Edward aux mains d'argent est le quatrième long-métrage de Tim Burton, réalisé après ses deux premiers grands succès, Beetlejuice et Batman. C'est peut-être l'un des films les plus personnels et intimistes de ce réalisateur. Ancien employé chez Disney, il n'y est pas resté très longtemps car il n'entrait pas dans le moule en proposant des dessins trop extravagants et anticonformistes pour la firme. Il a su créer tout au long de sa filmographie un univers fantastique, sombre et lyrique, ressuscitant le langage expressionniste.
Dès le pré-générique du film, Burton détourne le logo de la Twentieth Century Fox. Celui-ci se retrouve sous la neige, de nuit, et la musique habituelle est remplacée par des chœurs et un thème de Danny Elfman. C'est le premier moyen pour Tim Burton, qui se revendique d'emblée comme différent, d'apporter une touche toute personnelle à son film, en forme de petite entorse envers l'ordre établi représenté par les studios.
[...] Scène dont la mièvrerie apparente ne rend pas la fin moins sombre. En effet, ce personnage apparemment monstrueux, qui a enfin connu l'amour, doit y renoncer à cause de l'intolérance du monde dans lequel Kim vit, symbole d'une société américaine que Burton n'a eu de cesse de critiquer dans le film, et qu'il continuera de critiquer (dans Mars Attacks par exemple). Le langage expressionniste que Burton utilise abondamment dans de nombreux plans de ce film est donc prétexte à cet éloge de la différence, symbolisée par ce personnage monstrueux en apparence, et pourtant pur et innocent. [...]
[...] entre un univers expressionniste Le film raconte l'irruption d'Edward dans cette banlieue on ne peut plus conformiste. Il appartient à un monde qui, comme on l'a vu précédemment, fait clairement référence au cinéma expressionniste allemand, auquel le réalisateur voue un culte. Il rend ici hommage à travers ce personnage. Ce courant est vraisemblablement sa source d'inspiration majeure, avec le cinéma fantastique et le cinéma d'horreur qui en sont les descendants. On retrouve effectivement de nombreuses caractéristiques expressionnistes dans le personnage d'Edward, et dans le château où il vit avant d'être recueilli par Peg et sa famille, les seuls personnages du film issus de la banlieue qui sauront réellement l'accepter et l'aimer, et qui ne deviendront pas monstrueux Cela se traduit par une prise de contrôle artistique évidente de Burton sur l'agencement des décors, des ombres et des lumières qui créent une atmosphère étrange et inquiétante dans les plans du château et de son intérieur. [...]
[...] Le plafond est à une hauteur indéfinissable. Puis on découvre toutes sortes de machines étranges aux rouages immenses, empoussiérées et pleines de toiles d'araignées, comme autant de clins d'œil à ces films de science-fiction et de monstre tels que Frankenstein. On retrouvera vers le milieu du film ces machines en action, de façon beaucoup moins inquiétante puisqu'on découvre qu'il s'agit en fait d'un dispositif inventé par le créateur d'Edward pour fabriquer des gâteaux sablés. Cette scène, où Burton instille une certaine poésie, explique la genèse d'Edward, puisque c'est en tenant un sablé en forme de cœur devant une machine à la silhouette humaine qu'on comprend que le vieil homme va décider d'insuffler la vie à une créature et de devenir son père. [...]
[...] Un travail d'oppositions formelles et symboliques Tout d'abord, on peut remarquer l'opposition formelle flagrante que réalise Burton entre ces deux mondes. Elle en est même quasiment absurde, puisqu'on nous montre une banlieue colorée, inondée de lumière, où toutes les maisons sont identiques et peintes dans des tons pastel. Tout y est symétrique, propre, ordonné. Et au bout de la rue se trouve une colline sur laquelle est perché un manoir gothique, qui semble être hanté et jure avec cet environnement ultra coloré. [...]
[...] Le caractère conformiste des habitants qui la peuplent se retrouve dans de nombreux éléments. En effet, les maisons sont toutes les mêmes, unicolores et peintes dans des tons pastels jaune, rose ou bleu. D'ailleurs, ces couleurs sont les mêmes que celles des voitures, que tous les pères de famille empruntent au même moment le matin, se suivant dans la rue pour partir au travail, comme on le voit dans le plan ci-dessous. L'entretien des pelouses est bien sûr impeccable, tout comme l'intérieur des maisons. [...]
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