L'univers de la Culture française est extrêmement vaste et s'illustre à travers de nombreux domaines artistiques, de la peinture à la musique, en passant par le cinéma. Des organismes publics et privés participent depuis plusieurs années, au développement et à la valorisation d'un art ancré dans notre identité nationale, comme l'illustrent les nombreuses manifestations de notoriété internationale (Festival de Cannes, Festival du Cinéma Américain de Deauville). Mais, le 7ème Art vit et respire avant tout au cœur des salles de cinémas. Espaces polyvalents de diffusion et de partage, leur développement connaît une croissance notoire durant tout le XXème siècle. Aujourd'hui ces chiffres ont tendance à baisser, alors que le nombre d'entrées, ne cesse d'augmenter. Ceci résulte d'une explosion des multiplexes gérés par des multinationales aux budgets colossaux, au détriment des salles indépendantes.
Malgré tout, le réseau de salles classées « art et essai » se caractérise par une exceptionnelle qualité. D'après les statistiques établies par le Centre National de Cinématographie (CNC), Paris apparaît comme la capitale mondiale du cinéma « d'art et essai », grâce à sa diversité de programmation la plus importante au monde. Cette spécificité française s'illustre par le nombre important d'organismes et autres institutions axées sur la promotion de cette image indépendante et solidaire du 7ème Art.
Les cinémas Utopia s'inscrivent dans cette visée. A l'origine, Anne-Marie Fauchon et Michel Malacarnet crée le 16-36 à Aix, avec pour objectif de favoriser l'accès au cinéma pour tous, en particulier pour les films étrangers. Partant du constat que seulement 30% des films sont diffusés en province, ces passionnés fondent le premier Utopia à Avignon, en 1976, Sa programmation popularise un art jugé jusqu'alors trop élitiste. Chacune des salles créées par la suite, développe un fonctionnement propre et présente un statut juridiquement autonome. Cette particularité est un argument fort pour l'association ISF, Indépendants Solidaires et Fédérés, fondée en en 2007 et qui réunie de nombreuses salles de cinémas associatives, ne dépendant ni de grands groupes privés, ni de divers pouvoirs politiques.
[...] En France, les salles de cinéma ne relèvent d'aucun statut juridique particulier, laissant une certaine liberté à l'exploitant. Par son désengagement vis-à-vis des grands groupes publicitaires, comme des institutions étatiques, l'Utopia perçoit peu de subventions extérieures. Toutefois, il est important d'en relever certaines, à commencer par celle du Centre National Cinématographique. En effet, ce dernier gère les aides financières, et réalise la promotion de différents types de cinémas auprès de tous les publics, défendant cette diversité culturelle chère aux principes des salles indépendantes. [...]
[...] Lors de notre entretien avec Pascal Haman(t), l'un des responsables de l'Utopia d'Avignon, cette volonté de s'unir pour la défense d'une culture équitable est clairement apparue comme fondamentale. En parallèle est mise en œuvre une politique orientée sur la valorisation d'une diversité culturelle forte, fondée sur des principes d'égalité sociale, de partage et de proximité. En portant ces valeurs, l'institution se caractérise par un profond désir de se distinguer de l'image normative de la salle de cinéma, souvent perçue comme un simple lieu de diffusion. [...]
[...] Cette démarche se traduit par le partage d'un Fonds de Solidarité indépendant et créé entre salles signataires. Par leur engagement, elles acceptent d'intervenir collectivement dans le soutien d'une salle en difficulté ou souhaitant se développer selon les principes défendus par l'association. La mise en place d'un système de parrainage vient appuyer l'impact de ces démarches, encourageant les salles les plus expérimentées à accompagner les nouvelles dans une forte logique d'entraide et de réduction de la prise de risques. Le dernier élément de l'indépendance de l'Utopia réside dans la création d'un carnet d'abonnement. [...]
[...] Enfin, les cinémas Utopia sont parfois qualifiés de cinémas bobo réservés à une élite. Encore une fois, le discours de l'institution va dans le sens contraire, rappelant le projet à l'origine de leur création L'affaire UGC-MK2 Les cinémas UGC et MK2 ont lancé une offensive contre les cinémas indépendants et municipaux, ayant pour but de les faire fermer pour récupérer leurs parts de marché. Un cinéma de Montreuil, Le Méliès, cinéma municipal en passe de devenir un mini multiplexe de 6 salles, en a été victime. [...]
[...] Au-delà, l'Utopia s'engage aussi comme un véritable acteur du tissu socio-culturel. Devenu un espace d'expression pour les associations militantes, il accueille leurs permanences et favorise la promotion de certains débats et autres luttes, notamment en permettant le dépôt de pétitions. Preuve d'un engagement fort, L'Utopia Bordeaux est depuis peu le siège d'une liste «interculturelle», Couleurs bordelaises, dernière-née du paysage politique bordelais. «C'est sûr que ce n'est pas l'UGC qui ferait la même chose», plaisante Patrick Troudet, chargé de la programmation des films. [...]
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