"The Man who shot Liberty Valance", John Ford, 1962:
Au temps de la conquête de l'Ouest, Ransom Stoddard, jeune diplômé de droit, part faire fortune dans les territoires encore mal civilisés de l'Ouest américain. Durant le voyage, la diligence est attaquée par des bandits, dont le chef, Liberty Valance, s'oppose violemment à Stoddard, le laissant presque mort à quelque distance de la petite ville de Shinbone. Ransom est retrouvé par Tom Doniphon, propriétaire d'un ranch dans les environs de cette ville. Cette scène initie l'opposition de deux conceptions de l'ordre : celle de la loi instituée, et celle de la loi du plus fort.
Dès la scène d'arrivée de l'avocat dans les territoires de l'Ouest, celui-ci se heurte à la férocité des règles de la région, incarnées par Liberty Valance. Toute la violence du milieu est contenue dans son mode de fonctionnement : vol, maltraitance de leurs égaux biologiques, usage de la force physique pour obtenir ce que l'on veut. Cette violence est mise en scène en opposition avec l'incarnation de la vocation pacifiste de l'est, Ransom Stoddard.
"High noon", Fred Zinnemann, 1952
"High noon" met en scène un marshal, Will Kane, qui quitte son poste le jour de son mariage, et apprend au moment de partir en voyage de noces que Franck Miller, un malfrat qu'il a confondu il y a cinq ans, et dont la peine de mort a été commuée en prison, vient d'en sortir et revient, par le train de midi, dans la ville où il sévissait.
Kane possède apparemment les traits principaux du westerner classique : grand, assez âgé, portant un stetson, sa carrière de marshal lui confère une expérience certaine dans le maintien de l'ordre, et l'arrestation de Franck Miller est en outre un haut fait qui confirme ses aptitudes au combat, ou à l'exercice de l'autorité. Pourtant, le moment où l'histoire commence correspond à une rupture dans la vie du personnage : par le mariage avec une quaker – membre d'un mouvement religieux inspiré du protestantisme, prônant l'égalité entre les hommes et la paix –, il renonce à cette vie, symboliquement représentée par l'arme et l'étoile de marshal, et en débute une autre, caractérisée par l'absence de la violence, donc du meurtre.
[...] La mort de Liberty Valance, bien qu'elle soit l'un des motifs du film, n'en est d'ailleurs pas la fin. La victoire de la loi instituée sur la loi du plus fort requiert, outre l'abolition des obstacles, une volonté de changement qui appartient à ceux qui restent. Le mouvement de contestation de l'ordre établi ne peut se réduire à la destruction d'un symbole, mais passe également par la diffusion de nouvelles idées : la presse écrite a ce rôle dans le film : elle fait elle-même l'objet de l'agressivité de Liberty Valance, à travers le personnage du rédacteur en chef ; de plus, elle incite les gens à se rendre aux élections, ce qui conduit à la première mise en échec collective de Liberty Valance. [...]
[...] De même, à l'échelle du film, la cohérence de son comportement est assurée par le dénouement, en sa faveur, et qui semble donc lui donner raison, mais le développement de l'intrigue met en scène des systèmes d'opposition au service de celle, plus vaste, entre communauté et individu. La première impulsion du personnage est de fuir la ville : il n'a plus la fonction de gardien de la loi, cette affaire ne semble donc plus le concerner. En même temps que la remise de son étoile et de son arme, il s'est débarrassé de ses obligations envers les habitants et la sauvegarde de la ville. [...]
[...] Kane possède apparemment les traits principaux du westerner classique : grand, assez âgé, portant un stetson, sa carrière de marshal lui confère une expérience certaine dans le maintien de l'ordre, et l'arrestation de Franck Miller est en outre un haut fait qui confirme ses aptitudes au combat, ou à l'exercice de l'autorité. Pourtant, le moment où l'histoire commence correspond à une rupture dans la vie du personnage : par le mariage avec une quaker membre d'un mouvement religieux inspiré du protestantisme, prônant l'égalité entre les hommes et la paix il renonce à cette vie, symboliquement représentée par l'arme et l'étoile de marshal, et en débute une autre, caractérisée par l'absence de la violence, donc du meurtre. [...]
[...] Dès lors, il le soutient, comme dans la scène d'élection des délégués, puis lors du duel, et enfin au cours de l'élection finale. Sachant que c'est Tom qui a tué Liberty Valance, c'est bien l'apprivoisement des modes de fonctionnement d'un système qui peut conduire à la suppression des obstacles au changement qu'il contient, par le biais même de ces acteurs. Tom Doniphon n'est que la forme extrême de ce mouvement, qui passe simultanément par des personnages secondaires au film, mais primordiaux dans l'idéologie qu'il transmet : le peuple lui-même et son organisation en un groupe uni et solidaire, au pouvoir décisionnel important. [...]
[...] Après une ellipse de trois semaines, la séquence de la classe met en scène l'acceptation d'un début de compromis par le héros. Il semble dans un premier temps n'avoir rien modifié de ses ambitions initiales : la création d'une classe dans la petite ville va en effet de pair avec la distillation dans l'esprit des habitants de la notion de justice, que défend une loi instituée. La phrase sur le tableau noir le rappelle : L'éducation est le fondement de la justice et c'est effectivement à défendre la justice que sert directement la loi dans le film, par l'opposition entre les propriétaires terriens par (droit pionnier( et les gros éleveurs qui veulent s'approprier leurs terres. [...]
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