On peut se demander en quoi Tirez sur le pianiste et Jules et Jim s'inscrivent dans la Nouvelle Vague, au niveau notamment de l'esthétique de l'image et du travail du son, car le cinéma est avant tout un art plastique. Il est alors naturel de s'interroger ensuite sur la manière dont François Truffaut nous donne à voir sa conception du monde, de l'amour, des femmes, son idée de la mort, à travers deux scénarios très différents mais qu'il a traités avec la même doigté
[...] Les deux enfants sont une sorte de pont entre les deux films, et nous poussent aussi à nous interroger sur les relations entre les deux œuvres. Les jeux de miroir sont très présents tout au long des deux films. Ainsi, on voit plusieurs scènes de Tirez sur le pianiste, non pas directement, mais à travers le reflet qu'en donne le miroir. C'est par exemple le cas lors de la dispute entre Thérésa et Charlie. De même, lorsqu'ils s'enlacent, on voit à gauche du plan le couple de face, tourné vers la caméra, et à droite, le reflet de dos qu'en donne le miroir. [...]
[...] De même, Jim et Jules connaissent des problèmes d'identité. Un exemple flagrant de la confusion nous est donné à voir à l'arrivée de Thérèse au début du film. En effet, elle se trompe souvent et n'arrive pas à les distinguer : c'est vous Jim ? Non Jules Ils paraissent interchangeables ; ils le seront d'ailleurs dans leur relation avec Catherine. Ainsi, lorsque le couple Catherine/Jules commence à s'essouffler, Jim prend le relais auprès de Catherine. Mais peut-on vraiment parler de problèmes d'identité pour Jim et Jules ? [...]
[...] Il ne semble pas vraiment y avoir de bonheur possible. Tous les couples finissent par être minés. La seule relation qui semble faire exception est celle entre l'homme qui relève Chico au tout début de Tirez sur le pianiste et sa femme. Il vit un mariage heureux avec elle mais avoue ne l'avoir aimée que quand elle a donné naissance à leur bébé. L'amour est donc possible, mais la présence de l'enfant est une condition sine qua non. Ainsi apparaît le thème récurrent de l'enfance. [...]
[...] Elle donne aussi une grande profondeur temporelle à tout le film, semblable à celle d'un roman. Et l'on même parfois trouver des réminiscences de roman épistolaire lors des échanges de correspondance entre Jim et Catherine. Par ailleurs, on retrouve un certain travail sur les mots, ce qui est finalement l'objectif de tout écrivain. A titre d'exemple, on peut penser au nouveau nom de famille que Charlie s'est trouvé pour remplacer Saroyan : il se nomme Charlie Kolher, autrement dit Charlie Colère. On retrouve également la voix off dans Tirez sur le pianiste. [...]
[...] Et c'est plutôt le constat de l'impossibilité de la relation amoureuse qui en ressort. A cet égard, quelques scènes, brèves et consécutives, de Tirez sur le pianiste sont particulièrement éloquentes. C'est au début du film, dans le bar. Charlie est au piano et les couples dansent. Chico s'approche de Léna et lui demande de l'épouser. Elle refuse car celui qu'elle aime bien est Charlie. La scène d'après montre le jeu d'une femme qui, en dansant, attire à elle un homme et le repousse sans arrêt. L'homme est comme aimanté. [...]
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