Enfance de Pasolini, Italie, fascisme, Mussolini, démocratie italienne, Bologne, déplacements fréquents
Pier Paolo Pasolini naît à Bologne le 5 mars 1922. Ce n'est pas une année comme une autre. Elle est même centrale dans l'histoire de l'Italie, tant elle se situe à la charnière entre la société démocratique libérale et le fascisme. 1922, c'est l'année où Mussolini marche sur Rome, débutant son travail de sape des institutions démocratiques. L'année précédente naissait le Parti communiste italien, à partir de la scission léniniste. Le congrès fondateur avait eu lieu en janvier 1921. Le délégué Antonio Gramsci, directeur du journal Ordine Nuovo, présent dans ce congrès, avait participé activement à l'expérience chaotique des conseils d'usine turinois. Il s'agissait de la première expérience de démocratie ouvrière directe, farouchement opposée à la bureaucratie syndicale. Mais ces expérimentations et les débats auxquels elles donnent lieu au sein d'une gauche multiple et divisée vont être balayés. La démocratie italienne, née quelques décennies plus tôt puisque l'unité nationale date de 1870, va bientôt être détruite par les « chemises noires ».
[...] Je me rappelle une merveilleuse rosette verte. Je rentrais en courant à la maison. Je voyais ma mère à la fenêtre et je lui indiquais du doigt la rosette sur ma poitrine. C'est indéniablement, au moins dans son souvenir, puisque la mémoire se modifie chaque fois qu'elle est visitée, une période sereine et heureuse comme il le souligne encore dans les Cahiers rouges de 1946 : J'ai présents à l'esprit bien des jours et bien des événements de cette tranquille période. [...]
[...] La langue change de région en région. Les camarades de classe se renouvellent aussi à chaque déplacement. Est-ce dans ces changements permanents que Pier Paolo se forge une idée du monde comme d'un lieu où rien ne dure, où tout est vain, où s'attacher revient à se mettre en danger ? Est-ce dans cette instabilité de l'univers familial qu'il puise à l'inverse et contradictoirement son besoin d'une famille, d'un groupe d'appartenance, d'un réseau familier ? Dans cette instabilité, Pier Paolo cherche un point d'appui. [...]
[...] Le matin où est né Guido, je me suis levé le premier, j'ai couru dans la cuisine et je l'ai vu dans le berceau. Je me suis précipité dans la chambre de ma mère pour lui annoncer la nouvelle. Pendant longtemps, je me suis vanté d'avoir été le premier à l'avoir vu. Au bout de quelques jours, voici mon père et ma mère, l'air joyeux, dans la cuisine. Ici la table, là, près de la cheminée, le berceau de Guido. Maman demandé-je comment naissent les bébés ? Elle me regarde en riant et dit : Du ventre de la maman. [...]
[...] Interviews de l'enfance, Bompiani, Milan O. Stack, Pasolini on Pasolini, Interviews with O. Stack, Londres Cahiers rouges Cahier rouges Le Poète des cendres. L'Usignolo della Chiesa cattolica, déjà cité. Pier Paolo Pasolini avait passé les vacances d'été à Crémone en 1933. [...]
[...] La chambre de sa grand-mère. Un énorme lit dans une alcôve de bois. De Parme, il n'a retenu qu'une image, ou plutôt un nom : celui d'un petit cochon d'Inde. De Belluno, il a eu le temps de construire une mémoire plus cohérente : De la cuisine, j'ai le souvenir de la table sur laquelle je commençais à mesurer ma taille, et d'une grande cheminée bourrée des débris de mes jouets. Je me rappelle la chambre de mes parents, moi, je dormais dans un petit lit au pied de leur grand lit conjugal. [...]
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