« Il me demanda de venir dans sa cabine et me lut le câble. On m'annonçait que l'accès aux Etats-Unis m'était interdit et qu'avant de pouvoir y retourner, je devrais comparaître devant une commission d'enquête du service d'immigration pour répondre à des accusations d'ordre politique et moral» (My autobiography, Chaplin). Si l'exil désigne « l'expulsion de quelqu'un hors de sa patrie », le fait que Charlie Chaplin, citoyen anglais aux origines mal élucidées, en ait fait l'expérience de manière constante apparaît comme une évidence. C'est précisément cet exil d'une vie entière qui lui a insufflé la force de faire des chefs-d'oeuvre métaphorisant la société d'une manière burlesque et distanciée (il aimait d'ailleurs à dire qu'« il est sain de rire des choses les plus sinistres de la vie, et même de rire de la mort »). L'homme Chaplin est donc indissociable de l'exil. Or est-il permis de considérer que Chaplin auteur et réalisateur s'est attaché à faire apparaître, par le biais du personnage de Charlot, une figure représentative de celui-ci ? Chaplin, humaniste, Charlot, vagabond, présentent d'évidentes similitudes ... Or ce mimétisme entre la personne et le personnage n'est assurément pas un hasard. Mais qu'en est-il véritablement de l'exil ? Charlot est-il un « exilé » dans ses films, à la manière de Chaplin dans la vie ? La personne même de Chaplin, citoyen et cinéaste, doit nécessairement faire l'objet d'analyses plus approfondies et ce tout particulièrement au regard de la figure de Charlot, avant de pouvoir véritablement prendre parti sur le symbolisme que peut revêtir Charlot en matière d'exil.
[...] Lorsqu'ils arrivent à New York, ils se séparent, mais Charlot finit par retrouver la jeune fille, seule, comme lui, les deux étant en situation d'échec. Évidemment, l'histoire est présentée sous forme comique même si le fond est grave : Chaplin mêle le rire au draine. Ce drame est celui de millions d'émigrants démunis, venus (comme il le fit lui même) de la vieille Europe pour trouver la réussite, prémisses d'un mythe naissant, celui de l'American dream. Malgré toutes les situations burlesques, le film est traversé par de multiples messages ; quand ils arrivent devant la statue de la liberté, tous les émigrants se font ligoter par les douaniers,symbole très révélateur de ce que peut être en réalité le pays de la liberté Tout le film est fondé sur l'ambiguïté, la fausse apparence. [...]
[...] De là à l'accuser de communiste, il n'y a qu'un pas que les autorités américaines n'hésiteront pas à franchir durant les temps de la chasse aux sorcières. Anticipant les enquêtes de la Commission des activités anti-américaines, la presse fait le procès de Chaplin, doutant de sa loyauté envers son pays d'adoption. Au moment où sort le film Les feux de la rampe aux Etats-Unis, en 1952, Chaplin est avec sa famille sur le paquebot qui le conduit en Angleterre lorsqu'un câble l'avertit que l'attorney général a annulé son visa de retour aux Etats- Unis . [...]
[...] Une fois de plus, il n'est pas chez lui en Amérique (les slogans tels que Expulsez l'étranger fusent à son encontre) et est contraint de retourner en Angleterre dans un premier temps pour rejoindre la Suisse par la suite . Chaplin est bien cet homme de l'exil, contraint de refuser toute sédentarisation. Lui qui déclarait: Je suis un internationaliste, pas un nationaliste, et je ne changerai pas de nationalité ou encore C'est plutôt dictatorial de me dire de quelle manière je devrais appliquer mon patriotisme.Je suis patriote j'ai été patriote de la même manière et je l'ai montré . [...]
[...] Le personnage de Charlot n'est-il pas lui même subversif ? Il le sera de plus en plus. Après avoir, avec une ironie cinglante, dénoncé les faiseurs de guerre dans Charlot Soldat, il récidive avec son dernier film pour la First National, en fustigeant la bondieuserie américaine dans Le pèlerin. Charlot est quant à lui une sorte de vagabond dont le chapeau melon, la canne, les grandes chaussures, le pantalon tombant et trop large, les cheveux frisés et la petite moustache sont devenus un symbole de l'art cinématographique . [...]
[...] Mais qu'en est-il véritablement de l'exil ? Charlot est-il un exilé dans ses films, à la manière de Chaplin dans la vie ? La personne même de Chaplin, citoyen et cinéaste, doit nécessairement faire l'objet d'analyses plus approfondies, et ce, tout particulièrement au regard de la figure de Charlot, avant de pouvoir véritablement prendre parti sur le symbolisme que peut revêtir Charlot en matière d'exil. Sir Spencer dit Charlie Chaplin est né le 16 avril 1889 à Walworth, quartier pauvre de Londres; un mystère plane toutefois sur ses origines dans la mesure où il n'existerait aucun acte de naissance . [...]
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