Cette analyse montre comment le festival de Los Angeles traduit toute l'ambiguïté et les difficultés de la politique culturelle française en terme d'exportation cinématographique. En effet, cet évènement est tiraillé entre une volonté de promouvoir l'exception culturelle française et les impératifs économiques, et la logique commerciale inhérents à ce type de festival. D'une manière moins nuancée, cet exposé montre comment le festival de Los Angeles a été rattrapé, en quelques années, par sa logique marchande.
[...] Les enjeux à la fois politiques, culturels et économiques de l'exportation du cinéma peuvent être résumés d'après une phrase célèbre du Président Hoover : Dans les pays où pénètrent les films américains, nous vendons deux fois plus d'automobiles américaines, de phonographes américains, de casquettes américaines Il n'est donc pas étonnant que les soutiens gouvernementaux à l'exportation n'aient jamais manqué aux produits de l'industrie hollywoodienne Le défi de l'internationalisation de l'industrie cinématographique Le cinéma est aujourd'hui confronté à un phénomène majeur : la mondialisation. L'internationalisation des créations françaises apparaît comme une stratégie obligée. [...]
[...] A défaut d'influence, il peut s'agir d'une recherche de reconnaissance ou même de survie. Certains Etats peuvent en effet vouloir utiliser les relations culturelles internationales à des fins politiques non pour développer une sphère d'influence mais simplement pour se faire reconnaître dans le concert des nations. Cela peut d'abord être le cas d'Etats ou d'entités qui ne sont juridiquement pas reconnus en tant qu'Etats par la majorité de la communauté internationale. Les cas sont assez rares, mais on peut tout de même citer au moins trois exemples contemporains : Taiwan, la Palestine et le Québec. [...]
[...] La mise en perspective des différents partenaires et de leurs rôles permet de pointer les éléments intéressants et très révélateurs de la politique culturelle française en matière de cinéma. Dans cette association, il faut en effet noter la présence de la MPA, dont le directeur était, jusqu'à très récemment (début 2005), Jack Valenti. Le personnage de Jack Valenti et sa position quant au cinéma français ou à la diversité culturelle laissent effectivement songeur. Partisan, officiellement, de la diversité culturelle et francophile, il s'associe volontiers à un tout jeune Festival du film français à Los Angeles. [...]
[...] C'est un organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde. Crée en 1949 sous la forme d'une association loi 1901, Unifrance a été présidé par Daniel Toscan du Plantier et depuis 2003, Margaret Menegoz. Il compte plus de 500 adhérents, producteurs de longs et courts métrages, exportateurs, metteurs en scène et comédiens. La participation financière est faible, Unifrance constitue davantage un soutien logistique et le programme du Festival estampillé du sceau d'Unifrance, permet une certain institutionnalisation de ce dernier par la présence d'un acteur publique et parfaitement reconnu du cinéma. [...]
[...] C'est ce même Jack Valenti qui en 1995, lors des discussions pour le GATT, déclarait à un auditoire français : Vous faites de merveilleux fromages. Continuez. Et laissez nous, seuls, faire des films. A la même date, répondant à un délègue français qui lui disait : Vous produisez déjà 95% des films du monde occidental, que voulez-vous de plus ? La réponse de Valenti fut claire : 100% of course ! Les différents partenaires et notamment la présence Jack Valenti donnent ainsi déjà beaucoup à dire. [...]
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