Antoine de la Baecque note dans un ouvrage de 1997, qu'en France, « l'auteur s'est mué en valeur absolue et sa politique en mythe », exprimant par-là la permanence et la préséance de la notion de film d'auteur dans le cinéma hexagonal. Cette notion est en effet héritée du siècle dernier, et remonte à la Nouvelle Vague, où pour Truffaut le film devait être considéré comme l'œuvre d'un auteur, plutôt que comme un simple produit de divertissement manufacturé. Le cinéma d'auteur opère dans les années soixante une révolution cinématographique, et rompt avec la tradition. Le réalisateur se libère des pressions, sort des studios, et acquiert une maîtrise plus grande sur son œuvre, en valorisant la notion de final cut. Alors que dans le cinéma commercial, qu'on oppose fréquemment au cinéma d'auteur, il s'agit prioritairement pour le film de générer des profits, de constituer un bon investissement pour le producteur, en ciblant le public, et en utilisant les genres et les stars. Cinéma d'auteur, cinéma commercial, en quoi cette distinction intéresse-t-elle le sociologue de cinéma ? Quels sont les problèmes soulevés par cette classification ? Comment questionner cette « distinction » ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous commencerons par montrer que cette distinction est le produit d'une histoire sociale, et qu'il convient pour la comprendre, de la recontextualiser. Ensuite, nous définirons avec le plus de précision possible, ces deux domaines, avant de voir leurs zones de contact, et la redéfinition qu'ils opèrent aujourd'hui dans le cinéma traditionnel.
[...] Définition du cinéma commercial et du cinéma d'auteur : A. Structure chiasmatique B. Disproportion C. Rôle de la télévision III. Zone de contact cinéma commercial/cinéma d'auteur : A. Stratégie commerciale et logique auteuriste B. [...]
[...] Par ailleurs, le cinéma d'auteur s'oppose dans les esprits au cinéma commercial, mais il est rare de ne pas trouver dans un film la moindre dimension commerciale. Tout film doit avoir un marché, donc des ambitions financières, du moins en terme de rentabilisation. C'est pourquoi même une maison de production comme les Films du Losange, qui ne se lance pas dans des aventures financières de grande ampleur et qui possède un catalogue de titres devenus classiques, aurait fait faillite depuis longtemps si les œuvres de Rohmer n'avaient pas eu autant de spectateurs. [...]
[...] Du côté des producteurs, la logique commerciale n'exclut pas la logique auteuriste. Pensons à la Gaumont, productrice des plus gros succès du cinéma, qui se lance dans le haut de gamme, avec à sa tête à partir de 1978, Daniel Toscan du Plantier. Chacune de nos productions se donne pour but d'exister dans la liste des chefs-d'œuvre de l'esprit humain, capables d'émouvoir d'un extrême à l'autre de la planète ; c'est en ces termes que le producteur précise ses ambitions, alors que d'autres producteurs oeuvrant pour la même firme se chargent de projets plus commerciaux. [...]
[...] Il n'y a pas d'œuvres, il n'y a que des auteurs disait Giraudoux. Tous les peintres, tous les écrivains sont reconnus comme auteurs de leurs œuvres, et la banalisation de la notion de film d'auteur ouvre de nouveaux horizons dans la définition du film en tant qu'œuvre d'art. Bibliographie Histoire sociale du cinéma français, Yann Darré. Plan I. Distinction produit d'une histoire sociale : A. Emergence notion d'auteur B. Distinction inopérante dans les années 30 C. Tout film est commercial II. [...]
[...] Les films qui sortent dans de très grands circuits se multiplient, et sont lancés avec de tels moyens qu'ils ne laissent rien exister à côté d'eux. D'après ce qui précède, cinéma d'auteur et cinéma commercial semblent se dresser l'un contre l'autre, dans un clivage irréductible. Pourtant, les catégories montrent une certaine perméabilité, et l'un n'exclut pas forcément l'autre. Par ailleurs, la conception auteuriste imprègne tout le discours cinématographique, et la distinction cinéma d'auteur/cinéma commercial demande aujourd'hui à être fondue dans une redéfinition plus large du cinéma. [...]
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