Depuis 1910, on compte plus de 310 films ayant pour thème central les prisons. Le genre des « films de prison » est toujours très en vogue dans le milieu cinématographique ; et ce certainement grâce à une capacité d'adaptation à l'évolution du système carcéral. Un prophète de Jacques Audiard (un film donc très récent puisqu'il est sorti en août 2009) n'a absolument pas la même conception et vision de la vie carcérale que le film américain I am a fugitive from a Chain gang de Mervyn Leroy, sorti en 1932. Cette comparaison entre deux époques bien différentes illustre parfaitement ce besoin de réalisme, inhérent au genre cinématographique des prisons. Le cinéma a donc su s'éloigner des clichés véhiculés par les prisons, tels que les barreaux, le prisonnier en costume rayé, ou encore le surveillant un peu nigaud dont tout le monde se rit.
Le cinéma se veut donc réel, car c'est seulement à travers lui que le public peut se forger sa propre opinion sur les prisons. En effet, il existe que très peu de documentaires de fond sur l'univers carcéral (souvent pour des moyens pratiques : filmer dans une prison est dangereux, par exemple). De plus, un livre ne transmet pas la même intensité qu'une scène, filmée avec des personnages réels : le spectateur se sent beaucoup plus concerné par l'action qui se déroule sous ses yeux.
Cependant, cette recherche constante d'un réalisme - souvent dur à obtenir - fait basculer le cinéma dans une sorte de démesure. Rappelons que le public n'a que le cinéma comme reflet des prisons. Et justement, le public a une vue biaisée de ce milieu à cause d'un cinéma qui n'offre que du grand spectacle. Cette dualité nous amène à nous poser la question suivante : la recherche d'un certain réalisme n'est-elle pas une notion en contradiction avec le besoin de faire un film attractif pour le grand public, besoin inhérent à l'industrie cinématographique ? Et du coup, le cinéma accentue-t-il les clichés véhiculés par la société, ou au contraire, les détruit-il ?
[...] - Par le vocabulaire : mitards cantiner matons chef balance Dans la langue anglaise, l'expression to take the midnight express signifier s'évader - Par des scènes dans des lieux clefs de la prison : la cour de promenade (lieu de bagarres, et de deals douteux), le parloir (seul lien avec l'extérieur), les ateliers de travail souvent très vétustes - Par une retranscription exacte de la morale des détenus: dans Zonzon, le fils de bonne famille se réveille en pleine nuit, car il entend des cris et il réveille son compagnon. Son compagnon dit que c'est une habitude : c'est un violeur qui se fait passer à tabac. Hiérarchie sociale au sein de la prison. Le cinéma crée des atmosphères troublantes propres à cet art L'humour : le cinéma permet de dédramatiser les tensions de la prison Le cinéma n'hésite pas à montrer des côtés plus triviaux à la prison. Il opère une sorte de dédramatisation du système carcéral. [...]
[...] Elle doit aussi les réinsérer. Or ce processus n'est absolument pas mis en valeur dans les films : il aurait pu être intéressant de mettre en avant les efforts louables du personnel pénitentiaire pour aider les détenus. Seul le prisonnier semble valorisé face à une prison oppressante. Évidemment, c'est souvent le cas dans la réalité, mais il y a des exceptions. activités : à en croire les films, les prisons disposent seulement d'une cour, de cellules et de parloirs (voir parfois d'ateliers miteux). [...]
[...] Le cinéma est la seule image de la prison donnée au public Justement, cette envie de décrire une atmosphère sombre (finalement que très peu tempérée par le côté humoristique) est parfois trop poussée, et rend le regard du spectateur biaisé. En effet, il faut rappeler que le cinéma est l'une des seules images que le public a de la prison. Et c'est le cinéma qui touche la majorité de la population : art populaire. Or, le cinéma exagère dans ses représentations. Et d'ailleurs, le fait que les films ne sont jamais tournés dans de vraies prisons montre bien la distance entre réalité et cinéma. [...]
[...] On perçoit les cris, les cliquetis, les portes qui se ferment. - Lumières : lumières sombres, couleurs toujours très froides. Ce n'est pas pour rien que le film Down by law est en noir et blanc alors que le film couleur existait. Idée que la couleur ne peut que gâcher l'atmosphère terne du film. - Jeux de caméra : caméra se place dans la tête d'un détenu (point de vue omniscient) ou utilisation du plan de près pour fixer les yeux et la bouche du prisonnier (ce sont les deux organes révélateurs des sentiments). [...]
[...] Ces détenus étaient sur une mauvaise pente ; la prison leur a permis d'avoir une vie meilleure, de les faire réfléchir. Dans La dernière marche, un détenu coupable clame son innocence. Il refuse de reconnaitre le meurtre et le viol d'adolescents. L'univers de la prison et la présence d'une bonne sœur lui font admettre son meurtre juste avant l'injection létale. C'est vécu comme une délivrance, comme si tout le film avait permis au prisonnier d'en arriver là : idée du cheminement, du passage initiatique. La prison lui a permis de se réconcilier avec lui- même. [...]
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