Ten est un documentaire réalisé par Abbas Kiarostami en 2002 en Iran. Nous allons étudier en quoi le réalisateur nous plonge dans un film situé à la frontière de la fiction et du documentaire, puis comment se met en place la mise en évidence des rapports entre les « personnages » et comment à travers ces « personnages » se mettent en place les questions sociologique et éthiques de l'indépendance et du regard.
[...] D'autres éléments qui renvoient à la spontanéité, ce sont les aléas qui surgissent : dans la séquence la sœur de la mère d'Amin se casse un ongle et les deux sœurs croisent un mendiant ; dans la séquence la mère d'Amin s'énerve contre un automobiliste comment tu peux passer si tu restes là ! Et ça te fait rire ? . Ici les émotions viennent de façon naturelle ce qui renvoie au procédé documentaire. Néanmoins, les actions des personnes, si elles ne sont pas jouées, sont néanmoins guidées par tout un processus de mise en situation par Kiarostami qui a décidé du trajet et qui reste à l'arrière de la voiture, pouvant leur donner des indications. [...]
[...] Les hommes aiment ça.[ ] On devrait leur plaire. C'est une faiblesse ! Ou la femme vue comme une femme au foyer soumise : lors du discours de la mère avec Amin dans la séquence celle-ci se moque un peu de l'exigence de son fils qui souhaiterait une mère au foyer toujours libre pour s'occuper de lui et lui faire à manger : c'est très bien que l'existence se résume au ventre D'ailleurs, il y a quelque chose de paradoxal, car, alors même qu'Amin reproche à sa mère de ne pas être une bonne mère en ce qui concerne la nourriture, tout le long du film, les actions de la mère d'Amin tournent beaucoup autour de la nourriture : elle lui demande sans cesse s'il veut une glace, elle va faire des courses, et par deux fois elle va à la boulangerie chercher un gâteau. [...]
[...] Ainsi, son et lumière semblent à la fois naturels et à la fois utilisés à des fins fictionnelles. Enfin la limite entre documentaire et fiction est mise en évidence à la fois par un rapport d'intimité avec les personnages (le dispositif des caméras nous intègre dans une proximité du vécu des personnages) dont on suit leurs problèmes singuliers, et en même temps, par un rapport de relativisation puisque les problèmes qui se posent recoupent des problèmes de société (la question du divorce et des recompositions familiales, la question de la croyance en dieu, la prostitution). [...]
[...] La mère veut parler du divorce à son fils qui refuse, de son côté, la communication. Il y a une certaine violence dans les propos tenus par l'un et l'autre : si Amin est agressif avec sa mère ( son ton méprisant : tu es conne elle recommence la mère est agressive avec le père ton père est maniaque, méfiant et superficiel L'enjeu dans le film étant l'acceptation par la mère d'Amin de se séparer de son fils, on remarque que cette séparation est peu à peu effective : dans la séquence 10, ils se disputent, mais continuent à parler ; dans la séquence la séparation se creuse plus dès le début, où le bruit du moteur couvre leurs paroles et les rend peu audibles (soulignant le fait qu'ils ne s'entendent pas) et où le fils est très distant et silencieux. [...]
[...] Aussi, en prenant la forme de séquences à compte à rebours de 10 à Kiarostami semble inverser le rapport à la fiction, puisque c'est à la fin que tout semble commencer, comme pour nier le rapport à une histoire qui ne commencerait réellement qu'à la fin. Enfin, il y a un retour à l'impression de fiction en ce qu'il préserve une alternance Jour/Nuit, répondant ainsi à une "exigence" scénaristique. Par ailleurs, l'éclairage et l'usage du son se situent également dans un rapport entre fiction et documentaire. En effet, la lumière n'est pas travaillée et l'on a souvent la présence de flairs dans l'objectif, des plans surexposés de jour et sous-exposés de nuit, ce qui renvoie à un aspect documentaire. [...]
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