Analyse d'un groupe : le film "Les hooligans"

Résumé du document

Renvoyé de la prestigieuse université de Harvard pour un délit qu'il n'a pas commis, Matt Buckner part se faire oublier chez sa s?ur en Angleterre. Là-bas, il découvre la fièvre qu'engendre le football, et surtout les groupes de supporters qui défendent l'image et la réputation de leur club comme une religion.

Extraits

[...] Dans notre société, de nombreux jeunes se sentent délaissés et ils se considèrent comme des êtres anonymes. En venant au stade, ils ont le sentiment de représenter quelque chose. Ils se réfèrent au modèle britannique. Pour eux, la violence l'emporte. L'objectif, c'est la bagarre. Parfois, ils fixent même des rendez-vous hors du périmètre du stade pour se battre Ce sont des jeunes de la rough working class, la classe ouvrière dure. Ils proviennent pour la plupart des faubourgs désindustrialisés et cherchent à affirmer leur identité ouvrière en crise. [...]

[...] A Naples par exemple, un groupe d'Ultras possède sa propre émission TV hebdomadaire. Les Ultras entretiennent généralement de bons rapports avec le club. Ils proviennent de toutes les couches de la société et ils considèrent le match en quelque sorte comme une guerre. Les noms des clubs ont d'ailleurs une consonance guerrière. (Commando, Fighters, Warriors, Korps, Brigatta, Falenge d'assolto). Voici l'extrait d'un discours du leader des Fighters, un club Ultra de la Juventus de Turin : "Ici, au stade, je suis reconnu pour ce que j'ai fait, alors que dans mon travail, je ne suis reconnu pour rien". [...]

[...] Etudiant modèle, il va chercher à suivre les habitudes du groupe notamment en consommant de l'alcool et en fumant alors que ces pratiques lui étaient auparavant étrangères, c'est ce que l'on appelle le conformisme. Ce phénomène concerne des situations où une norme existe déjà, soutenue par la majorité du groupe. Matt va se conformer par identification, il importe dans ce cas de préserver des relations positives avec un groupe auquel on tient. C'est l'une des idées que développa Kelman en1958. Il se conforme parce qu'il s'identifie au groupe et qu'il veut lui plaire. On parle alors d'influence normative, son enjeu est l'acceptabilité sociale. De plus, la conformité sera facteur de socialisation. [...]

[...] Là-bas, il découvre la fièvre qu'engendre le football, et surtout les groupes de supporters qui défendent l'image et la réputation de leur club comme une religion. Sensible à l'esprit de camaraderie et à cette volonté d'absolu, Matt se laisse entrainer, mais prend aussi peu à peu conscience des coulisses d'un sport dont les joueurs sont les seigneurs et les fans des mercenaires Ces cercles très fermés sont prêts à tout pour renforcer leur réputation et asseoir leur suprématie. La compétition ne se déroule pas que sur les stades, et entre ces groupes extrêmes, il n'y a jamais d'arbitre. [...]

[...] Ils refusent également les modèles d'embourgeoisement. Ils s'organisent en petites bandes éphémères (crews) et l'expression de leur violence est immédiate. Dans les stades, ils se situent dans les kops. Parmi ces supporters, nous connaissons les skinheads ou bien les casuals, plus âgés, aisés, vêtus à la dernière mode, qui paraissent inoffensifs mais peuvent s'adonner à une violence très prononcée. En effet, la majorité des noyaux durs des sides est peuplée de jeunes provenant de milieux défavorisés ou peu aisés. A ce titre, le jeune préfère se forger une identité négative que de ne pas en avoir du tout. [...]