April Snow est le troisième long métrage du réalisateur coréen Jin-Ho HUR, un des pionniers de la nouvelle vague coréenne appelée Hallyu. Le titre original est Oechul signifiant « entrer et sortir » et n'a pas pu être traduit dans les autres langues. En effet, ce titre coréen rend tous les sentiments explorés dans le film, on sort de quelque chose en laquelle on croyait, on avait confiance pour entrer dans quelque chose de nouveau. Les personnages ne feront qu'entrer et sortir d'un état physique, d'une ville, de lieux différents tout le long du film. Pour la distribution internationale du film, Jin-Ho HUR a du choisir le titre April Snow (Neige d'Avril) correspondant à la tonalité générale.
[...] Les deux nouveaux amants sont hors temps et leur relation n'est rendue possible que par le coma de leurs conjoints respectifs. C'est seulement hors de la présence des conjoints que cet amour devient possible et c'est d'ailleurs dans un hôtel autre que celui dans lequel ils se sont installés près de l'hôpital qu'ils vivront pleinement cet amour. A la cruauté de la situation se mêlent alors poésie et douleur. C'est l'amour dans la trahison, la vie dans la mort, la pudeur et la beauté dans la cruauté et la laideur. [...]
[...] Ce film est remarquable pour son lyrisme. Ici le dialogue est peu présent mais simple et profond. Le talent de Jin-Ho HUR est de faire passer les émotions, les sentiments, les passions implicitement. Dans son film, le réalisateur prend le temps de faire naître chaque sentiment ce qui peut parfois rendre le film un peu lent. Mais cette lenteur est nécessaire. Il crée une bulle, intime, où l'absence et la trahison ont brisé les certitudes, ont fait disparaître les repères. [...]
[...] Par une interprétation subtile consistant à être au plus proche des émotions réelles Jin-Ho HUR permet une identification progressive aux personnages. La lenteur du film peut d'ailleurs s'expliquer par le fait que le spectateur doit pouvoir pénétrer doucement dans le monde des personnages pour les comprendre au mieux. Une fois lui aussi entré dans cet endroit intime, il peut à son tour comprendre In-Su et Seo-Young uniquement par leurs gestes et leurs regards. Cette communion avec les états d'âme des personnages rend le film émotionnellement fort. [...]
[...] Enfin, la dernière scène donne tout son sens au film. Alors que la relation extraconjugale de In-Su était hors du temps, celui-ci, après le réveil de sa femme, reprend sa vie d'avant. Les deux personnages sont alors séparés, ils continuent leur chemin chacun de leur côté et ces flocons tombant devant leurs yeux semblent les rapprocher une dernière fois. In-Su regarde la neige et sourit, Seo-Young s'installe près de sa fenêtre pour admirer ce spectacle. Leur regard nous indique qu'un ultime moment de complicité les réunit bien que la distance les sépare, ce qui nous semble d'ailleurs confirmer par le plan des fleurs du printemps (saison préférée de Seo-Young) recouvertes de neige (l'hiver étant celle que préfère In-Su). [...]
[...] C'est ce qui fait la caractéristique du film et peut-être ce qui gêne aussi. On peut voir la retenue comme une force du film ou bien ressentir une certaine frustration face à cette passion contenue. On peut reconnaître à Jin-Ho HUR une parfaite maîtrise de la suggestion aussi bien de la vie intérieure de In-Su et Seo-Young avec ce pot de plantes qui poussent au fur et à mesure, témoin du temps qui passe et de l'amour qui grandit, ainsi que de la relation des deux amants comateux. [...]
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