Nous allons étudier le film Babel réalisé par le mexicain Alejandro Gonzalez Iñárritu, en 2006. Nous verrons dans quelle(s) mesure(s) ce film évoque le thème de l'exil. Ainsi, dans un premier temps, nous présenterons le réalisateur et le film, puis nous analyserons la mise en scène (la bande image et la bande son), et enfin, nous étudierons l'incommunicabilité, l'incompréhension entre les personnages, ainsi que les barrières qui les éloignent et les marginalisent.
[...] Ce cinéaste mexicain de la douleur signe avec Babel, le dernier volet d'une trilogie constituée par 21 grammes et Amours chiennes. Ces trois films dont le scénariste est Guillermo Arriaga - sont construits de la même façon (destins entremêlés notamment), et aborde le thème de la souffrance. En effet, Babel évoque le destin dramatique de personnes vivant aux quatre coins du monde, destins qui vont peu à peu s'entremêler, s'imbriquer, suite à un coup de feu qui va bouleverser la vie de chacun. [...]
[...] Susan va-t-elle s'en sortir ? Qu'est devenu le neveu d'Amélia ? Comment vont les enfants ? A ce moment-là, le futur de ces personnages laisse libre cours à l'imagination du spectateur, qui entre alors dans un autre espace et dans une autre temporalité (l'imagination), qui s'éloignerait du support cinématographique lui-même, du film ; de ce qui lui est donné à voir et à entendre. L'incommunicabilité, et le rapport avec l'Autre Le titre du film - Babel, qui signifierait la porte de Dieu, ou la cité de Dieu - est révélateur du thème biblique qu'Iñárritu explore de manière moderne, actualisée, pour parler de cette incommunicabilité entre les hommes et des barrières qui les divisent. [...]
[...] En effet, elle est très présente tout au long du film. Excepté pour les Etats-Unis, il y a une musique typique, représentative de chaque pays (ex : 26'56'', 30'54'', 41'15''). Cependant, un instrument de musique est récurrent, et dominant dans le film. Il s'agit de l'oud, parfois appelé luth oriental, qui est un instrument de musique à cordes pincées, originaire de Babylonie. Les égyptiens l'ont beaucoup utilisé, et des instruments similaires se trouvent dans d'autres civilisations ; par exemple, le p'i-p'a sous les dynasties chinoises des Tang (618-907), et des Wei du Nord (386-534), ou encore le vinâ sous l'empire hindou (2000 ans avant J-C). [...]
[...] Or, ici, elles sont toutes liées autour d'un coup de feu, d'un fusil, ce qui implique une convergence narrative. D'autre part, chaque segment géographique a lieu au même moment, simultanément, et il y a donc chaque fois une sorte de redoublement du temps. La narration tente de créer une temporalité universelle prenant en compte le décalage horaire entre les différents pays ; il s'agit d'un continuum temporel fragmenté par des lieux. Ce décalage horaire est réellement perceptible à la fin du film, lorsque Richard appelle ses enfants (2h07'13''). [...]
[...] Ainsi, l'oud a voyagé dans plusieurs pays ; au Moyen-Orient, en Asie, en Europe. Il faut préciser que cet instrument arabe est l'ancêtre de la guitare espagnole, et qu'il rappelle également le koto japonais. Son choix n'est donc pas anodin, et a un rapport avec la narration puisqu'il lie les personnages et les lieux entre eux, étant donné qu'il est présent à différents moments, et dans chacun des pays (ex : 2h01'44'', 17'19''). Ainsi, nous avons d'une part, des musiques et chants présents uniquement dans le pays respectif, et représentatifs de celui-ci - tels que la musique mexicaine (langue espagnole) impliquant une forme de singularité, de particularité, et donc une forme d'exil, et d'isolement en quelque sorte. [...]
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