Le cinéma numérique ou « adieu la pellicule1 » ? A cet aphorisme qui sonne comme la déchirante conclusion d'une histoire d'amour entre l'industrie du rêve et son amant sensible, il convient d'apporter quelques éclaircissements. Depuis quelques années, l'avènement des NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) et particulièrement celui de l'Internet a demandé de nombreuses adaptations au niveau technologique, économique et juridique. Si le secteur de la musique est évidemment le premier touché par l'ampleur de la dématérialisation des supports ; le cinéma n'est pas en reste et voit aujourd'hui son industrie traditionnelle confrontée à de nombreux facteurs déstructurants. Le passage à l'ère du numérique, aujourd'hui au stade embryonnaire, est fondamental, révolutionnaire : il concerne autant les domaines de la production, de la post-production, de la distribution que l'identité même de la salle de cinéma actuelle. Au-delà des avantages incontestables que ce dernier semble apporter, les questions que suppose la transition du cinéma analogique au cinéma numérique sont nombreuses et épineuses, car il s'agit bien d'un engrenage à « effet domino ». Les progrès avérés semblent s'assortir presque inexorablement de problèmes à résoudre : la facilitation de la circulation et la démultiplication des œuvres permises par la copie numérique ont amplifié la problématique de la piraterie. En outre, la dématérialisation suppose l'entrée de nouveaux acteurs sur un marché en émergence tout comme le repositionnement des industries traditionnelles. Au total pour le moment, on dénombre 800 projecteurs numériques en Europe et aux Etats-Unis. Cette activité a stimulé de nouveaux partenariats entre les fabricants de matériel et les grands industriels, engendrant ainsi l'émergence de nouveaux modèles économiques. Et la marge d'incertitude qui accompagne un tel développement est conséquente. Quelle est la viabilité économique du cinéma numérique ? Quel est le rôle des pouvoirs publics dans cette transition ? Quel cadre réglementaire donner au déploiement numérique ? Le cas français est intéressant ici : on sait que la France est un des seuls pays européens à marquer un point d'honneur à conserver un équilibre – quoique fragile – entre films français, européens et films américains en termes de diffusion en salle. Dans le domaine numérique, les Etats-Unis ont adopté un comportement précurseur : l'adoption de la DCI en 2002 a témoigné de leur volonté de s'imposer comme régulateurs de cette nouvelle forme de transmission et exploitation des films, et de la force de leur modèle économique. La France a elle aussi adopté la norme AFNOR, compatible avec la DCI. Toutefois, la transition s'annonce longue et inégale, à la défaveur des plus petites salles. Si on a adopté un consensus international quant à l'adoption de normes pour le cinéma numérique, ne sera-t-on pas conduit irrémédiablement à voir une surreprésentation des films américains dans les salles françaises, au détriment de « l'exception culturelle » ? Il faut s'attacher à décrire les éléments qui caractérisent le cinéma numérique, pour essayer d'en comprendre les conséquences sur le cinéma français.
[...] La France fait figure de proue dans la résistance à la domination du cinéma américain. La particularité du cinéma français se situe au niveau de la représentativité des œuvres nationales et européennes, et de l'importance des collectivités territoriales (contrôle territorial de la distribution), et du soutien de la part du CNC et d'autres institutions (CST, ADRC, IFCIC). Comment conserver cette particularité au vu de tous les bouleversements que nous venons d'évoquer ? B. Le CNC : garant d'un cinéma à la française ? [...]
[...] Quelle est la viabilité économique du cinéma numérique ? Quel est le rôle des pouvoirs publics dans cette transition ? Quel cadre réglementaire donner au déploiement numérique ? Le cas français est intéressant ici : on sait que la France est un des seuls pays européens à marquer un point d'honneur à conserver un équilibre quoique fragile entre films français, européens et films américains en termes de diffusion en salle. Dans le domaine numérique, les Etats-Unis ont adopté un comportement précurseur : l'adoption de la DCI en 2002 a témoigné de leur volonté de s'imposer comme régulateurs de cette nouvelle forme de transmission et exploitation des films, et de la force de leur modèle économique. [...]
[...] Si on a adopté un consensus international quant à l'adoption de normes pour le cinéma numérique, ne sera-t-on pas conduit irrémédiablement à voir une surreprésentation des films américains dans les salles françaises, au détriment de l'exception culturelle ? Il faut s'attacher à décrire les éléments qui caractérisent le cinéma numérique, pour essayer d'en comprendre les conséquences sur le cinéma français. I. Le cinéma numérique : tendance lourde venue de l'international et salvatrice ? A. Des avantages considérables pour cinéastes et cinéphiles 1. Gains qualitatifs Les avantages induits par le cinéma numérique sont incontestables, particulièrement en termes de qualité de projection, qui serait selon D. [...]
[...] Enfin, le cinéma numérique pourrait permettre d'envisager une hausse de l'exploitation des salles par l'augmentation de la fréquentation des salles, et une hausse tarifaire pratiquée à cette occasion. La perspective de ces économies est néanmoins à relativiser. En effet, les coûts et les ressources envisagées pour le passage au numérique ne sont rien moins qu'incertains. Globalement, l'unique certitude est que la numérisation de la production, de la distribution et de la projection se traduisent par un accroissement global des coûts de production. Qu'en est- il pour le cinéma français ? B. De nécessaires ajustements 1. [...]
[...] De même, il est favorable à l'accompagnement public pour encourager les regroupements d'exploitants pour l'équipement en numérique de leurs salles, faire un effort pédagogique d'explication des enjeux, et la création d'une structure de veille technique et des usages. De fait, c'est bien la physionomie du réseau de salles de demain qui est en jeu dans ce débat. Au-delà de cette question, la transition vers le numérique annonce de nombreux bouleversements sur le plan de la distribution. La dématérialisation des supports, si elle implique que la circulation des œuvres soit facilitée suppose aussi une perte du contrôle de celles-ci : l'Internet, les réseaux haut débit et les Satellites se caractérisent par une absence de frontières. II. [...]
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