« Tu infâmes » déclare Jean-Claude Brialy à Anna Karina, qui lui répond « non, je suis une femme ». Ce jeux de mot de Jean-Luc Godard dans Une femme est une femme est assez révélateur d'une des tendances de représentation de la femme dans le cinéma de la Nouvelle Vague. Ce mouvement, qui a tout de suite passionné les critiques et les théoriciens, est devenu un objet de culte chez les différentes générations successives de cinéphiles, mais il est rarement abordé sous l'ange des femmes.
Les années 1960 marquent, dans un contexte de modernisation économique, politique et politique, la prise de conscience de l'aliénation des femmes, le développement de la lutte et une libération des mœurs après les années 1950 imprégnées de puritanisme. Dans ce contexte d'innovation, également culturelle (le nouveau roman), est née la Nouvelle Vague, favorisée par la politique d'aide publique d'André Malraux, qui crée le système de l'avance sur recette en 1959 et par une industrie cinématographique particulièrement florissante. Il est difficile de baliser la Nouvelle Vague, mais on peut considérer qu'elle commence au début de 1959, quelle décline dès 1962 et qu'elle se termine au milieu des années 1960. En cette période pré-mai 1968, le cinéma de la Nouvelle Vague, ou du moins le groupuscule formé par les critiques des Cahiers du Cinéma, appelés les « Jeunes Turcs », s'est tenu à l'écart des contestations de la société. Le renouvellement de cinéastes n'a pas coïncidé non plus avec l'émergence des femmes en France, Agnès Varda étant la seule réalisatrice de la Nouvelle Vague.
Mais la Nouvelle Vague, comme le déclare François Truffaut en 1961, « ce n'est ni un mouvement, ni une école, […] c'est une quantité, c'est une appellation collective inventée par la presse pour grouper 50 noms de nouveaux qui ont surgi en deux ans». Ces jeunes cinéastes, qui ont une volonté commune de rupture (vis-à-vis de l'esthétique classique et des structures de production) ont eu des formes d'expression et des propos variés, ce qui explique les représentations différentes de la femme dans leur cinéma.
Quelle est la représentation des femmes dans le cinéma de la Nouvelle Vague, et chez ses principaux cinéastes ? Quelle influence ont les mutations de la société dans ce cinéma, dans l'ensemble peu politisé ?
D'abord, le cinéma de la Nouvelle Vague exprime le malaise de la jeunesse des années 1960, mais d'un point de vue subjectif de cinéastes masculins (I), ce qui peut être analysé dans les films de Claude Chabrol, Truffaut et Godard (II). Cependant, il a existé des alternatives à cette vision de la femme, qui se sont prolongées avec la naissance d'un cinéma féministe et de femmes dans l'après – Nouvelle Vague (III).
[...] L'aspect technique de la réalisation s'est amoindri, et c'était cet aspect qui auparavant éloignait les femmes du cinéma, quand la division des tâches par sexe voulait que les hommes soient les créateurs ou les maîtres de la technique, et les femmes les costumières, maquilleuses ou scriptes.[11] La principale innovation de la Nouvelle Vague est l'apparition du concept d'auteur. Pour ces jeunes cinéastes, il est important d'être son propre scénariste et de filmer de manière subjective. Ainsi sont nés beaucoup de films à dimension autobiographique, dont Les 400 coups. [...]
[...] Quelle est la représentation des femmes dans le cinéma de la Nouvelle Vague, et chez ses principaux cinéastes ? Quelle influence ont les mutations de la société dans ce cinéma, dans l'ensemble peu politisé ? D'abord, le cinéma de la Nouvelle Vague exprime le malaise de la jeunesse des années 1960, mais d'un point de vue subjectif de cinéastes masculins ce qui peut être analysé dans les films de Claude Chabrol, Truffaut et Godard (II). Cependant, il a existé des alternatives à cette vision de la femme, qui se sont prolongées avec la naissance d'un cinéma féministe et de femmes dans l'après Nouvelle Vague (III) La Nouvelle Vague exprime le malaise de la jeunesse des années 1960, du point de vue subjectif de cinéastes masculins 1.1 L'origine de la Nouvelle Vague et ses liens avec la jeunesse à l'aube des années 1960 A l'origine, l'expression Nouvelle Vague n'était pas associée au cinéma mais à un nouveau phénomène générationnel mis en valeur dans une enquête sociologique de l'IFOP auprès de huit millions de Français et Françaises de dix-huit à trente ans. [...]
[...] VECCHIALI Paul, Les parapluies de Cherbourg (1964), in La nouvelle vague, Textes et entretiens parus dans les Cahiers du Cinéma, op.cit., p.115-120. AUDé Françoise, op.cit., p.70-71. VECCHIALI Paul, op.cit, p.115-120. ROLLET Brigitte, op.cit . Comme les réalisatrices Marguerite Duras, Ariane Mnouchkine, Agnès Varda et les actrices Catherine Deneuve, Françoise Fabian, Bernadette Laffont Micheline Presle, Marie-France Pisier, Jeanne Moreau, Delphine Seyrig. AUDé Françoise, op.cit., p. 105-107. Brigitte ROLLET, op.cit. [...]
[...] En représentant des couples avec des femmes beaucoup plus jeunes que leur partenaire, les réalisateurs français ont tendance à remettre en avant des personnages de femmes-enfant.[72] Mélange de modernité et d'archaïsme, d'authenticité et de fantasme, de prise en compte des nouvelles réalités sociologiques et de réaffirmation implicite de la domination masculine, le cinéma de la Nouvelle Vague a souvent présenté une image de la femme ambiguë voire misogyne, exprimée par des auteurs masculins voulant représenter leur point de vue strictement subjectif. Cependant l'intrusion d'un cinéma de femmes, par Duras et Varda, a permis de proposer des visions alternatives à cette image. Mais le véritable cinéma de femmes s'est développé après la Nouvelle Vague, à partir de mai 1968, permettant à des réalisatrices encore trop peu nombreuses de présenter aujourd'hui leur vision de la société. [...]
[...] ROLLET Brigitte, op.cit. AUDé Françoise, op.cit, p. 97-102. ROLLET Brigitte, op.cit. GARBARZ Franck, Le cinéma français au féminin,http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/france_829/label-france_5343/ les-numeros-label-france_5570/lf44-cinema_11343/cinema-francais- retour_11344/cinema-francais-au-feminin_21702.html HALBRONN Jacques, op.cit. [...]
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