Dès le début du film on remarque aisément le fossé qui sépare les deux protagonistes. Sophie, la future « bonne », et Mme Lelièvre. Mme Lelièvre nous apparait comme une femme de simple bourgeoisie dont les signes extérieurs et intérieurs sont visibles : façon de s'habiller, tics de langage, intonation un peu hautaine, une froideur que l'on pourrait classifier de bourgeoise dans le sens où elle est l'employeur et Sophie une simple domestique.
Cette dernière semble aux premiers abords une femme issue d'un milieu modeste, elle est vêtue simplement sans signes apparents de richesse, se laisse facilement effacer derrière les paroles de Mme Lelièvre. Elle semble introvertie. Dans l'épisode du café, la notion de l'argent est rapidement évoquée comme s'il s'agissait d'un sujet de conversation embarrassant voire tabou.
[...] Elle ne prend pas facilement parti et répond souvent par je sais pas où des réponses indirectes. Elle est analphabète, mais le cache soigneusement, car elle en a honte. Elle essaie en vain de pallier à ce manque par des ouvrages d'apprentissage pour enfants et utilise plusieurs subterfuges afin de ne pas se faire démasquer. Même si elle paraît un peu particulière (paroles de la fille) elle n'est pour autant pas moins intelligente, bien au contraire. Cependant, elle est facilement influençable, et se laisse entrainer par Jeanne, la Postière. [...]
[...] Cette dernière semble aux premiers abords une femme issue d'un milieu modeste, elle est vêtue simplement sans signes apparents de richesse, se laisse facilement effacer derrière les paroles de Mme Lelièvre. Elle semble introvertie. Dans l'épisode du café, la notion de l'argent est rapidement évoquée comme s'il s'agissait d'un sujet de conversation embarrassant, voire tabou. Les rapports entre Sophie et le reste de la famille restent purement professionnels bien que M. Lelièvre lui prenne rendez-vous pour un ophtalmologue. Il la désignera lui-même comme une bonne ou une boniche à plusieurs reprises. [...]
[...] La fin du film est alors évidente. Ce que Marx qualifiera de révolte des prolétaires, Chabrol la dessine par une mise en scène spéciale. Il signe l'arrêt de mort des Lelièvre par un unique plan d'une vue générale du grand salon où les Lelièvre suivent un opéra de Mozart en Famille à la télévision tandis qu'au-dessus d'eux, sur un petit balcon, Sophie et Jeanne les regardent. La série de meurtre qui s'en suit paraît la seule échappatoire logique pour Sophie, oppressée entre ces deux mondes. [...]
[...] Au plan sociologique, il est intéressant de s'intéresser au réalisateur, Claude Chabrol. Il signe pour la plupart de ses réalisations des œuvres noires et réalistes. Il marque cette dure réalité du fossé entre deux mondes différents, celui de Sophie s'opposant à celui des Lelièvre. Ceci on le remarque dès les premières scènes du film, au café par exemple. En effet, Mme Lelièvre attend Sophie et ne se donne même pas la peine de se lever pour la saluer. Une situation de rapports de force s'installe et s'inverse par le simple fait que ce soit Sophie qui attende Mme Lelièvre sur les quais de gare. [...]
[...] Il nous évoque l'autorité patriarcale. Ses enfants sont eux-mêmes à l'image de ce que sont leurs parents. La fille semble être honnête, bien éduquée et montre même de la sympathie pour Sophie et la défend à plusieurs reprises quand son père la traite de boniche Elle est en quelque sorte le lien entre ces deux mondes, mais on remarque aisément son penchant pour la bourgeoisie. En l'espèce, dans le passage où la 2Cv de Jeanne est en panne et que la fille la répare, lui demande un torchon pour s'essuyer et le lui redonne sale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture