L'invention des premiers instruments d'enregistrements d'images et de sons vers la fin du XIX ème siècle, provoque immédiatement le désir d'effectuer des enquêtes ethnographiques par l'utilisation du moyen cinématographique. C'est en 1893, avec F. Regnault, que le premier film sera effectué avec pour sujet une femme Ouolof fabriquant des poteries. L'idée de départ est de filmer des personnes appartenants à des ethnies différentes afin d'en montrer les comportements et dès 1900, il proposera à L. Azoulaile de fonder une véritable anthropologie visuelle afin d'en faire une source pour toute recherche scientifique. C'est après la première guerre mondiale que le cinéma dit du « réel » prendra son autonomie avec ses véritables pères fondateurs : Vertov, décidé à filmé « la vie à l'improviste » et qui démontrera les paradoxes et les difficultés à fonder une anthropologie visuelle, et Flaherty qui, avec « Nanook of the North 1920 » réalisera les premières mises en scènes. A partir de ces deux ancêtres, le cinéma ethnographique restera partagé entre les enregistrements systématiques, quasiment naturaliste et le cinéma spectaculaire hollywoodien.
[...] X doit quitter Beta pour entrer dans alpha. Si l'ethnologue reste en Beta, c'est-à- dire dans une position occidentale, lorsqu'il vient pour étudier alpha, il ne rentrera jamais dedans. L'ethnologue doit oublier sa condition occidentale et s'imprégner totalement de la société traditionnelle alpha s'il veut y pénétrer et la comprendre. Une enquête de terrain qui se déroule par le biais d'une caméra laisse l'ethnologue en Beta, simple observateur d'Alpha et qui ne peut rentrer dans le cercle de la société. [...]
[...] Le cinéma ethnographique est à différencier du cinéma documentaire. Le premier est sans commentaire, c'est un œil (la caméra) qui se charge de capter par l'image seule, des scènes, quelques fois anodines, et souvent journalières, pour créer un film sans problématique, sans volonté d'analyser quelque chose en particulier, tandis que le second s'appuie sur des commentaires pour faire comprendre les images filmées, dans le but de montrer et de comprendre quelque chose et de guider une réflexion à partir des images. [...]
[...] Le film ethnographique seul aurait bien du mal à servir de source sûre à un travail scientifique. Cependant, plusieurs films ethnographiques, en croisant leurs informations et leurs images, peuvent apporter de la matière à la réflexion et à l'analyse et tout simplement devenir sources de recherches. En analysant plusieurs films à caractère subjectif, une vision d'ensemble proche de la réalité doit pouvoir ressortir. Comme dans tout travail de recherche, les sources doivent se croiser, les films ont l'avantage de pouvoir refléter une certaine réalité car une image ne peut tromper, mais un seul film n'est pas suffisant pour prétendre montrer la vérité sur un sujet. [...]
[...] Le film d'observation ne cherche pas à censurer des informations, mais, même s'il essaie de capter toutes les activités d'une ethnie, même si la caméra est fixe et se pose en retrait afin d'observer le moindre petit détail, même sans explications conductrices, c'est le spectateur qui émettra à propos du film un avis subjectif. L'objectivité du spectateur Le film d'observation est conçu avec l'idée prépondérante de ne pas influencer les spectateurs, ni par le commentaire, ni par la continuité d'une réflexion. Il veut les amener à découvrir une chose inconnue, le sujet portera très souvent sur la découverte des ethnies inconnues, dans toute sa vérité, en essayant de capter la réalité des choses et des êtres. [...]
[...] Comme nous l'avons vu l'outil caméra possède des limites pour la réalisation de cette ambition car le réalisateur renferme un point de vu interne et donc subjectif qu'il fait forcément ressortir par sa caméra, et le film d'observation possède des lacunes au niveau ethnographique, tant par ces censures (mêmes involontaires) que par son absence d'indications et de commentaires. Pourtant, l'archivage de ces films nous apporte aujourd'hui différentes informations précieuses, tant grâce au témoignage sur des choses qui ont évolué ou disparu que sur celui de l'évolution de la pensée ethnologique. Mais le cinéma ethnographique est aussi un moyen d'enquête qui comporte trop de défauts pour effectuer un terrain satisfaisant. La présence d'objets importés par l'ethnologue, le différencie forcément du reste de la population. [...]
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