L'extrait que nous allons étudier s'étend du plan où l'on voit le soleil (1min10) au plan dans lequel on voit Mustafa Yakubu (2min17). En raison des doutes que j'avais à propos de la nature et des origines des images – je ne savais pas s'il s'agissait d'images d'archives ou bien d'images fictionnelles – j'ai fait des recherches et j'ai découvert que ce début de film était constitué d'images d'archives. En effet, ces plans sont extraits de divers documentaires sur les conflits en Afrique, tels que Cry Freetown (sur le Rwanda), La sierra Leone, et Delta Force (sur le Niger). Il me semble que c'est un choix stylistique singulier et original, étant donné que ce film n'est pas un film documentaire, mais plutôt un film de fiction. Le spectateur est ainsi plongé dans des faits authentiques, réels, et qui ont donc vraiment eu lieu.
Par ailleurs, nous avons affaire à une multitude de plans plutôt courts, puisqu'en une minute et sept secondes de film, vingt-sept plans « défilent ». Le cadre est instable, plus ou moins mobile selon les plans. Nous sentons qu'il n'y a pas de réelle volonté d'effectuer des mouvements de caméra. La mobilité du cadre donne un effet chaotique, et relève plus d'un recadrage (et donc d'une volonté de saisir l'événement, et d'arracher quelque chose à la réalité). Cet enchaînement de plans marque un rythme plutôt régulier, et en même temps, soutenu et rapide. En fait, il s'agit d'un montage en cut, d'où la sensation d'une accélération du rythme, ceci étant de mise et accentué par les plans courts bien évidemment. Le seul « effet optique » que nous avons est un fondu enchaîné au tout début de la séquence. De plus, nous remarquons que ce début de film est tourné en caméra épaule, ce qui nous rappelle le genre documentaire.
[...] Mais, ce genre de sujet reste tout de même assez rare, et singulier. En effet, beaucoup plus de films ont traités de la Shoah par exemple, et les plus grands en ont parlé d'ailleurs (ex : Spielberg). Mais pourquoi sacralise t-on plus certaines guerres que d'autres ? Ainsi, cet observateur, ce point de vue adopté n'est pas le point de vue d'un personnage, comme nous l'avons affirmé, et il peut donc représenter les yeux du reste du monde. Il est adoptable par tous. [...]
[...] La distance focale est longue et permet donc d'avoir une certaine profondeur de champ plutôt nette, malgré quelques flous dus à la mobilité du cadre. En ce qui concerne le point de vue, il n'est pas celui d'un personnage intradiégétique (subjectif, pas d'ocularisation interne), mais il s'avère être objectif, élément que reprend la voix-off qui est neutre - elle ne prend pas parti, elle ne donne pas son avis, mais se contente d'exposer la situation uniquement et qui est extradiégétique, comme nous le verrons un peu plus tard dans notre analyse. [...]
[...] Ici, nous avons la sensation que l'on va entrer dans un film documentaire. En effet, après avoir vu un générique tout à fait original - seules les boites de production, et le nom du film sont présentés- il me semble que l'on veut servir cette idée. Si les noms des acteurs avaient été inscrits, d'emblée, le spectateur - en voyant par exemple Monica Bellucci Bruce Willis ou encore Antoine Fuqua (réalisateur de films de fictions) aurait été plongé dans un film de fiction pure. [...]
[...] Ainsi, le second plan (après le soleil) contient ces deux éléments qui seront dans le reste du film. De plus, comme nous l'avons dit auparavant, les plans sont comme doublés, et forment donc un couple. Ainsi, ils sont comme précurseurs, indicatifs de ce que nous allons voir dans la suite du film. Ils indiquent qu'ici des actions se répètent (fuite, fusillade actions que l'on retrouvera par la suite dans le film. Cependant, l'action ne se passera plus en ville, mais dans la forêt, dans des villages, et les massacres nous apparaîtrons beaucoup plus discrets, et donc beaucoup plus pervers et sadiques. [...]
[...] Nous sommes incapables d'intervenir ; nous sommes comme paralysés, impuissants face à cela. Si il y avait eu une véritable envie d'intervention, ou du moins le pouvoir d'intervenir, sans rester impuissant, l'action n'aurait-elle pas été montrée par un travelling avant ? Ici encore, nous avons la sensation de rester à l'écart pour ne pas se mettre en danger. Nous voyons que les Ibos sont parfois seuls dans le champ, alors que lorsque nous voyons les Fulanis, c'est forcément dans des plans dans lesquels les Ibos sont aussi présents. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture