Puisque nous nous proposons d'examiner ici la fonction et le sens de l'image-Godard dans Histoire(s) du Cinéma, (la règle du je) il fallait commencer par là : cette image n'est pas création mais distorsion, travail, précipitation de l'image médiatique. La manipulation est si réussie qu'il est difficile de voir Godard aujourd'hui autrement que comme l'auteur d'H(s)dC ou mieux : l'auteur dans Histoire(s) du Cinéma
[...] Quelle que soit l'explication qu'on leur donne, les signes produits par l'image Godard sont là, uniquement parce que ce corps est devenu une image, que ce corps est passé devant la caméra ; c'est absolument différent de la littérature, puisque le nom qui entre dans le système de signes qu'est le langage n'est pas la chose, et que toute littérature peut être vue comme jeu (au sens propre et figuré) entre être physique et créature verbale : la production de sens est prévue. On peut filmer le travail, pas les cœurs parce que la surface qui signifie le travail (v. renvoie immédiatement aux cœurs mais pas seulement, pas de façon univoque (comme viennent de le prouver nos trois hypothèses). [...]
[...] Les chapitres 1A&B font passer l'Image de Godard par le rôle obligé du créateur avec une telle fréquence qu'il n'en reste rien ; l'image qu'on pouvait confondre avec le réel est évidée, prête à recevoir les mise en scène plus travaillées des chapitres suivants. A tous égards, ces deux initiations font de ces chapitres un véritable temps pré-historique de l'Image de Godard comme de l'œuvre, qu'on pourrait comparer à certains brouillons littéraires comme Dédalus de Joyce, faisant passer du je au il tout en conservant l'aspect lyrique. B. [...]
[...] Dans le cadre de notre étude, on se limitera à une distinction simple Image de Godard/autres images. relation de différenciation 1-une sur-image : l'image-projecteur Lorsque Godard, surtout dans les épisodes 1a&b, énonce des titres d'œuvres en regardant hors-champs, les images qui s'affichent semblent être celles qu'il regarde et qu'il nous donne à voir, qu'il projette. Elles peuvent être lues comme des explications ou des illustrations des Thèses avancées par le Godard-qui-parle ,mais cette lecture textualisante de l'image est contraire aux idées de Jean-Luc Godard sur la question. [...]
[...] La troisième hypothèse nous éloigne encore de Godard en tant qu'individu puisqu'il s'agirait non de l'histoire d'un homme mais de plusieurs, c'est à dire d'un film. L'Image de Godard figurerait tour à tour chacune des professions requises pour la fabrication de l'objet dans l'ordre de leur intervention : critique toujours, puisqu'il s'agit là du point de départ invariable, puis scénario synopsis (3A : le réalisateur s'inspire des peintres pour créer de nouvelles images), musique réalisation et dans ce cas le 4B figurerait quelque chose d'étrange : son rangement avec d'autres produits enregistrés cela s'écrit cela s'enregistre »etc.) et l'oubli qui en résulte. [...]
[...] TOUTES LES IMAGES On a vu que l'Image de Godard était omniprésente dans Histoire(s) du Cinéma, qu'elle présentait Jean-Luc Godard en tant qu'artiste au travail. Connaissant Jean-Luc Godard comme l'auteur du film, le spectateur est tenté d'attribuer a l'Image de Godard l'autorité(ici : auctoritas ) sur les autres images qu'il voit. On a vu cependant que l'Image de Godard n'était qu'une représentation du travail du créateur et qu'elle n'éclairait en rien la méthode de Godard ni les intentions qui la fondent. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture