Sorti en 1972 aux États-Unis, « Cabaret » n'est pas un film qui a marqué les mémoires. Pourtant récompensé par huit oscars, le seul nom du film qui resta célèbre fut celui de Liza Minnelli qui rejoua avec Martin Scorsese dans une autre comédie musicale « New York- New York ».
L'action se situe à Berlin en 1930. On assiste à la vie d'un cabaret à travers l'idylle de deux personnes, avec en sous-jacent la montée du nazisme.
La séquence à analyser est très délimitée dans le film. C'est une séquence close sur elle-même. Elle débute avec le générique et se termine à la fin de la présentation du cabaret quand le jeune étranger monte les escaliers pour sonner à la porte de Sally Bowles. La rupture entre les deux séquences est soulignée par le fondu des lumières, l'arrêt de la musique et le chevauchement du son. En effet, les applaudissements se terminent sur le début de la deuxième séquence, quand le personnage aperçu dans la première séquence sonne à la porte. La disparition du son du cabaret et la présence des sons diégétiques nous informent que nous retournons dans le temps du récit et que nous fermons la séquence d'ouverture du cabaret.
Cette scène d'ouverture m'a semblé dès la première vision présenter une grande originalité. Sans doute parce qu'elle ne se cache pas, elle se présente vraiment comme une scène d'ouverture de scène, de cabaret, certes mais l'illusion est troublante.
Il sera donc intéressant d'étudier dans cette séquence quel statut les numéros de cabaret ont dans le film, quel rôle joue ce lieu et la place du spectateur qui me semble particulière et importante dans le film.
[...] Quand les autres acteurs sont là, il est soit au premier plan, soit au milieu d'elle symétriquement, c'est-à-dire au centre. Il est chargé du déroulement des numéros de cabaret et c'est à lui seul que revient la charge de faire rire et de captiver le public. Il présente une double face, une ambivalence. D'un côté, il nous est sympathique parce qu'il est le seul personnage véritablement actif de la séquence et admettons, parce qu'il nous fait rire. Mais d'un autre côté, son maquillage, son rire et son regard nous le rendent effrayant. [...]
[...] Le maître de cérémonie parle anglais avec l'accent allemand : il prononce le anglais comme des allemands. Le film s'adresse d'ailleurs à des étrangers, "stranger". Ce qui permet au spectateur de cinéma de se sentir intégré au film et à son propos. Tout de suite, le film rejette la prétention historique. En aucune manière, le réalisateur cherche à réaliser une fresque historique. D'ailleurs la scène d'ouverture montre très peu de plans extérieurs. Seule la mention du début du film, la mention "Berlin, 1941" permet de situer l'action. [...]
[...] Ainsi quand le maître de cérémonie commence son sketch, c'est à nous et à nous seuls qui s'adresse. Il regarde la caméra et ce de manière directe et explicite. Son texte de bienvenue Wilkommen, Bienvenue, Welcome, nous est destiné. Dans le plan suivant, la caméra change d'axe et le personnage se retrouve de nouveau face à nous. A plusieurs reprises, le personnage du maître de cérémonie cherche la caméra pour s'adresser à elle, comme si elle était un spectateur à part entière. [...]
[...] Ainsi quand il annonce le programme du cabaret, il parle entre les jambes d'une cabaret girls, dans un angle où il est impossible qu'il y ait du public. Et il pointe avec sa canne droit dans l'objectif de la caméra. Nous sommes au premier rang du spectacle. A un autre moment, la caméra s'installe dans le public que nous voyons en contre- jour. Quand le numéro atteint son final, que les lumières s'allument, nous sommes en plan d'ensemble. Nous voyons la scène assis dans le public. [...]
[...] Il regarde la poitrine d'une fille, touche les fesses d'une autre. Il sous-entend au public que les filles se déshabilleront en fin de soirée. Et la blague qui fait rire le public porte sur la virginité des filles du cabaret. Les numéros font preuve d'une grande préparation, surtout vis-à-vis de la caméra. Tout est synchronisé, les filles entre elles et avec la caméra. Ainsi quand la caméra effectue un travelling latéral sur les danseuses qui tendent leur bras, il n'y a pas de retard. [...]
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