Il y a de multiples façons de parler de soi, de se filmer, de se raconter. Peut-être pourrait-on même imaginer qu'il en existe une par personne. En effet, l'autobiographie pose de nombreuses questions : celle de la vérité, de l'objectivité, de la mémoire, de l'enfance, questions hautement philosophiques qui, par ailleurs, dépassent de fait le cadre pur du cinéma. Où commence l'autobiographie, où se termine-t-elle ?
[...] Au regard rétrospectif se substitue ici le regard du réalisateur introspectif. Moretti ne regarde pas en arrière, il regarde aujourd'hui et maintenant. Ainsi, entre les mémoires et le journal intime, le rapport au temps est éminemment différent. Dans Caro Diario, en effet, Nanni Moretti se raconte presque au jour le jour, ou du moins reconstitue un passé très récent. Nous sommes très clairement dans un journal, avec des notes grappillées par-ci par-là, et une voix off qui nous éclaire sur tel ou tel événement, ou donne son avis. [...]
[...] Enfin, Woody Allen dans Radio Days, ou Pedro Almodovar, dans la Mauvaise éducation, ne prétendent rien du tout. Nous ne pouvons savoir sans connaître la vie des auteurs, si le film est autobiographique ou non. Nous avons devant nous tout d'abord une fiction totale, libre à nous d'y déceler les éléments autobiographiques ou non. Woody Allen utilise bien une voix off à la première personne, mais c'est un procédé courant même dans les films qui n'ont rien d'autobiographique (le Roman d'un tricheur, de Sacha Guitry, en est une preuve évidente.). [...]
[...] Dans ce cas, le cinéma ne serait plus vraiment du cinéma. En étudiant divers films, Fellini-Roma de Federico Fellini, Les Plages d'Agnès, d'Agnès Varda, Caro Diario et Palombella Rosa de Nanni Moretti, Radio Days, de Woody Allen, et La Mauvaise éducation, de Pedro Almodovar, nous tenterons de déterminer ce qui fait la complexité du genre autobiographique au cinéma. Nous essayerons donc de répondre à la problématique : quels choix narratifs et cinématographiques sont possibles pour se raconter et quelles conséquences amènent-elles : distance, ironie, critique, intimité ? [...]
[...] En analysant et en comparant les différents films autobiographiques cités, nous avons donc pu déceler les caractéristiques essentielles du genre : le traitement du temps et de la mémoire, la représentation de soi, le regard rétrospectif d'une part, et introspectif d'autre part, la présence de la mort Si les thèmes restent les mêmes, cependant, il est également clair que les moyens de se raconter et de se représenter varient sans fin d'un film à l'autre. Bibliographie indicative L'écriture du JE au cinéma, APEC / 1987 Je est un film; [suivi d'une ]Table ronde avec Alain Bergala, Nicole Brenez, Philippe Lejeune . [...]
[...] Le titre de Caro Diario nous pose immédiatement dans un postulat de base qui apparaît paradoxal, à cause du décalage qu'il peut y avoir entre la réalisation d'un film, destiné à être vu par des spectateurs et un Journal Intime, qui par définition, est normalement gardé pour soi. Où est vraiment l'intimité dans le cinéma ? Dans l'art en général ? Ainsi, de fait, Nanni Moretti ne choisit pas de faire réellement son journal intime, ce qui serait illusoire, impossible. Il décide de se raconter, d'essayer de se montrer sous un jour le plus vrai possible, quitte à jouer avec la réalité. Pour la première fois, il ne se cache pas derrière son alter ego, Michele Appicela, Moretti est Moretti. [...]
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