Midnight Express est un film de l'américain Alan Parker réalisé en 1978.
Malgré quelques entorses au roman écrit par William Hayes et une « surdramatisation » de la mise en scène (terme employé par le scénariste Oliver Stone, lorsque celui-ci, en visite à Istanbul en 2004, présentera ses excuses à la Turquie pour l'image négative des Turcs qu'il avait construite dans le scénario) le film se base sur l'histoire véritable de Williams Hayes, arrêté à Istanbul en 1970 et emprisonné pendant cinq ans pour trafic de drogue.
Le film met donc en scène le jeune américain William Hayes, incarné par Brad Davis en vacances à Istanbul avec sa petite amie Susan interprétée par Irène Miracle. A la fin de leur séjour, le jeune homme se fait arrêter par les autorités locales pour avoir tenté de rentrer sur le sol américain avec deux kilos de haschich dissimulés sous sa chemise. Commence pour lui un véritable enfer entre la prison de Sağmalcılar de Istanbul et les procès kafkaïens qui se succéderont avant qu'il ne réussisse à s'évader, cinq ans après son arrestation.
La séquence choisie correspond aux dix premières minutes du film, moment où William Hayes se prépare à prendre l'avion et se fait arrêter à l'aéroport sous le regard impuissant de son amie. Ce qui est le plus intéressant dans cette séquence, et qui sera le fil d'Ariane de l'analyse est la mise en scène de l'anxiété et du stress de Williams Hayes. Il sera aussi intéressant de voir comment Alan Parker développe le suspense dans cette séquence : alors que le spectateur sait que le protagoniste ne s'en sortira pas (car sinon, il n'y a plus de film), il s'identifie toute fois au personnage de Brad Davis en espérant que celui-ci passera entre les doigts de la police locale. Nous verrons donc comment la sueur qui coule le long des tempes de Williams Hayes parvient à couler sur les tempes du spectateur.
[...] Commence alors une série de champs-contre-champs, où le spectateur sera tantôt complice : la caméra en contre-plongée (telle une caméra cachée), en gros plan sur le visage du policier, ou en plan moyen sur les deux personnages ; tantôt en gros plan à hauteur de l'épaule du policier afin d'être témoin de la panique progressive de William, et ainsi s'y identifier. En fond sonore, la scène débute avec un son sourd et plutôt aigu qui ressemble au bruit d'un ventilateur ou de réacteur d'avion. [...]
[...] Un voilage au milieu du cadre cache le second plan de l'image. Encore une fois la notion d'enfermement est évoquée puisque la vue est cachée, bouchée par le voilage. Étant donné que les plans suivants présentent les préparatifs de William (emballage des plaques de haschich et fixation de ces dernières sur son ventre) ce plan très sombre, avec le voilage évoque aussi le secret : William se cache derrière ce voile opaque et le spectateur est complice. Le montage alterne ensuite plusieurs inserts et des gros plans : des mains qui découpent du ruban adhésif médical, des mains emballant des plaquettes de haschich dans du papier d'aluminium, les plaques collées sur le flanc d'un homme. [...]
[...] La caméra filme William de dos en plan poitrine. La tête basse, il s'apprête à monter dans l'avion quand soudain une main le rattrape par l'épaule. C'est la troisième fois que cela se produit dans cette séquence, et si les autres fois le héros s'en est tiré, ce ne sera pas le cas ici. En effet, à ce même moment la musique que l'on connait vient surprendre le spectateur, l'intensité du son étant plus forte que les précédentes, ce dernier sait que ce moment est important. [...]
[...] À ce même moment, les battements de cœur rapides se font entendre. Le champs-contre- champs est plus rapide (chaque plan dure deux secondes) et la caméra ne filme plus qu'en gros plans les têtes des deux personnages. Et le policier l'air détendu demande à William d'enlever ses lunettes. Ce dernier ne s'exécute pas à la première demande (car il ne comprend pas tout de suite), mais à la deuxième demande. Ce dernier retire donc son masque et l'on découvre son regard vitreux et son visage moite. [...]
[...] Cette saturation des plans, mais aussi sonores (le brouhaha de la foule et les chants arabes) évoque aussi une fois de plus l'enfermement, la chaleur et l'étouffement : nous sommes coincés avec le personnage de William. Mais nous sommes aussi cachés : en effet, ici William est un anonyme comme les autres, noyé dans la foule. Lorsque Susan est à côté de William remarque que celui-ci est tendu, celui-ci, pour se donner plus d'assurance, allume sa cigarette et affirme que les aéroports lui ont toujours fait cet effet. Elle ne sait donc rien de ce qui se trame. Nous sommes les seuls complices. Puis William panique, il parle vite et va aux toilettes de l'aéroport. [...]
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