L'inspecteur Nishi (Beat Takeshi) laisse son collègue Horibe (Ren Osugi) lors d'une planque pour se rendre au chevet de sa femme Miyuki (Miyuki Nishi). Horibe est gravement mutilé et devient paraplégique à la suite d'une fusillade. La femme de Nishi est également condamnée par un cancer. Horibe confie à Nishi qu'il aimerait se mettre à la peinture tandis que celui-ci démissionne de la police, à la suite de l'arrestation sanglante de l'agresseur d'Horibe qui a coûté la vie à un policier.
Recherché par les yakuzas à qui il a emprunté de l'argent pour offrir un matériel de peinture à Horibe, Nishi décide de braquer une banque afin de les rembourser, puis d'offrir un voyage à sa femme dans les montagnes japonaises.
Pourchassé par la police et par les yakuzas qui réclament des intérêts sur la somme empruntée, Nishi les éliminent avant d'être retrouvé par un ancien collègue.
Celui-ci offre au couple un dernier moment de joie au bord de la plage, deux coups de feu retentissent alors, marquant le suicide du couple se trouvant dans une impasse.
[...] Des scènes où l'on ressent un profond amour entre lui et sa femme vont être entrecoupées d'autres scènes de violence extrême. C'est, paradoxalement (ou pas, car on peut croire que ce résultat, cette mort finale, était attendue dès le départ et faisait partie de son plan), en voulant mettre de l'ordre dans sa vie qu'il va être plongé dans le chaos. On voit aussi dans ce personnage une opposition passé/présent. Il y a un Nishi d'avant et un Nishi d'après la tragédie. [...]
[...] Plus tard, alors que Nishi, après avoir massacré toute une bande, feint de tirer sur un yakuza avec son revolver vide, un cut brutal nous montre une giclée de peinture rouge lancée sur une toile d'Horibe. La violence en Nishi s'exprime en véritable violence sanglante, celle en Horibe ne s'exprime qu'en peinture. Cette relation entre les deux personnages est au fond hautement symbolique, et peut-être considéré comme l'essence de toute la dualité du film. Le scénario en lui même, ou plutôt l'histoire, les événements qui se passent, tout ça n'a qu'une importance mineure. La simplicité de l'histoire permet d'accéder à ce niveau plus symbolique. [...]
[...] Le Nishi d'après est, lui, si c'est possible, encore plus renfermé, rongé par la culpabilité et le remord, enclin à des accès de violence (deuxième partie de la réplique : "Mais quand il pétait les plombs, M. Nishi était bien plus violent."). Cette opposition avant/après est d'avantage marquée par l'apparence physique du personnage que par le jeu d'acteur en lui même. L'attirail du Nishi post-tragédie, ses habits austères, toujours noirs et ses lunettes de même, cachant totalement son regard, contribue à son inaccessibilité, son hérméticité, son détachement envers ce qui l'entoure, envers la vie. [...]
[...] Le surnom d'acteur qu'utilise Takeshi Kitano Beat Takeshi vient d'ailleurs de cette époque. Kitano jouera par la suite des personnages plus sombres pour la télévision, avant de commencer dans le cinéma, en jouant un policier maladroit et drôle dans Danpu-Wataridori Malgré l'échec du film et la dissolution du duo au début des années 80, Kitano devient une personnalité importante dans son pays, animant des émissions de télévision et écrivant des poèmes et des romans. En 1989, il réalise son premier film Violent Cop par un concours de circonstances, suite au désistement du réalisateur initial. [...]
[...] Les magnifiques peintures que l'on peut voir dans le film sont d'ailleurs en réalité celles même de Takeshi Kitano. Il va ainsi nous montrer que c'est grâce à l'art qu'il a réussi à survivre, l'art sans lequel il aurait peut-être connu une fin plus tragique. Le film se fait réflexif, témoignage d'artiste sur le but et le sens de sa condition, l'art comme soutien, comme béquille, l'art dans lequel on peut se perdre pour oublier sa tourmente, l'exorciser. L'art permettant de penser, réaliser la mort sans en commettre l'acte. [...]
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