Réalisé par Stanley Kubrick, Terry Southern et Peter George d'après le roman de ce dernier (Red Alert), Docteur Folamour est diffusé dans un contexte de Guerre Froide particulièrement virulent. Il réalise son film après le choc de la crise de Cuba (1962), où, pour la première fois depuis le début de la Guerre Froide, une menace explicite et directe d'utilisation des armes atomiques a été formulée. Kubrick a donc voulu donner une représentation cinématographique du climat de peur qui régnait à cette époque, en mettant en évidence l'immense suspicion qui tendait les rapports entre Américains et Soviétiques. Jusqu'à la réalisation de ce film, la Guerre Froide n'avait été représentée que de manière métaphorique, comme dans Le Train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann (1952).
[...] Le noir et blanc me semble être un choix judicieux pour ce film, car il renforce l'idée de lutte confuse entre le bien (le blanc) et le mal (le noir). On se souvient à ce sujet de la célèbre expression de Ronald Reagan qui qualifia l'URSS d' Empire du Mal Pris dans sa folie paranoïaque et convaincu qu'un complot ourdi par les Soviétiques vise à épuiser la pureté des fluides des Etats-Unis, le Général Ripper décide de lancer de son propre chef une offensive nucléaire contre la puissance communiste. [...]
[...] Jusqu'à la réalisation de ce film, la Guerre Froide n'avait été représentée que de manière métaphorique, comme dans Le Train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann (1952). À propos de Stanley Kubrick Stanley Kubrick est né le 26 juillet 1928, dans le Bronx, au sein d'une famille de la classe moyenne. Sur ses treize longs-métrages, beaucoup tournent autour de la guerre : Docteur Folamour (1964), Fear and Desire, Full Metal Jacket (1987). En 1961 il quitte les États-Unis pour l'Angleterre, ce qui lui permettra de mieux contourner la censure et l'autocensure aux Etats-Unis. [...]
[...] Ainsi, Docteur Folamour a fait couler beaucoup d'encre tout comme l'Odyssée de l'espace (2001). Kubrick a traité de sujets délicats avec une vigueur et une efficacité redoutables. Un scénario burlesque épatant Docteur Folamour rassemble quatre grands acteurs: Peter Sellers (qui joue trois rôles : le capitaine Mandrake, le président Muffley et le docteur Folamour), George C. Scott (le général Turgidson), Sterling Hayden (le général Ripper) et Keenan Wynn (le colonel Guano). Chaque personnage est fortement caricaturé, ce qui contribue à l'humour du film. [...]
[...] Humoristique et pourtant porteur d'un très sérieux avertissement contre l'utilisation des armes nucléaires, Docteur Folamour incite à la réflexion sur les excès de l'utilisation des sciences au service de la guerre idéologique. En 2008, une guerre idéologique comme celle qui eut lieu entre les Etats Unis et l'URSS semble inenvisageable ; mais si Kubrick refaisait un film sur ce thème, peut-être dénoncerait-il les dissensions permanentes qu'il existe entre certains pays à propos de la prolifération nucléaire. En regardant Docteur Folamour, je me suis posé la question suivante: faut-il avoir plus peur de la bombe atomique, ou de la prolifération nucléaire actuelle, qui ne peuvent ravager le monde si on y touche pas, ou d'avantage de la bêtise des hommes qui menacent d'y avoir recours? [...]
[...] Il en va de même pour les machines: la radio en panne dans le 52 et la «Machine du Jugement Dernier» guident l'homme, le poussent à obéir et à agir par contrainte. La course aux armements et le péril d'une guerre nucléaire les ont poussés à sans cesse perfectionner leur matériel de guerre et à utiliser la science à des fins systématiquement militaires. Il convient également de signaler que les personnages sont obnubilés par le sexe. De toute évidence, Kubrick relie la jouissance sexuelle à celle de la guerre. On le note notamment par la position du Major Kong, chevauchant sa bombe de manière très sexuelle. [...]
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