Fin tragique, Pasolini, prises de position directes, massacre du poète, assassinat, cinéma, fascisme
On peut aisément imaginer que Pasolini se soit mis à dos le pouvoir. Ses prises de position directes et vengeresses auraient difficilement pu laisser le pouvoir de marbre. Mais il s'était mis à dos aussi les féministes, dans une position sans doute beaucoup plus nuancée, mais du coup pas facile à comprendre pour des activistes dont le niveau de réflexion ne dépasse parfois que difficilement le ton de la polémique. Certaines féministes voulaient littéralement lui arracher les yeux. C'était bien sûr le cas lorsqu'il prenait position contre l'avortement libre dans une époque où tous les bien-pensants de gauche déclinaient des avis favorables.
[...] C'était la volonté de Pasolini. Pasolini, par ses choix, par ses déclarations, par sa personnalité, fait l'objet d'une violence croissante. Il le sait, il le sent, il ne cesse de le déclarer au cours des derniers mois, utilisant de manière régulière et croissante le mot lynchage : On lynche quelqu'un quand on prend un de ses concepts, qu'on le réduit à sa façon et que, sur le ton de la délation, on en fait une cible facile pour le mépris et l'hilarité du public. [...]
[...] Pasolini a été tué pour que le nœud social homosexuel refoulé reste inconscient, qu'il soit scellé dans le sang de quelqu'un qui pouvait le dire. Il s'agit d'une demande sauvage d'aphasie. Au fond, les circonstances, si elles importent, ne sont pas l'essentiel. Pasolini mort, l'essentiel est qu'on a voulu le faire taire, lui ôter toute possibilité de parole afin de permettre à l'abjection de suivre son cours tranquille. C'était oublier que si les poètes sont fragiles comme le sont les humains, leurs œuvres ne se déploient véritablement qu'une fois débarrassées de leur corps physique. Indépendantes. Inaltérables. [...]
[...] Le massacre de Pasolini relevait du massacre à l'antique. Ce n'était pas la haine d'un homosexuel qui animait les meurtriers, mais la haine du premier écrivain italien qui ait tenté de parler à fond de politique et de sexualité. L'écrivain, l'écrivain qui joue son rôle, gêne la société incapable de se représenter dans ses livres et, pour le cas de Pasolini, dans ses films. Elle est incapable de regarder en face ce qui la tourmente, ce qu'elle vomit dans des explications sans fin et sans cohérence : une telle société est menacée d'aphasie. [...]
[...] C'est-à-dire avec la volonté, l'irrationalité et même la liberté qui permettent de feinter la réalité, pour raisonner dessus librement. Pasolini reproche au PCI son compromis historique ; il reproche aux radicaux de revendiquer le droit à un bonheur identique à celui de la classe dominante. Les évolutions sociales engendrent de nouveaux rapports sociaux et, partant, une nouvelle humanité : Si la seconde révolution industrielle, grâce aux nouvelles et immenses possibilités qu'elle s'est données, produisait à partir de maintenant des rapports sociaux non modifiables ? [...]
[...] La fin tragique de Pasolini On peut aisément imaginer que Pasolini se soit mis à dos le pouvoir. Ses prises de position directes et vengeresses auraient difficilement pu laisser le pouvoir de marbre. Mais il s'était mis à dos aussi les féministes, dans une position sans doute beaucoup plus nuancée, mais du coup pas facile à comprendre pour des activistes dont le niveau de réflexion ne dépasse parfois que difficilement le ton de la polémique. Certaines féministes voulaient littéralement lui arracher les yeux. [...]
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