théâtre, différents théoriciens ont rejeté la possibilité d'un cinéma qui prendrait d'une façon ou d'une autre le théâtre pour sujet. Au contraire, Jacques Rivette défend l'idée que « si on prend un sujet qui traite du théâtre de près ou de loin, on est dans la vérité du cinéma », et même, que regarder le théâtre apprend plus de choses au cinéma qu'un regard sur lui-même. Quelles origines ou similitudes peuvent justifier ce rapport étroit entre théâtre et cinéma ? Comment le théâtre peut-il dire quelque chose du cinéma ? Des limites à cette connivence existent-elles ?
[...] Alors qu'il s'est construit tantôt en opposition, tantôt en harmonie avec le théâtre, différents théoriciens ont rejeté la possibilité d'un cinéma qui prendrait d'une façon ou d'une autre le théâtre pour sujet. Au contraire, Jacques Rivette défend l'idée que si on prend un sujet qui traite du théâtre de près ou de loin, on est dans la vérité du cinéma et même que regarder le théâtre apprend plus de choses au cinéma qu'un regard sur lui-même. Quelles origines ou similitudes peuvent justifier ce rapport étroit entre théâtre et cinéma ? Comment le théâtre peut-il dire quelque chose du cinéma ? Des limites à cette connivence existent-elles ? [...]
[...] Cependant le cinéma possède une impression de réalité sur le spectateur. Or, si Jacques Rivette défend l'idée d'une partielle inefficacité et de l'inintérêt d'un cinéma autoréflexif, c'est peut être parce que montrer dans un film un autre film demande aussi la présence à l'image d'un écran, et montrer un tournage dans un film (tel Godard pour Le Mépris) demande de passer par la vision d'une caméra ou des moyens techniques d'enregistrement filmique, ce qui rompt fortement le réalisme ontologique du cinéma. [...]
[...] Le théâtre et le cinéma se sont tous deux donnés pour mission ontologique de donner à voir quelque chose à des spectateurs : c'est là leur ressemblance fondamentale. Ils utilisent tous deux le mouvement et la fiction, forme de récréation de la réalité, et forme de spectacle. Or, si c'est un lien de nature, le théâtre injecté dans le cinéma est susceptible de renforcer sa dimension spectaculaire. Cette fonction les relie donc étroitement. D'autre part, dans la fiction qu'ils donnent à voir, ils sont susceptibles d'utiliser des formes ou schémas narratifs similaires. [...]
[...] ) ne nécessite pas d'intermédiaire supplémentaire à l'intérieur de l'image. L'accès est immédiat, et il existe une continuité visuelle entre les deux niveaux de lecture par l'imbrication des deux fictions à l'image. C'est le cas dans Après la répétition, de Bergman, où, dans la scène de direction d'actrice avec Anna, le glissement de l'actrice dans la fiction du film à la comédienne qui joue Indra se fait sans heurt. C'est le cas avec Rakel un peu plus loin, lorsqu'elle auditionne avec le texte des Bacchantes d'Euripide. [...]
[...] On ne peut briser l'irréalisme du décor sans provoquer des contradictions : c'est là une limite du théâtre au cinéma. Le cinéma qui traite du théâtre de près ou de loin doit avoir la volonté de sortir le théâtre du cadre de la fiction qu'il utilise pour l'inscrire dans un projet cinématographique porteur de sens, au risque de passer à côté de la vérité du cinéma qu'il peut révéler. Le cinéma et le théâtre, semblables de nature, et utilisant des outils narratifs et matériels partiellement similaires, sont amenés à pourvoir collaborer et réfléchir sur leurs langages ; un cinéma qui parle du théâtre interroge sa relation à la réalité, ce qui l'approche de sa vérité et approfondit de plus son langage et ses possibilités, s'il en a l'ambition et s'il s'en donne les moyens au-delà de la citation ou de la copie. [...]
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