" Les premières vingt-quatre heures d'invasion seront décisives. Pour eux comme pour nous, ce sera le jour le plus long, le jour le plus long… ". Felmarechal Rommel, sur le mur de l'Atlantique, à la dixième minute du film " Le jour le plus long ".
Puis le célébre pom-pom-pom-pom de la Veme de Beethov' (et de Radio Londres…) vient précéder le titre du film. Ce film, " Le jour le plus long " (" The longest day "), son producteur Darryl F. Zanuck l'a voulu grandiloquent. Il veut, 18 ans après le débarquement allié sur les plages normandes, marquer de son empreinte l'histoire du cinéma.
Qui est Darryl Francis Zanuck pour s'offrir une telle ambition ?
Zanuck (qui est né en 1902) fut un des premiers " nababs " qui régnèrent sur l'industrie cinématographique américaine. Il participe très jeune à la première guerre mondiale sur le front français dans la 37 eme division de l'Ohio.
De retour aux Etats-Unis, il rédige des scénarios et devient l'un des collaborateurs préféré de Jack Warner. En 1933, Zanuck fonde la Twentieth Century Picture Company (qui fusionne avec la Fox en 35. Dès lors, Zanuck va multiplier les productions " Gentleman's Agreement " de Kazan en 47, " Les raisins de la colère " ou " Niagara " avec Marilyn.
En 1953, Zanuck lance le procédé cinémascope, le cinéma va devenir un spectacle d'exception.
1961, Zanuck décide de produire LE film adapté au cinémascope, LE film de guerre sur la 2nde guerre mondiale… Le scénario de ce film est inspiré d'un livre de Cornelius Ryan (" Le jour le plus long " publié en 1959 ), et est adapté par Romain Gary, J. Jones, D. Pursall et J. Seddon. Présentant les préparatifs du Jour J (la journée du 5 juin 44) et les premières 24 heures de l'opération (comme nous le dit Rommel au début du film), Zanuck se donne pour mission de monter une vaste fresque historique à la mémoire des " combattants pour la liberté ".
Le casting est sensationnel (nous y reviendrons), les moyens (tant techniques que financiers) mis en œuvre sont considérables, la réalisation du premier grand film sur le Jour J est en marche…
Pourtant, près de 40 ans après la sortie du film, on peut se demander en quoi " Le jour le plus long " de Zanuck propose une vision particulière du débarquement, car avec sa vision à la fois originale et clairement partisane, il reste une œuvre grandiloquente dans laquelle la mémoire est celle des Héros alliés…
Afin de démontrer comment le film de Zanuck se joue des réalités historique, afin de glorifier la mémoire à la fois des tués mais aussi des dirigeants militaires ( " Le Jour le plus long " est davantage un film sur le commandement militaire), nous verrons dans un premier temps de quelle façon le cinéma hollywoodien s'est emparé du " mythe 6 juin " avec tout son étalage de stars, de moyens et tout ce que cela entraîne. Puis dans un second temps nous essayerons de replacer l'œuvre de Zanuck dans une perspective de mémoire historique.
[...] Le jour le plus long ou la mémoire glorifiée Introduction " Les premières vingt-quatre heures d'invasion seront décisives. Pour eux comme pour nous, ce sera le jour le plus long, le jour le plus long Felmarechal Rommel, sur le mur de l'Atlantique, à la dixième minute du film " Le jour le plus long Puis le célébre pom-pom-pom-pom de la Veme de Beethov' (et de Radio Londres ) vient précéder le titre du film. Ce film, " Le jour le plus long " The longest day son producteur Darryl F. [...]
[...] Et c'est de ce coté que le bat blesse pour le " Jour le plus long " Car si le générique est époustouflant, le respect de la trame historique l'est beaucoup moins. Ainsi, le général allemand Max Pemsel déclare dans le film : " Wir haben starke RADAR-storungen " (nous avons de fortes interférences radar en français), or le mot radar n'était pas utilisé, peut-être même pas connu en Allemagne en 1944. En effet ils utilisaient un système presque similaire appelé " Funkmessgerate anachronisme évident que Zanuck aurait pu éviter. [...]
[...] Il reprend une dernière fois ses jumelles pour scruter l'horizon : " enfin l'aurore, encore une nuit sans sommeil. Un coup d'œil avant de partir. Rien. Il n'y a pas âme qui vi [apparaissent alors les milliers de navires qui sortent de la brume] Le débarquement, ils arrivent ! A noter que cette expression " ils arrivent ! " sera reprit par Paul Carrel dans son ouvrage " Sie Kommen ! " ou le débarquement vu du coté allemand. [...]
[...] Le spectateur est plongé au cœur d'une boucherie atroce. Le sang gicle, les hommes tombent les uns après les autres, chacun cherche à se protéger, à survive. Les vagues sont rouges de sang Le réalisme de la guerre à son paroxysme. On le voit la Mémoire d'un événement se modifie. L'Amérique des années 60 voyait le Jour J comme un jour de gloire, celle de la fin du siècle le voit sanglant et acharné Reste que la Mémoire, la vraie, celle des anciens combattants, doit être toute entière comprise et entendue, n'oublions jamais les batailles de la liberté qui se sont déroulés sur le continent européen au printemps 44. [...]
[...] Là Zanuck retrouve enfin l'Histoire et la mémoire du débarquement. En effet, voir Mitchum avec son cigare sur la plage d'Omaha ( qu'on a surnommé " la sanglante " du fait de la présence inattendue de troupes allemandes qui massacrèrent les premiers débarqués) n'a rien de saisissant et la réalité historique est bien loin Par contre, la présence de vétérans fait entrer la Mémoire vivante dans l'œuvre cinématographique. Ainsi, Richard Todd (qui joue le rôle du Majord Howard de la British 6th airborne) était lui-même en Normandie le Jour et participa sous le grade de Lt Todd à l'assaut en planeur de Pégasus Bridge. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture