Deep End scène finale, Jerzy Skolimowski (1970), adolescence comme lieu d'inadaptation, impossibilité des relations, nouveau cinéma polonais, malaise de l'adolescence, problème de communication, Mike et Sue, techniques cinématographiques
"L'enfance sait ce qu'elle veut, elle veut sortir de l'enfance". Cette citation pourrait parfaitement illustrer "Deep End" de Jerzy Skolimowski, réalisé en 1970 lors de son exil à Londres. Issu du nouveau cinéma polonais, Skolimowski met la modernité au service d'un thème qui lui est cher, l'adolescence, afin d'en exprimer le malaise. Mike, 15 ans, interprété par John Moulder-Brown, tombe amoureux sur son lieu de travail, des bain-douche londoniens, de Susan, interprété par Jane Asher. Or, la jeune femme a déjà un fiancé et un amant. L'extrait que nous allons analyser correspond à la fin du film. Comment Skolimowski montre l'adolescence comme le lieu de l'inadaptation et de l'impossibilité des relations ?
[...] Cela se rajoute au mal-être adolescent que vit Mike et que nous allons étudier à présent. II. Comment se traduit le mal-être adolescent à l'image ? D'abord, la scène se passe dans une piscine, lieu peu commun. C'est le lieu symbolique de la rencontre des personnages sur leur lieu de travail. Mais plus qu'un lieu, la piscine introduit une forme, celle d'un bassin, une cuve, comme un trou dans lequel se trouvent enfermés les personnages. Le fond de la piscine sur lequel Mike est allongé semble sans issue et montre bien l'enfermement du personnage. [...]
[...] La piscine remplie, l'eau va apparaître comme un empêchement des corps. Elle empêche la circulation, la rend plus difficile en limitant les mouvements. L'eau va prendre les personnages au piège. Leur relation va être empêchée par cet élément. Sue va essayer de sortir de la piscine par une échelle, mais elle s'en trouve empêchée. La fuite paraît donc impossible. Les corps vont donc se retrouver au fond de l'eau. Le lieu n'est donc pas ici un simple endroit où se déroule l'action. [...]
[...] Nous avons la sensation d'une fusion des corps. De plus, un plan sur la bague sans diamant de Sue peut nous faire penser à cet instant à l'absence de son fiancé, symbolisée par l'absence de la pierre précieuse. Nous avons donc la sensation que la place est libre et que Mike a ses chances de conquérir sa bien-aimée. Mais Mike reste impuissant et Sue se détache de lui. Alors qu'il dit "maman" dans son moment de désespoir, Sue va remplacer cette figure maternelle en le rassurant et en lui disant que ce n'est pas grave. [...]
[...] La piscine produit l'action et le lieu induit le comportement des personnages. Si le lieu traduit l'enfermement, il en est de même pour l'image. L'extrait s'ouvre sur un plan en plongée totale sur le visage de Mike allongé. Le cadrage et la position du personnage tendent à le placer en position d'infériorité. Il semble écrasé. Le tas de vêtements dans lequel il se trouve constitue aussi un empêchement dont va le soulager Sue. Le début de cette scène est constitué d'un plan large sur la piscine, sans doute tourné en master shot, dans lequel viennent s'insérer les gros plans. [...]
[...] La rupture est amplifiée par le rappel de la présence du fiancé de Sue. Quand elle revient à la piscine, la lumière a aussi changé. Mike essaie de retenir Sue en se remettant en question, mais il semble l'agacer plutôt que la rassurer. La possibilité de la relation va donc être réduite à néant par ces interventions extérieures. Lorsqu'ils se retrouvent dans l'eau, Mike balance la lampe pour que celle- ci vienne heurter la tête de Sue, qui se blesse d'ailleurs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture