Si le cinéma est une industrie, c'est d'abord un art. Le produit culturel et en particulier le film n'est pas une marchandise « comme les autres ». En fait, le cinéma est par nature paradoxal. Ce paradoxe tient à sa qualification d'industrie culturelle.
« Le cinéma est une industrie » : Malraux l'écrivait en 1937 et cette affirmation se vérifie aujourd'hui encore. S'il a ensuite été rejoint par le disque ou le livre, le cinéma est le premier mode d'expression à s'être présenté à la fois comme une œuvre artistique et comme un produit industriel destiné à être consommé par le plus de personnes possible.
Dans son essai, L'œuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique, le philosophe Walter Benjamin, analyse la particularité que possède le cinéma d'être un art reproductible. Par conséquent, le concept d'œuvre originale ne peut plus avoir le même sens que pour un art classique comme la peinture. De plus, il devient possible de diffuser le film à grande échelle et donc à l'international. C'est d'ailleurs probablement en réaction à l'industrialisation croissante du cinéma que se développent les arts comme l'art vidéo qui nécessite la présence de l'artiste et empêche ainsi toute reproductibilité.
Une autre propriété faisant du cinéma une industrie est l'importance des enjeux financiers afférant à l'œuvre cinématographique. D'une part, les moyens nécessaires, aussi bien humains que technologiques sont considérables. Il est donc indispensable de mettre en marche un processus de récolte des fonds en amont de la réalisation du film. L'économie du projet est alors spécifique dans ce sens que l'investissement se fait très souvent plusieurs mois avant tout encaissement. Un producteur sera alors extrêmement attentif aux résultats du film en salles, qui détermineront en outre les recettes futures que seront les ventes aux chaînes de télévision, les ventes de DVD ou encore la commercialisation de produits dérivés.
En tant que produit industriel, le film est lui aussi soumis à la mondialisation et s'exporte de plus en plus. Nous verrons plus tard que l'exportation est même devenue une condition sine qua none pour le bon financement d'un film. En effet, les films ne peuvent plus être rentabilisés sur leur seul territoire national, ils doivent générer des recettes à l'étranger pour amortir les coûts de production démesurés pour le cas de blockbusters. Le marché du film a donc tendance à s'internationaliser. La France se présente comme l'un des marchés les plus ouverts puisque le public français, surtout à Paris, a la possibilité d'assister à des projections de films internationaux. Ainsi, sur les 589 films sortis en 2006, 242 étaient français, 177 américains, 100 européens et 70 d'autres nationalités .
Le cinéma revêt donc des propriétés qui en font un produit industriel. Mais il ne faut surtout pas omettre qu'il est avant tout le fruit d'une expression artistique aussi noble que toute autre. Il y a certes quelques dérives, quelques films qui tendent à se rapprocher de simples produits, marchandises. Toutefois, le cinéma demeure le septième des arts, en complément de l'architecture, la peinture, la sculpture, la musique, la danse et la poésie.
On pourrait alors envisager que plus qu'une industrie culturelle, le cinéma est un art industriel. Au delà d'une simple question sémantique, cette expression remet l'art au cœur du projet cinématographique.
[...] Le président américain Hoover déclarait dans les années 30 que les États-Unis vendaient deux fois plus d'automobiles, de casquettes, de phonographes dans les pays où étaient diffusés ses films. Cette hégémonie américaine a donc très tôt été un choix. Les États-Unis ont ainsi été les premiers à standardiser la création cinématographique. D'autre part, compte tenu de l'importance du territoire américain, les films sont plus rapidement amortis qu'en Europe, ce qui signifie que leur prix de vente à l'export est moindre. S'ils exportent plus et moins cher que les autres, c'est d'abord pour une raison pragmatique de marché intérieur que par réel désir de colonisation culturelle. a. [...]
[...] L'Inde demeure un cas exceptionnel qui accueille dans ses salles chaque jour 15 millions de spectateurs[5] par jour. Bollywood est donc une des seules industries du cinéma au monde qui tient tête au cinéma hollywoodien. C'est parce qu'il existe un important décalage de culture et surtout de tradition cinématographiques. b. La part des cinématographies étrangères aux États-Unis Si la diffusion du cinéma américain est très large, le marché américain demeure très fermé. En effet, la part des films étrangers aux États-Unis ne dépasse pas des films diffusés. [...]
[...] Si les États-Unis dominent sur le marché du film, le constat se vérifie également sur les marchés du livre ou celui des œuvres d'art. L'inégalité des échanges au niveau international est incontestable dans bien des domaines et particulièrement sur le marché du film. Les échanges se font entre pays développés et excluent de fait les autres pays. Le risque est alors le suivant : éloigner les cultures typiques des pays les moins développés. La mondialisation inégale des échanges culturels menace les cinématographies nationales, car les productions ne s'exportent pas suffisamment. [...]
[...] En tant que produit industriel, le film est, lui aussi soumis, à la mondialisation et s'exporte de plus en plus. Nous verrons plus tard que l'exportation est même devenue une condition sine qua non pour le bon financement d'un film. En effet, les films ne peuvent plus être rentabilisés sur leur seul territoire national, ils doivent générer des recettes à l'étranger pour amortir les coûts de production démesurés pour le cas de blockbusters. Le marché du film a donc tendance à s'internationaliser. [...]
[...] II occupe, à quelques exceptions près, la première offre de films partout dans le monde. C'est probablement grâce à sa puissance commerciale que la cinématographie américaine est parvenue à s'imposer à travers le monde. Chaque année, près de 500 films sont produits par Hollywood, parmi lesquels 10% sont exportables Chaque année, les États-Unis peuvent donc commercialiser 50 films sur le marché mondial, soit près d'un film par semaine. C'est ainsi qu'Hollywood a créé des relais de distribution partout à travers le monde alors que la plupart du temps, les autres pays confient la diffusion de leur production à des distributeurs locaux. [...]
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