Le cinéma, d'abord méprisé par les Beaux-Arts et par les classes bourgeoises, se
révéla rapidement un art à part entière, doté d'un extraordinaire pouvoir. C'est dans les
années 60, avec la Nouvelle Vague, que le cinéma devient véritablement le 7e art, et peut lui
aussi tenir son discours sur l'Histoire. La télévision, encore naissante à cette époque,
inspire le mépris chez les élites, tout comme la cinéma à ses débuts.
Les années 90 sont celles de ”l'ère télévisuelle”, où l'image, omniprésente, se veut
maîtresse des idées, des moeurs et des opinions. Elle s'impose partout comme porteuse
de vérité, faisant naître avec elle le soupçon. Le documentaire utilise quant à lui la vidéo
pour écrire l'Histoire, comme l'avait fait avant lui l'écrit, mais se soucie aussi de la contrehistoire:
celle des victimes, des minorités, des exclus.
Le film a, comme l'écrit, le pouvoir de créer l'événement, de créer un fait de
société, de susciter le débat. On n'a qu'à songer à Mein Kampf, de Leiser, qui avait, à sa
sortie en 1962, provoqué en Allemagne une confrontation enfants-parents sur la question
du nazisme.
Les images d'actualités, quant à elles, s'uniformisent de plus en plus à travers la
planète; sur toutes les chaînes d'information, on voit les mêmes images anonymes, qui sont
érigées en messagères de vérité. Plusieurs organes de presse, de leur côté, délaissent
leur rôle de vecteur des différents courants politiques pour s'attacher à déconstruire les
discours officiels et à débusquer les scandales (Watergate...)
[...] C'est en cela que Lawrence d'Arabie tient un propos politique très fort, sous couvert de raconter l'épopée de Lawrence Cité dans LECLERC, p.93. cf. LECLERC, p.92. LES AFFICHES: DIFFÉRENTES VISIONS DE L'OEUVRE10 Lawrence d'Arabie fut, au cours de sa longue existence, promu de différentes façons, telles qu'en témoignent les affiches ayant accompagné les versions successives du film. Ces diverses stratégies de marketing montrent la multitude de visages que peut prendre une oeuvre, pourtant inchangée, en traversant les époques et les publics. [...]
[...] L'image ne fut pas d'abord vue comme objet culturel, mais comme le produit d'une machine technologique. Les notables la dénigraient, considérant qu'elle ne pouvait pas transmettre d'opinion, qu'elle était politiquement neutre. En effet, la censure morale toucha longtemps l'image plus que le texte, tandis que la censure politique procéda en sens contraire. Les soviétiques et les nazis furent les premiers à comprendre et à analyser le pouvoir et le fonctionnement du cinéma. L'Histoire, qui privilégie certains genres cinématographiques, fait l'objet d'une conception différente selon qu'on la regarde avec l'oeil de l'historien ou qu'on la considère comme patrimoine social appartenant à tous. [...]
[...] ) Cette période d'auto-glorification se perpétue après la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis sortent en effet grands vainqueurs de ce conflit, victoire qui est selon eux due à leur conception du monde. Puis survient la Guerre froide, où se profile une idéologie officielle à laquelle on ne doit pas déroger. Toute critique réprouvée, sinon réprimée, et est perçue cette fois comme une véritable trahison; on est monté d'un cran dans l'échelle de la censure. Les cinéastes se tournent vers les westerns, les comédies musicales, les péplums et les films de gangsters moralistes. [...]
[...] Le cinéma français n'a pour ainsi dire fait son choix” entre les deux, ce qui donne des films plus fades, moins explicites. Les films américains sur le nazisme, quant à eux, obéissent à certaines règles: - Le peuple allemand est toujours dissocié du régime; - Ce sont toujours des petites et moyennes villes qui sont le cadre de l'action; - Le fonctionnement du système est décrit de l'intérieur. L'histoire du mouvement ne se retrouve que dans les documentaires. - Le triomphe du nazisme engendre toujours la dissolution de la famille et la rupture des relations de bon voisinage. [...]
[...] C'est pourquoi, l'épisode de la gorge de Yarmuk (occupée par les Turcs), où T.E. Lawrence et ses troupes faillirent se faire tuer à cause de la bête chute d'un fusil qui ameuta l'ennemi, n'est pas elle non plus racontée. LES STÉRÉOTYPES AU SERVICE DE LA DRAMATURGIE Les personnages secondaires sont les supports du personnage principal et de sa quête initiatique, c'est pourquoi leur portrait n'est que sommairement brossé. Ce sont des archétypes du fougueux Arabe du désert et de l'Anglais rationnel et calculateur Selon Adrian Turner, historien du cinéma, interviewé dans le “Making de Lawrence d'Arabie, tiré du DVD ) Les Arabes Tous les Bédouins importants (sauf Omar Sharif) sont interprétés par des Anglosaxons, suivant en cela la tradition hollywoodienne de l'époque. [...]
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