La censure. De manière générale, on pourrait presque dire qu'elle est devenue
un fait culturel en Iran. Selon Hormuz Kéy1 , cette pratique y est présente depuis la nuit
des temps, plus précisément depuis l'invasion de la Perse par les Arabes, qui firent
tomber les Sassanides en l'an 637. Pour assurer leur domination et implanter l'islam
dans cette contrée, les Arabes venus de l'ouest brûlèrent les livres (tout ce qui est
nécessaire de savoir se trouve dans le Coran) et bâillonnèrent les poètes, les
intellectuels et autres opposants. C'est, toujours selon l'auteur, dans cet étouffement
de la culture extrêmement riche de la Perse d'alors que trouve sa source cette “tradition”
de censure qui caractérise si bien l'Iran contemporain. Avec le temps, cet état de
choses a fait naître un réflexe d'autocensure chez les créateurs et chez la population en
général. Un comportement qui est loin de ne comporter que des aspects négatifs pour
ce qui nous intéresse, puisqu'il est à l'origine de l'une des plus poétiques et des plus
intéressantes écritures cinématographiques d'aujourd'hui.
[...] Certains de ces cinéastes furent déçus par la tournure que prit la révolution et d'autres étaient partisans de la monarchie déchue, tel Parviz SAYAD. Son film La mission est le plus célèbre de ces films “d'exilés” Un militant islamiste est en mission aux États-Unis pour assassiner un opposant. Remettant en question la légitimité de son acte, il abandonne et c'est finalement lui qui est tué par un autre agent du régime. On assiste ici à une réflexion sur les objectifs et les modalités de la révolution ainsi que sur le sort réservé à ceux qui doutent ou qui s'opposent. [...]
[...] Dès 1980, en raison d'une censure impitoyable (une des causes du dégoût et de la déception ressentis par les Iraniens au lendemain de la révolution), certains cinéastes, héritiers d'une culture faite d'imagerie, de contes (on n'a qu'à penser aux Mille et une nuits) et de symboles très forts, commencent à créer un langage qui contourne les interdits et s'inspirent de la réalité quotidienne pour énoncer leurs opinions, souvent dérengeantes. Leurs films sont caractérisés par leur fraîcheur, leur simplicité, la poésie et l'impression d'innocence qu'ils dégagent. Mais ce ne berne pas longtemps les autorités qui n'hésitent pas à censurer nombre de ces œuvres. [...]
[...] Hossein, l'homme à tout faire, doit le remplacer. Or, la comédienne s'y objecte car Hossein lui fait des avances depuis longtemps. Le spectateur assiste à la naissance d'une histoire d'amour. La fin reste sans réponse car nul moyen de savoir si la jeune fille répondra aux avances de Hossein. Il en appelle à l'imagination du spectateur Palme d'Or à Cannes (enfin?) pour Le goût de la cerise. Un homme d'une cinquantaine d'années s'interroge sur la vie et la mort; il veut mettre fin à ses jours. [...]
[...] Sur le chemin, un chien errant lui bloque le passage. L'enfant, cherchant la protection d'un adulte, suit un vieillard, mais celui-ci emprunte une autre route. Il décide finalement d'amadouer le chien avec un bout de pain. L'animal, reconnaissant, accompagne le gamin jusqu'à chez lui, où, laissé sur le pas de la porte, il attend sa prochaine victime. Dans ce court-métrage de 10 minutes, la bande sonore est travaillée de façon à installer un silence dans les temps “d'attente”, tandis que les temps forts, où l'enfant doit prendre une décision par exemple, sont illustrés par des thèmes musicaux distincts. [...]
[...] Five est composé de cinq volets, qui ont tous un point commun: l'eau. Le film est en effet un “bain de Jouvence” pour Abbas Kiarostami, maintenant âgé de 64 ans. C'est une sorte d'évasion poétique mystérieuse. Five, par sa grande épuration, est dédié au cinéaste japonais Yasujiro Ozu, dont le travail est caractérisé par une quasi-absence de mouvements dans le plan. Cannes Ten on ten est présenté en Sélection officielle, section Un certain regard. Dans son tout dernier film, Kiarostami explique sa conception de l'être humain comme matériau principal du cinéma. [...]
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