Eisenstein est un cinéaste russe du début du XXe siècle, dont l'importance est majeure en histoire des arts. Auteur de films de propagande pour le parti communiste, Eisenstein est un grand praticien et théoricien du cinéma.
[...] Eisenstein, qui adhère au début de sa vie aux idéaux communistes, semble y rester fidèle, pour ce qui est du refus de la religion, tout au long de sa carrière cinématographique. En effet, dans les œuvres Le cuirassé Potemkine, Que viva Mexico et Alexandre Nevski, les religieux et leur foi sont tournés en dérisions et représentés comme la source du mal et de la violence. Cependant, il est moins cruel vis-à-vis de l'orthodoxie que du catholicisme, puisqu'il se réserve la possibilité de jouer sur le passé orthodoxe du peuple russe afin de raviver son sentiment patriotique, comme dans Alexandre Nevski. [...]
[...] Au-delà de l'apparente inefficacité de la parole religieuse, il est important de s'intéresser à la forme prise par cet émissaire de Dieu. Il ne s'agit en effet pas d'une apparition mystique ou apparence trahit le caractère fondamentalement anti-religieux de la doctrine communiste et démystifie la symbolique orthodoxe. Le choix du réalisateur de faire exister physiquement cette figure ecclésiastique dans le film permet de la faire participer à l'action. Ainsi, quand il clame Redoute le seigneur à l'un des mutins passant à ses côtés, ce dernier peut l'empoigner fermement et l'envoyer dans les escaliers. [...]
[...] victoire du catholicisme sur la civilisation aztèque. Cet épisode de l'histoire du Mexique sert à merveille l'idéal anti-religieux soviétique, puisque l'arrivée de la religion, incarnée par les européens, est accompagnée de bains de sang, de souffrance, d'intolérance, de mépris et d'esclavage au sein d'un peuple autrefois unis autour d'une culture commune. Les religieux ne répandent pas la bonne parole mais la mort et la violence. L'épisode Fiesta met en scène le jour du carnaval, où l'on observe la frénésie de mascarade des envahisseurs où les mannequins de Cortès, des soldats et des prêtres catholiques gesticulent, armés de leurs sabres de pacotille et de leurs sceptres de carnaval. [...]
[...] C'est la religion qui écrase le peuple, le domine, le tue. Les quatre moines au second plan ont les mains jointes en signe de recueillement, et le regard dirigé vers les têtes de mort, comme s'ils étaient à son service. Ce lien étroit entre la religion et la mort se retrouve dans ce plan, où un moine vêtu de noir, au visage sombre et au regard dirigé vers le bas, symbole de l'enfer par opposition au ciel, royaume de Dieu, de la justice et du paradis, tient dans sa main gauche, contre son cœur, le crâne d'un squelette. [...]
[...] La religion chrétienne est une fois de plus ridiculisée, notamment dans le plan reproduit ici. Le masque caricatural du prêtre et son effet comique associé au crucifix décrédibilise la religion ; l'homme de foi est représenté comme un pantin, une marionnette ridicule portant un crucifix inutile et vide de sens. Eisenstein montre dans ces deux films sa conception de la religion, un culte ridicule et inutile, et le fait que le film Que viva Mexico ait été exempt de censure prouve qu'il ne s'agit pas seulement d'un élément de propagande mais bien d'une conviction personnelle. [...]
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