Le registre burlesque (de l'italien burlesco, venant de burla, « farce, plaisanterie ») est un « art du décalage qui consiste à adopter un ton grotesque pour une situation dramatique ou l'inverse » (Larousse). Comme la comédie, le burlesque cherche à amuser le public, à déclencher le rire ou le sourire, mais il s'en distingue par des effets comiques inattendus et fulgurants (gags) qui font entrer le spectateur dans un univers absurde et chaotique. Venant d'une tradition populaire tirée du cirque et de la pantomime, le burlesque est apparu dès le début du cinématographe (« L'arroseur arrosé », de Lumière). Ce genre est typique à l'ère muette des années 1910 à 1930 mais certains films d'autres réalisateurs, comme Tati ou Pierre Richard, peuvent être caractérisés comme burlesques. S'exprimer sur le burlesque, en général, dans l'histoire du cinéma serait difficile voir impossible ou engendrerait une définition trop « floue » de celui-ci. C'est pourquoi, seules certaines œuvres burlesques de deux des « grands » du burlesque seront étudiées : celles de Charlie Chaplin et Buster Keaton. En quoi certains aspects du burlesque de Chaplin et de Keaton sont-ils significatifs et se démarquent ils dans le cinéma muet (burlesque) ? Quel sont les rôles esthétiques, sociaux et politiques du burlesque ? Quelles divergences existent entre le burlesque de Keaton et celui de Chaplin ? Après avoir analysé les convergences des aspects et des rôles du burlesque de ces deux auteurs dans la cinéma muet, nous analyserons plus précisément les divergences de ces deux auteurs.
[...] Dans Our Hospitality de Buster Keaton, une mule contraint une locomotive à s'immobiliser. Au lieu de chasser l'animal, les occupants de la locomotive tassent le rail pour laisser passer les wagons. Dans Les Temps modernes Charlot tombe dans l'engrenage complexe d'une machinerie et en ressort totalement indemne. D'où l'importance de l'imagination dans les films burlesques, et comme le dira Chaplin lui-même : Ce n'est pas la réalité qui compte dans un film mais ce que l'imagination peut en faire Mais c'est paradoxalement à l'aide de cette irréalité que les auteurs analyseront et critiqueront le réel. [...]
[...] Mise en scène, vision du monde et conscience esthétique: Buster Keaton (1973), Collection «Cinéma Club», Paris, Éditions Seghers MARS, François. Le gag (1964), Paris, Éditions du cerf. REVAULT D'ALLONNES, Fabrice. «Proximité du burlesque» dans CinémAction, 82, 1er trimestre, 1997. [...]
[...] C'est ici que le burlesque de Keaton diffère de celui de Charlie Chaplin. Keaton est l'Homme face à l'adversité du monde, face à la nature, conscient des enjeux vitaux et contraint aux limites universelles. Simple amateur, le hasard le guide toujours, et dans la plupart des actions de son univers. Dans Le Mécano de la Générale à nouveau, il est menacé par son propre boulet de canon à deux reprises (lorsqu'il est sur la locomotive, et ensuite lorsqu'il tire en l'air sans le faire exprès). [...]
[...] Après l'avènement du cinéma parlant, le cinéma muet a difficilement résisté. Seul Charlie Chaplin a continué, de par sa notoriété, à créer des films burlesques (et même muets, comme Les Temps modernes dix ans après le cinéma parlant). D'autres auteurs comme Jacques Tati ont fait avancer le burlesque jusqu'à notre époque, où certaines scènes de films de Woody Allen peuvent encore être considérées comme burlesques. Filmographie Chaplin - Le Kid Charlie Chaplin - Les Temps modernes Charlie Chaplin - Le cirque Charlie Chaplin - La ruée vers l'or Charlie Chaplin Keaton - Mécano de la générale Buster Keaton - Our Hospitality Buster Keaton - Cadet d'eau douce Buster Keaton et Charles Reisner - Sherlock Junior Buster Keaton Bibliographie BAZIN, André et Éric ROHMER. [...]
[...] La locomotive démarre, et emporte Johnnie dans des cercles sans que lui ne bouge II/ Divergences entre Keaton et Chaplin De nombreuses divergences existent entre les films burlesques de Buster Keaton et ceux de Charlie Chaplin. Tout d'abord, les objets ont tendance, dans l'univers de Buster Keaton, à ne faire qu'un avec le personnage (les locomotives dans le Le Mécano de la Générale ou encore la moto dans Sherlock Junior par exemple). En prenant corps avec Keaton, ils répondent instinctivement aux besoins de ce dernier. La matérialité englobant Keaton forme donc un tout. [...]
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